Partie 18

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C’était difficile, beaucoup trop difficile. Je ne tenais plus alors j’ai attrapé mes chaussures et je suis descendu.

-où est ce que tu cours comme ça Rokhaya ? Demanda ma mére.

-je vais en face chez les voisins voir Ami, maman.

-d’accord

Après quelques mètres de marche pour atteindre la route, je vis la voiture de Malick qui venait devant moi. Il s’arrêta net à ma hauteur.

-tu vas où comme ça? Me demanda t-il.

J’avais honte de lui dire que j’avais craqué, honte qu’il sache que j’ai été faible, honte qu’il ait des préjugés sur moi.

J’avais honte de lui dire que j’allais voir Séba alors qu’il s’était conduit comme une brute avec moi…

-euh…je vais juste là chercher quelques trucs à grignoter.

-gourmande, me dit-il en riant. Allez monte je t’amène.

-non, ce n’est pas la peine. En plus, j’avais prévu de marcher un peu.

-avec le froid qu’il fait dehors ? Allez viens, je t’amène je te dis, insista t-il.

Il me fallait ça vraiment… je bouillonnais de colère

-alors, je t’amène où ? Tu veux grignoter quoi exactement ?

J’avais juste envie d’exploser de rage, de colère. Malick en faisait trop maintenant mais je ne voulais pas le froisser parce qu’il était correct avec moi en plus il n’avait que sa bonne intention.

-rien de spécial Malick, juste que j’en ai eu marre de rester dans ma chambre toute la journée. Depuis hier, je n’ai pas mis le nez dehors. J’étouffais en plus j’avais faim alors je suis sortie.

-ok…on va aller se promener et après je t’invite à diner alors. Ça te va ? Moi j’ai envie de manger du dibi.

Avais-je le choix même ?

On tournait dans Dakar mais franchement je ne savais même pas où on était ni même ce que Malick disait, j’étais absente de la voiture et il ne tarda pas à le remarquer.

-Yaka, qu’est ce que tu as ? Je te parle depuis tout à l’heure mais on dirait que tu es ailleurs.

-excuse moi Malick, oui j’avais l’esprit ailleurs.

-avec Séba je suppose ?

-non, pas avec lui. T’inquiètes, répondis-je lassée.

-d’accord alors.

Je retournais dans ma bulle, regardant les voitures que l’on croisait, les gens dans leurs voitures ou dehors qui riaient, vivaient alors que moi je souffrais profondément.

Je voulais le voir, je devais le voir sinon je risquais de devenir folle. Je n’en pouvais tout simplement plus.

Mais je ne voulais pas blesser Malick, en même temps je n’avais pas envie qu’il se mette des idées en tête.

J’étais plongée dans une profonde réflexion quand il coupa le moteur de sa voiture. Il faisait déjà nuit noire alors qu’il n’était que 20 heures. Je me préparais à descendre sans trop savoir où on allait diner.

Il me dit :

-je pense que tu devrais aller le voir, pour toi et pour lui. Vous en avez besoin.

Je tournais la tête et reconnaissais chez Séba. Je n’aurai jamais imaginé qu’il m’amènerait jusqu’à lui.

YAKA| le poids de la superstitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant