Partie 43

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Partie dédiée à La douce fleur
Aïcha_Ndiaye
bettymineur
Fatou Mafall Thiam
Xenaview
Serre Galass
Dabacrominette
Antara 95
Habiba-ti
la togoleese
Aïta Thiam

***



Le lendemain de cette violente dispute, on était samedi, je me suis levée aux aurores. Je n’avais pas dormi de la nuit.

Et jusqu’à 10h, je n’avais pas vu l’ombre de Malick et la bonne m'a dit qu'elle ne l'avait pas vu depuis le réveil. Je risquais un coup d’œil dans sa chambre et constatais qu'il n'y avait pas passé la nuit.

Un peu plus tard, je reçus une visite inattendue, inopinée. C’est la nounou qui vint me dire :

-Rokhaya, il y a une certaine Rose qui te demande.

Rose !?

Heureusement que Malick n’était pas là. Il serait capable de croire que c’est moi qui les ai invité et ça ne fera qu’empirer les choses entre nous.

Je sors et vois Rose, trois ans après mais aussi Anita, ma petite Anita.

Elle avait tellement grandi mon Dieu. Et la voir me mit les larmes aux yeux.

Elle resta timide un court instant, comme si elle jaugeait ma réaction avant de se jeter dans mes bras.

Qu’elle m’avait manqué ma fille.

Rose nous rejoignit et on se serrait toutes les trois dans les bras.


-Rokhaya, jamais je n’aurai cru qu’on se reverrait un jour mon Dieu, me dit Rose.

-Rose, moi non plus je n’avais plus espoir. Comment tu vas ? Et toi ma petite Anita ? Mon Dieu tu es une femme maintenant.

Elle était devenue timide, introvertie et trop calme à mon goût. Mais bon sang qu’elle avait grandi. Quand son papa est parti, elle avait neuf ans je pense.

Elle se contentant tout juste de sourire avant d’aller se mettre à côté de Rose et de me fixer bizarrement.

-qu’est ce qu’elle a ? Demandais-je

-tu sais quand Seb est…

Elle s’arrêta, la regarda avant de continuer

-elle te réclamait et maman lui a fait croire que tu étais morte aussi. Elle a souffert avec ça. Et depuis, elle a changé. Elle parle peu, à l’école elle ne travaille plus et à la maison, elle s’enferme. Tu sais quand maman et Angèle sont venues chez toi, je n’étais pas à la maison et quand j’ai su, je suis venue chez toi, ta mère m’a jeté dehors. Ce qui se comprenait mais après, j’ai su que tu avais disparu. Je t’ai alors appelé mais je n’arrivais pas à te joindre. Rokhaya, je suis vraiment désolée pour tout ce que ma famille t’a fait subir. Séba n'aurait jamais voulu ça, j'en suis certaine.

-ne t’inquiète pas, c’est de l’histoire ancienne. Dis moi, tu deviens quoi ?

-je tenais à te voir avant de partir. Tu sais, la vie n’est plus ce qu’elle était depuis que mon frère est parti. Maman ne l’accepte pas et tient tout le monde pour responsable, pas seulement toi. Même jules, qui a fait une dépression après sa sortie du coma, fais les frais de maman.

Elle s'arrêta un moment avant de continuer :

-je suis fiancée et je vais rejoindre mon fiancé qui travaille au Gabon et j’amène Anita avec moi. Elle voulait vraiment te voir, c’est pourquoi j’ai fait le tout pour te voir.

-Anita, viens ma chérie, fis-je en lui tendant la main.

Elle se leva et vint jusqu’à moi et me serra De nouveau très fort. Mes larmes coulèrent. J’avais pitié de cette petite mon Dieu parce que je sais à quel point elle était attachée à Séba et elle ne saura jamais tout le mensonge qu’est sa vie la pauvre. Et je trouve que c’est une bonne chose que Rose l’emmène avec elle parce qu’entre Angèle et sa grand mère, elle risque de finir comme elles, aigries et folles.

-tu veux voir mes enfants? J'ai des jumeaux ?

-tu as deux bébés ? demanda t-elle en souriant. Ils s’appellent comment ?

J’appelais la nounou pour qu’elle les amène.

-celui là s’appelle Babacar et lui c’est Cheikh.

Elle sourit lumineusement.

-je peux les prendre ? Comment tu réussis à les distinguer, c’est la même personne en fait. Ils sont beaux Rokhaya. Tata Rose, regarde, ils ressemblent à Papa, surtout celui là (en désignant Babacar).

Aaayyy gouné gui loumouy wakh ni tamit. Elle veut que Malick me tue khana.

Rose me regarda gênée.

J’appelais la nounou pour qu’elle amène les enfants avec Anita.

-tu sais Rose, j’ai porté l’enfant de Séba mais personne ne le sait, même lui ne l’a pas su. Alors, peut être qu’en te le disant, j’arriverai à me libérer un peu de ce poids.

-où est-il Rokhaya ? Comment se fait-il qu’il ne l’ai pas su ?

-je ne l’ai su moi-même que récemment. Après la mort de ton frère, j’ai fait une tentative de suicide et c’est là que je l’ai perdu. Avec le choc de sa mort, je n’ai pas su distinguer les signes de la grossesse. On me l’a caché, pour pas que ma mère ne soit pas au courant ou que je ne sombre de nouveau dans une dépression et c’est à ma nuit de noce que Malick me la dit.

-mon Dieu, je suis vraiment désolée Rokhaya. Tout ça ne devait pas être évident. Ça aurait été tellement magnifique qu’il soit là, pour compenser la perte de Seba.


-je ressens ce vide au quotidien Rose.

-justement ! Rokhaya, éclaire moi stp. Ça m’a surpris de te savoir mariée à Malick quand je me rappelle que tous vos problèmes avec mon frère étaient dus à lui. Donc il avait raison ?

-tu sais Rose, quand Seba est mort, j’ai été interné à l’hôpital psychiatrique puis après que ta maman et Angèle soient venues à la maison et que j’ai disparu, c’est Malick qui m’a retrouvé et aidé à m’en sortir. Donc, quand il m’a demandé ma main, j’ai accepté et aujourd’hui je dois t’avouer que je l’aime vraiment. Mais je n’ai jamais trompé ton frère.

-je suis heureuse que tu retrouves enfin le bonheur même si je n’en suis pas convaincue, vu ta tête. Mais j’ose croire que c’est à cause des jumeaux qui sont difficiles à gérer ?

-je suis heureuse mais très fatiguée avec les jumeaux, le travail, la maison, c’est même difficile pour moi de dormir normalement.

-Ce n’est pas évident en effet mais ils seront bientôt de grands gaillards et ça ira. On va y aller. Prends soin de toi stp et continue d’être heureuse. Je t’appellerai avec Anita comme ça, on restera en contact.

-ça va me faire plaisir. Stp prends soin de la petite, elle en a trop vu. Toi aussi sois heureuse Rose, c’est ce qu’il aurait voulu pour nous deux.

J’appelais Anita et elle ne voulait pas rentrer, elle s’était déjà attachée aux jumeaux.

J’enlevais le pendentif que Séba m’avait offert et que je n’avais jamais enlevé de mon cou comme promis et le lui mis.

-c’est ton papa qui me l’avait offert et ça fait plus de quatre ans que je ne l’ai pas une seule fois enlevé mais je te le donne aujourd’hui pour que tu sois plus près de lui car quand je l’avais, je sentais sa présence. Promets moi que tu ne l’enlèveras jamais et que tu en prendras soin.

-promis tata Rokhaya, je la garderai pour t’avoir toi et papa avec moi.

Je la pris dans mes bras et la serrais très très fort.

-je t’adore ma fille .

-moi aussi je t’adore maman.

Rose nous rejoignis et c’est là que Malick rentra, me trouvant dans les bras de Rose et d’Anita, nous disant au revoir.

-tiens Malick, comment tu vas ? Fis Rose lorsqu’elle le vit.

-Rose ! Ça va et toi ? Ça fait longtemps. Répondit-il avec le sourire et en lui faisant la bise.

Puis il se tourna vers Anita

-Et quelle est cette petite princesse qui a grandi comme pas possible ?

-tooootoooon Malick, fis Anita en lui faisant un calin. Ça fait longtemps. J’ai vu tes jumeaux, ils sont beaux. J’ai dit à tata Rokhaya qu’ils ressemblaient à Papa surtout Babacar mais à y voir plus clair c’est à toi qu’ils ressemblent le plus parce qu’après tout, papa et toi vous vous ressemblez.

Cette fille n’a changé en rien en fait. Il lui fallait Malick pour activer sa bavardise mon Dieu. Qu’est ce qu’elle a raconté en somme ?

Malick sourit nerveusement.

-bon, on y va nous, fit Rose en cachant mal son amusement.

-restez manger avec nous, leur proposa Malick.

-on a des courses à faire et un voyage à préparer, je vais rejoindre mon fiancé au Gabon et j’amène cette diablesse avec moi. Allez au revoir.

Rose et Anita parties, je tentais d’expliquer à Malick que je ne sais pas comment elles ont fait pour venir et qu’elles ne m’ont rien dit. Il me répondit juste

-je n’ai rien dit ; un petit sourire aux lévres avant de disparaitre dans sa chambre.

Puis les jours passèrent, semblables. Malick m’ignoraient complétement et j’en mourais à petit feu, j’en souffrais car mon Malick, celui d’antan si doux si romantique si prévenant me manquait.

Marre de tout ça, je rassemblais mes affaires, fis mes bagages et celui des enfants alors qu’il était assis au salon en jouant à la Play Station, son nouveau dada quand il est à la maison.

Je mis Babacar sur mon dos parce que Cheikh dormait. Je tirais ma valise jusqu’au salon et retournais prendre Cheikh dans mes bras, tout sous son regard.

-hé hé, où est ce que tu vas comme ça ? Me demanda t-il

-je retourne chez moi. Ma coupe est pleine à craquer, j’en peux plus. Si tu veux me libérer, tu sais où me trouver.

-tu peux partir, mais les petits tu les laisses là, me répond t-il en me prenant Cheikh des bras. Donnes moi Babacar.

-donc Malick, tu serais capable de me laisser partir comme ça ?

-hey, c’est toi qui a décidé de partir alors me fait pas chier. Ok ? Allez donne le moi.

-mais enfin Malick, ils prennent le sein, ils ont besoin de moi.

-Je ne pense pas que tu te soucies de cela

Il remit Cheikh dans son berceau et mis Babacar sur son torse en le berçant. Mon cœur se fendit en mille morceaux.

-je me rends compte maintenant que tu m’as caché ton véritable visage, tu es foncièrement mauvais. Tu n’as pas de cœur Malick Ndiaye. Tu m’as montré un visage différent de celui-ci jusqu’à ce que je crois en toi et tu me sors ce visage là, mesquin, méchant et insensible. Mais je te le dis aujourd’hui, tu regretteras tout ceci. Et mes enfants, je reviendrai les prendre et faire valoir mes droits sur eux car tu n’as pas le droit de me les prendre surtout qu’ils prennent toujours le sein.

Je sortis, le cœur meurtri et prêt à exploser. Je pris un taxi qui m’amena direct à Thiès. Quand j’arrivais, il faisait tard mais ma tante ne dormait pas. Elle m’ouvrit

-Yaka, ba diam ? Ani Malick ak seikh yi ? (Que se passe t-il ? Où sont Malick et les jumeaux ?).

Je ne dis rien, incapable de sortir un mot de ma bouche. J’avais pleurer tout le long du chemin.

-viens entre mais dis moi que tes enfants et ton mari vont bien stp.

Je fis oui de la tête.

Je trouvais maman et mon oncle au salon.

-Yaka, que se passe t-il ? Me demanda maman en alerte.

-il ne se passe rien. J’ai eu des problèmes avec Malick et je suis partie et il a refusé que j’amène les enfants avec moi.

-qu’est ce que tu as fait ? Me demanda maman, le visage grave.

-rien maman, je n’ai rien fait. Ou au contraire, j’ai juste voulu le réconcilier avec sa mère et il m’a interdit d’y aller. J’ai bravé son interdit comme je t’avais expliqué et depuis il ne me parle plus.

-ton mari ne te parle plus et tu prends tes bagages pour venir ici ? Diogeul diogeul gaw, dofi fanane ndakh wakho linga def (lève toi. Tu ne passeras pas la nuit ici car tu n’as pas dit ce que tu as fait).

-Aïssatou, qu’est ce que ça veut dire ? Tu serais capable de la laisser repartir à Dakar en cette nuit ? Soit raisonnable way. Dit mon oncle qui depuis lors écoutait.

Il appela ma cousine qui vint aussitôt.

-Salimata, accompagne ta cousine dans ta chambre, elle est fatiguée. Rokhaya, vas te reposer, demain on parlera de tout ça.

Je me levais sous le regard accusateur et dépité de ma mère.

Je ne dormis pas de la nuit à cause de mes montées de lait. Mes enfants me manquaient et j’ai regretté d’être partie, de n’être pas restée pour eux. Je me demandais sans cesse ce qu’ils devaient faire en ce moment et même si Malick s’en occupe bien, ils ont besoin de mon sein. Suis-je une bonne mère ?

Le lendemain, j’appelais Fatima pour lui dire que je venais chez elle. Mais mon oncle me dit de ne pas sortir, qu’il avait à me parler.

Ce qu'il avait à me dire, c'était qu’il avait appelé Malick qui vint vers 17h, sans les jumeaux.

Ils étaient tous au salon et ma tante vint m’appeler. Mon cœur rata un battement lorsque je le vis assis à côté de mon oncle. Je lui donnais la main sans mot et allais m’assoir. Mon oncle commença.

-Malick, Rokhaya est arrivé ici en pleurs disant que vous vous êtes disputés et que tu lui as pris les jumeaux. Je ne voulais pas l’écouter elle seule, j’ai tenu à ce que tu sois là. Rokhaya, ngani lo dioték sa borom keur( qu’y a-t-il avec ton mari ?)

-je lui ai demandé la permission d’aller avec les enfants voir sa mère. Il a refusé et je suis quand même partie, je le reconnais et ça fait bientôt deux mois qu’il ne me parle plus. Il a profité de cela pour amener d’anciennes histoires et m’en vouloir alors que je pensais que c’était réglé entre nous.

-Malick ? Lui dit mon oncle comme pour l’inviter à parler.

-tonton, tout ce que je lui reproche, c’est qu’elle ne semble pas savoir qu’elle est mariée et a des enfants. Je ne sais jamais ce qu’elle fait ni où elle est. Elle laisse les enfants et disparait en me mentant. Et quand elle décide de me dire ce qu’elle fait et que je lui dise non, elle n’en fait qu’à sa tête. Elle me parle comme elle veut et oublie même que je suis son mari. Man sama kadou la am sama biir keur, soumako niaké amatouma fa dara. On s’est disputé et je lui ai dit la vérité, ça ne lui a pas plu parce qu’elle aimerait que je lui mente et hier, elle a pris ses bagages, et est partie. Je lui ai dit de me laisser les jumeaux pour voir si elle était prête à rester ne serait ce que pour eux, mais elle est partie en me disant qu’elle allait se battre pour les récupérer.

-Rokhaya, tu laisses tes enfants pour sortir sans avertir ton mari. Où vas-tu ?

Je baissais la tête honteuse.

-C’est à toi que je parle ? Insista mon oncle.

-c’est arrivé une fois, fis-je honteuse.

-deux fois et de quelle maniére ? rectifia Malick.

-thiey Ya’Allah ! S’exclama ma mère.

Je savais qu’il allait ramener ces histoires mais le vrai problème, il ne le dira jamais. Il ne dira jamais qu’il vit dans le passé avec Sébastien et veut me prendre pour responsable de sa jalousie maladive.

Je reconnais maintenant que je suis sortie deux fois après le travail en laissant les enfants à la nounou et il a découvert que je lui ai menti.

La première fois, j’étais au bureau et Birane mon collègue est venu avec Aïssatou me dire qu’ils allaient fêter l’anniversaire de Fanta, une autre collègue en prenant juste un pot. J’ai refusé mais ils ont réussi à me convaincre. Au lieu de dire ça à Malick, je lui ai dit que j’avais du travail à finir pour qu’il rentre s’occuper des jumeaux, je n’ai pas vu le temps passé ni ses appels et je suis rentrée vers 23h, les trouvant tous déjà au lit. Il n’a rien dit.

La deuxième fois, je suis ressortie avec les collègues de nouveau pour aucune raison particulière, je le reconnais. J’avais juste envie de me libérer de la maison et je suis rentrée tard de nouveau sans l’avoir averti. Il m’a demandé où j’étais, je me suis énervée face à sa question et il m’a fait une scène, je lui ai dit qu’il m’étouffait et que j’avais besoin d’espace et de temps pour moi-même car je reconnais que les jumeaux prenaient tout mon temps à tel point que je ne pouvais même plus profiter d’une bonne douche comme il se devait. Il m’a alors reproché de ne pas prendre soin des enfants et de faire ce que je voulais, de lui mentir, d’être une mère indigne. Je me suis excusée par la suite. C’était juste avant que je n’aille chez sa mère. Ce qui a fait ressortir tout ce qu’il gardait depuis si longtemps.

-je ne lui reproche rien d’autre mais juste que je voudrai qu’elle soit consciente de son statut de femme mariée et de mère. Je sais que ce n’est pas évident d’élever des jumeaux mais je suis plus que jamais présent et elle a la nounou pour l’aider. Mais ses enfants ont besoin de leur maman aussi.

-Rokhaya, yaw lane ngay weur, lane ngay dokh ? Ni deih la deuké wone ak mom, feen ak def louko nekh. Douma kham mouk ci loumou nek teih soumako wakhè béneu mounima fouk. Fim tolou ni danga doyal ci seuy bi ndah tam tahawalou wayei bilahi dinga deih ci keur Malick Ndiaye. Yaw yay diaam Rokhaya, yaw yay khadj. Lou bakh masso beug
(Que fais tu dans la rue ? C’est ça que je vivais avec elle, je ne savais jamais ce qu’elle faisait et quand je lui en parlais elle me répondait impoliment. Tu en as marre de ton mariage à cause de ton habitude d’errer dans la rue en toute liberté à faire ce que tu veux mais tu vas mourir dans la maison de Malick Ndiaye. Tu n’es qu’une esclave, une chienne. Tu n’as jamais voulu quelque chose de bien dans ta vie). Quand est ce que tu as décidé d’être aussi légère et mauvaise ? Lève toi et va prendre ta saleté de valise et viens suivre ton mari et va t’occuper de tes enfants, vaurienne que tu es.

Je restais assise sans rien dire, sans réaction. Mon cœur s’apprêtant à exploser.

Comment ma mère peut me traiter de la sorte ? Et devant mon mark encore plus ?

-ROKHAYA ? Cria mon oncle

-je ne veux pas retourner avec lui mon oncle. Il ne vous montre pas son vrai visage et ne vous dira jamais ce qu’il reproche en réalité, ce qu’il ne me pardonne pas. Il vous dit juste ce qui l’arrange. Il fait de ma vie un enfer et je ne vais plus subir cela. Il est rancunier et mauvais, dis-je les larmes aux yeux.

-dis le nous alors ! On t’écoute, me dit mon oncle maintenant très en colère.

Ma mère me regardait avec toute la haine du monde. C’était comme s’il y en avait que pour Malick.

Je me tus alors et me levais pour aller chercher mes bagages et revenir m’assoir au salon.

-bien, je pense que tes enfants doivent t’attendre donc vous pouvez y aller. Fit mon oncle.

Le regard de ma mère me tuait petit à petit. Je me levais en trainant ma valise. Malick me la prit et la mit dans sa voiture.

-je ne veux plus jamais te revoir ici. J’espère avoir été assez clair ? Fis ma mère quand je sortais de la maison.

Je voulais monter derrière mais tout le monde nous avait accompagné jusqu’à la voiture donc je montais devant et il démarra.

Le trajet se fit dans le plus grand des silences. Malick conduisait sans un regard ni un mot vers moi jusqu’à ce que nous arrivons à la maison. Je récupérais les jumeaux avant d’aller m’enfermer avec eux dans ma chambre. Je leur donnais le sein en même temps et cela allégea mon cœur fort bien. Et c’était comme si ils n’avaient pas tété depuis mon départ. On finit par s’endormir tous les trois. Je me réveillais vers 3h du matin et je ne pouvais plus me rendormir. Je sortis et le trouvais dans le salon, jouant à la PS.

-on peut parler stp ?

-je t’écoute me répondit-il sans lever les yeux de la télé.

-je te demande pardon. Je sais que j’ai eu tord de m’être conduite de la sorte et je reconnais toutes mes erreurs. Je reconnais que je suis imparfaite et qu’il m’arrive de faire les mauvais choix surtout nous concernant. Mais stp, laisse moi une chance de me racheter, de te prouver que je t’aime et que je ne te mens pas. Je n’irai plus jamais à l’encontre de tes interdits et je serais une mère et une épouse exemplaire pour les enfants et toi. Stp Malick, arrête de me torturer.

Il posa sa manette

-Rokhaya, est ce que j’ai été mauvais avec toi ? Est-ce que je t’ai montré deux visages ? Me demanda t-il en me regardant dans les yeux.

-je suis désolée, j’étais en colère.

-essaie d’être d’abord convaincu de tout ce que tu me dis avant de pouvoir convaincre les autres.

-je ne peux te faire croire quelque chose à la quelle tu ne veux pas croire Malick. Qu’es tu devenu ? Tu es si insensible Malick au point de ne plus voir que tu me manques et que je souffre loin de toi. Tu ne vois pas que mon mari me manque atrocement et que j’en souffre énormément. Je ne te demande rien d’autre que de me laisser te prouver mes sentiments. Malick, je t’aime. Pour l’amour du ciel, crois moi. Ce ne sont pas des mensonges.

Il se leva pour aller dans sa chambre sans rien répondre.

-attends Malick. Tiens, le téléphone dont tu parlais. C’est mon ancien téléphone que j’avais. Je ne suis pas fière de l’avoir gardé et aujourd’hui, je le reconnais. Tu peux regarder ce qu’il y a dedans mais il n’y a pas de puce et personne ne m’appelle dessus. Après tu en feras ce que tu voudras.

En fait, dans ce téléphone, il y avait tous les messages échangés avec Séba, nos photos, vidéos, tout ce qu’on a partagé ensemble. J’avoue que je le regardais à chaque fois que j’étais seule. Maintenant, je décide de tout effacé de ma vie. J’espère juste que ça ne voudra pas une autres scène de sa part.

-j’imagine oui ce que ça contient. La décision te revient à toi, je ne le ferai jamais à ta place et ne le fais pas non plus pour moi.

Je laissais tomber le téléphone devant moi et l’écrasais avec mon pieds.

-Séba fait parti de mon passé et cela depuis longtemps mais c’est toi qui t’obstines à le rendre vivant devant moi. Tu es mon présent et mon futur. Tu es ma vie. Aujourd’hui, je suis plus que jamais convaincue que c’est toi que j’aime, je veux d’autres enfants avec toi et je veux retrouver mon mari.

Il me tourna le dos et alla s’enfermer dans sa chambre.

Malick veut que je sois l’épouse et la mère parfaite, irréprochable, je le serai mais j’espère juste que lui, il sera à la hauteur. Je l’aime oui. Je l’aime sincèrement et j’ai décidé de tourner le dos à tout ce qui s’est passé avant lui.

Le lendemain, je me réveillais très tôt, fis le petit déjeuner et allais le réveiller.

-Malick, stp, viens prendre le petit déjeuner avec nous. On attend que toi.

Il leva sa tête, me regarda avant de rabattre la couette sur lui. Je m’assis alors sur le rebord du lit.

-mon cœur, les jumeaux et moi avons besoin de passer du temps avec toi, tu nous manques. Je sais que tu passes du temps avec eux mais je parle de nous quatre. Le petit déjeuner avec mon mari me manque. Stp lève toi et viens, ça va refroidir.

Il  se leva et alla à la salle de bain. Je sortis et il nous rejoignit quelques minutes plus tard. Nous prenons le petit déjeuner en silence mais en famille quand même.

La journée se fit pareille. Je fis le déjeuner alors que lui jouait avec les petits. Mais la nuit, il est retourné dans la chambre d’amis. Je pris sur moi parce que c’était à moi maintenant de lui montrer que je l’aimais sincèrement parce que c’était vrai.

Mais je ne savais pas comment m’y prendre avec lui, je dois le reconnaitre. Et je ne veux plus utiliser le sexe car il pense que c’est mon seul atout. Mais quoi faire ? Je suis complétement désarmée.

Je décidais d’aller le retrouver dans sa chambre.

Il ne dormait pas, il était couché sur le dos, les mains derrière la tête, fixant le plafond.

Dés qu’il remarqua ma présence, il se releva, surpris. Je m’assis sur la chaise et lui dit :

-tu sais, j’essaie de trouver le meilleur moyen de me faire pardonner, mais je t’avoue aujourd’hui Malick que je ne te connais pas assez. Mais j’ai appris à t’aimer parce que tu as déposé ton cœur entre mes mains dés les premières minutes où on s’est rencontré. Tu m’as offert ton cœur sans jamais rien attendre en retour, même pas notre mariage et ça je viens de le comprendre. Et si à cet instant, je savais que j’allais finir dans tes bras, je ne me serai pas battu pour autre chose. Tu m’as fait t’aimer. Et je te le dis aujourd’hui et avec toute la sincérité qui puisse exister, je t’aime Malick Ndiaye et je te répéterai encore et encore jusqu’à ce que tu l’assimiles et que ça fasse partie de ton quotidien. Et je ne peux pas faire ou dire quelque chose de plus grand que ça pour te le prouver. Alors stp, reviens moi. Je veux que tu me rendes heureuse comme tu l’as promis, que l’on ait enfin cette complicité et cette entente que tout couple doit avoir, qu’on ait tous ces enfants que je t’avais promis.

Je me levais, le cœur léger et soulagée pour aller dans ma chambre sans attendre de réponse. Au moment où je mettais ma main sur le loquet, il me dit :

-Je ne peux pas te promettre que les choses redeviendront comme avant aussi facilement mais j’essaierai d’oublier tout ça. Je te le promets.

-d’accord.

Je sortis un peu déçue quand même car j’aurais voulu qu’il me demande de rester au moins. Mais c’était un bon début.

Le lundi, je me réveillais à l’aube et préparais le petit déjeuner. Il sortit pour aller au travail.

-tu ne prends pas ton petit déjeuner ? Lui demandais-je alors que je le voyais se diriger vers la porte.

-et toi, tu ne vas pas au travail ? Me demanda t-il à la place de la réponse.

-non mais on en reparlera ce soir. En attendant, viens prendre ton déjeuner.

Il me regarda d’une drôle de façon avant de me suivre à table.

-où sont les enfants ?

-ils dorment, ils ont passé la nuit à jouer mais ils ne pleuraient pas. Quand est ce que tu reviens avec nous ? Tu nous manques dans la chambre.

Il ne dit rien, se contentant de prendre son café. Une fois fini, il se leva et je l’accompagnais.

S’il y a une chose que j’ai appris a reconnaitre chez Malick, ce sont ses yeux. Leurs expressions ne me mentent jamais. Et ce que j’ai lu ce matin, c’était qu’il se radoucissait.

Je décidais de donner à la bonne et à la nounou des congés. Je les rappellerai au besoin. Je voulais m’occuper de ma maison et des enfants seule. Et puis, j’avais envie de mon mari, mortellement envie de lui mais je n’irai pas le chercher. C’est lui qui viendra.

Il rentra et nous trouva sur le tapis d’éveil des jumeaux, jouant. Il embrassa les jumeaux puis se leva.

-tu vas bien ? Me demanda t-il

Je me levais et lui collais un bisou sur la joue.

-je vais très bien. Comment s’est passé ta journée ?

-ça va

Il alla prendre une douche et revint nous trouver au salon.

-où sont la nounou et la bonne ?

-je leur ai donné des congés. J’ai besoin de retrouver mon foyer.

-tu ne vas pas au travail ? Tu vas faire comment avec les petits.

-j’ai décidé d’arrêter mais avant j’avance  mes congés. Inutile d’essayer de m’en dissuader, ma décision est prise. J’ai décidé de m’occuper de mon mari et de mes enfants. Et je ne pense pas que je pourrai avoir un travail plus passionnant que celui là.

-tu n'as pas besoin d'arrêter de travailler pour me prouver quoi que ce soit ni pour prendre soin de nous. Ce n’est pas évident et tu le regretteras.

-rassure toi, je ne le fais pas pour toi mais pour moi. Et tu le sais. Tu te rappelles de mes projets où tu m'aidais ? Je pense qu’il est temps de les concrétiser et je suis prête. Et au-delà c'est la première fois que je fais vraiment quelque chose que j’aime et par moi-même, c’est-à-dire, prendre soin de mes hommes.

-j’espère juste que tu ne le regretteras pas.

Comme réponse, je lui souriais tout juste car je devais avouer que ça me faisait un peu flipper.

Les jumeaux commençaient à bailler et à pleurnicher. Je leur donnais alors leur diner avant que Malick ne les dorlote et ne les mettent au lit. Maintenant, ils dormaient non seulement tôt mais toute la durant aussi et ils dormaient ensemble dans le même berceau car j’avais remarqué qu’ils ne se réveillaient jamais lorsqu’ils étaient sur le lit avec moi, collé l’un à l’autre.

J’étendis une belle nappe blanche brodée à même le tapis avant d’amener le diner. On dina dans une ambiance timide et juste après avoir débarrasser, je me levais et lui dit :

-je vais au lit. Passe une bonne nuit.

Je disparaissais dans ma chambre, la fermant doucement à clé, le laissant tout seul.

Je ne dormais pas et l’entendis jusque tard dans la nuit faisant du bruit dans le salon.

Les jours qui suivirent furent pareils. Je l’allumais innocemment, il refusait toujours de me regarder « en face », mais il revint un soir dans la chambre.

Après le diner, je lui avais souhaité bonne nuit avant d’aller m’enfermer dans ma chambre. Il frappa à la porte.

-pourquoi tu fermes la porte ?

-pour rien.

-je peux entrer ? Je veux dormir avec vous.

J’ouvris grande la porte et il entra et se mit au lit. J’éteignis la lampe. Aucun de nous ne dit rien mais nous ne dormions pas. Au bout de deux jours, je me réveillais chaque matin dans ses bras ou en cuillère contre lui, sans jamais savoir ce qui m’amenait là.

Petit à petit, j’ai repris confiance en moi et reprenais ma place comme la femme de Malick. Il redevenait petit à petit câlin et romantique. Il était redevenu le Malick tactile qui jouait quelque fois avec moi. Mais au lit, ce n’était toujours pas ça. Je savais qu’il en avait envie tout autant que moi mais je voulais qu’il fasse le premier pas. Trois jours après être revenu dans la chambre, il vint vers moi.

J’étais couchée et je n’avais rien sur moi, à part juste un pagne en melikane jeté négligemment autour de mes reins, dévoilant des perles fines en cristal .

Je le sentis alors s’approcher de moi. Il me caressa le long de mon échine en s’attardant sur les bines bines avec le bout du doigt jusqu’à mon cou où il déposa un baiser avant de me retourner pour que je fasse face à lui.

-tu m'as manqué.

-à moi pareil, lui répondis-je en fermant les yeux.

Il m’embrassa longuement, je répondais. Il me caressa la poitrine.

-ça me rend dingue de ne pas pouvoir les sucer, dit-il en léchant du bout de la langue, mes tétons un à un.

Il descendit vers le ventre tout en trainant la langue partout et arrivé jusqu’à mon slip, il entreprit de me l’enlever. Je lui tins alors la main.

-j’ai mes règles, je suis désolée.

Et là, je donnerai tout pour voir, revoir, re-revoir le visage de Malick.

-quoi ? Depuis quand ? Tu as prié Icha avec moi tout à l’heure donc c’est pas possible. Et pourquoi tu ne m’as rien dit ?

-tu veux vérifier par toi-même, dis je en écartant coquinement les jambes quand je vis son énorme érection. C’est en me préparant pour aller au lit que je l’ai vu.

En fait, je n’avais pas mes règles, depuis l’accouchement je ne les ai pas repris. La gynéco m’a rassuré en me disant qu’il y avait des femmes à qui ça arrivait tant qu’elles allaitaient.

J’étais d’humeur à jouer. Maintenant, à moi de me faire désirer.




Wa est que tamit Rokhaya a raison d'abandonner son travail pour s'occuper de sa famille en ces temps qui courent? Malick en vaut-il vraiment la peine?

Gros bisous 😘😘😘

YAKA| le poids de la superstitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant