LIVRE 1: au commencement, KHALIL et YAKA

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A Sokhna Hann
Merci pour tout
***





SIX ANS PLUTÔT....

Je me tiens devant la station service Elton de Mermoz, réajustant sans cesse et nerveusement le top que m'avait prêté mon amie Fatima.

J'étais venue passer la journée chez elle pour leek thiep (manger du riz) et changer un peu de la nourriture immonde qu'on nous sert dans les restaurants universitaires.

Avec Fatima, le courant est passé dés mon premier jour à l'université. On était dans le même département, le même amphi et c'est ainsi qu'on a commencé à se fréquenter puis on est devenue des complices, les meilleures amies du monde. Elle habitait Mermoz et moi je logeais au campus universitaire. On était tout le temps ensemble et quand on avait pas cours, j'allais chez elle. J'y passais même la nuit des fois. C'était tout juste ma jumelle.

Et c'est là que Khalil m'avait appelé pour me dire qu'il était devant la station service, pour qu'on se voit pour la première fois. J'avoue que je suis très nerveuse car on s'est connu il y a un an sur Facebook alors que je me moquais de son pseudo mais plus encore de sa photo de profil.

Ce jour là, j'étais au Campus universitaire, dans ma chambe, au 30 PM 5 de l'UCAD et en me connectant sur Facebook, je vis pleins de demandes et le premier qui a attiré mon attention s'appelait pas plus ni moins ME KANOULE et sa photo de profil me fit éclater de rire.

-ay Yaka, ya bone deug deug. Wornama ni reih wo lou bakh (tu es mauvaise, je suis sûre que tu ne ris de rien de bon). Me dit Mariéme, ma voisine de chambre en s'approchant pour voir.

Elle éclata de rire elle aussi quand elle vit la photo.

-non mais comment est ce qu'on peut mettre une photo pareille sur son profil et puis vraiment son pseudo, dis-je en riant de plus belle.

Il faut dire que j'ai le rire facile et pour la moindre petite chose, je ris jusqu'à énerver ou même transmette mon rire à mes copines.

Je décide par simple curiosité d'accepter son invitation et de lui demander la signification de son pseudo. Mais à peine ai-je accepté qu'il m'envoyais un message.

-merci d'avoir accepté mon invitation.

La traditionnelle phrase quoi !

-je t'en prie...Mais dis moi, que signifie ton pseudo? C'est un peu bizarre pour moi. Ou bien c'est ton nom en vrai?

-ah ouais ça te fait rire ou quoi? D'habitude les gens me disent ça. Pourtant c'est la chose la plus douce, la plus belle qu'une personne puisse s'entendre dire. Ça veut dire je t'aime en socé.

Et là, je me suis sentie idiote.

Ah l'ignorance....

-ah oui? C'est beau. Cool alors

-dis moi, ton nom à toi c'est Yaka ou bien? Ça a une signification particulière? Je n'ai jamais entendu.

-non…mon nom c’est  Rokhaya Aïcha Ka mais on m'appellait Yaye Ka comme ma grand mére dont je porte le nom et par paresse pour tout le monde c'est devenu Yaka.

-ah ok...mais Rokhaya est un joli prénom. Moi c'est Khalil Cissé. La fille sur ton profil c'est toi?

-oui

-tu es très belle Rokhaya et je comprends maintenant pourquoi.

-hahaha...Merci pour le compliment. Mais le mec sur ton profil c'est pas toi n'est ce pas??

-pourquoi pas? c'est bien moi. Qu'est ce qu'il y a? Je suis moche?

-euh non, mentis-je déçue derrière mon clavier parce que vraiment il était moche comme un poux...

-je suis moche, je le sais et je fais cet effet à tout le monde. J’espère juste que ça va pas te faire fuir ?

Et moi qui voulait le bloquer!

On s'est trouvé des points, des passions, des hobbies, des centres d'intérêt en commun. Nous passions le temps à discuter sur WhatsApp et au téléphone. Facilement, il réussissait à me faire imaginer un monde avec lui sans que je ne me rende compte du pourquoi.


Mais il suffisait qu’il m'envoie une photo de lui pour que je descende automatiquement de mon nuage. Ce n'était vraiment pas le genre de mec que je fréquente d'habitude ni même avec qui j’ai l’habitude de parler.

Khalil était architecte à Genève mais il avait reçu des propositions sur Dakar et voulait rentrer me disait-il et il sentait qu'il y'aurait bientôt quelque chose qui le ferait changer d'avis.

On a familiarisé et appris à se connaitre sans se voir, même si physiquement il ne m'attirait pas le moindre du monde comme il le voulait, j'aimais parler avec lui.

Et c'est ainsi qu'aujourd'hui il m'a envoyé un message demandant où j'étais, ce que je faisais... Et moi naïvement, je lui donnais tous les détails. Et vers 19 heures, il m'appela pour me dire qu'il était devant la station service.

Mon coeur rata un battement. Je ne savais même pas qu'il était au Sénégal.

J'ai aimé lui parler sur le net mais de là à le rencontrer comme ça... il est vrai qu'on en parlait sans cesse et il avait promis qu'il viendrait me voir...mais là, je dois reconnaître que ça me fait tiquer vraiment.

-vas y cocote, ça fait longtemps que vous vous parler kagn. Et il a fait le déplacement rien que pour toi. En plus de quoi as-tu peur? Vous n'avez jamais parler de relation amoureuse non et s'il t'en parle et que tu n'es pas intéressée fais le lui savoir.

Fatima me prêta un top parce que celui que j'avais porté en venant je l'avait taché et elle l'avait mis à la machine juste au moment où Khalil appelait.

On attendait depuis plus de quinze minutes et je pestais contre lui car je ne supporte pas d'attendre, je n'avais jamais été patiente.

Comment pouvait-il me dire qu'il était là alors que je ne voyais même pas son ombre. J'appelais, il ne prenait pas et au moment où je voulus prendre un car rapide pour rentrer au campus, j'entendis mon nom. Je me tournais sans voir qui m'appelait. Je reconnaissais sa voix mais je ne le voyais pas. Je voyais juste cet homme s'avançant vers moi tout en me fixant  avec un large sourire.

-je ne savais pas que tu étais si impatiente Rokhaya Aïcha, me dit cet inconnu renversant.

Je le regardais de la tête au pieds. Mon cerveau fonctionna à cent: beau, grand, teint clair (sa maman est mauritanienne) et super clean; un mètre quatre vingt douze pour cent sept kilos de muscle, se vantera t-il plus tard.

Dieu tout Puissant!

-on se connait? Dis-je étonnée déjà qu'il m'appelle par mon vrai nom mais qu'il semble si à l'aise avec moi.

J'étais loin de me douter...

-Khalil ! dit-il en souriant.

J'éclatais de rire. Il m'a bien eu dis donc avec ses photos de profil qu'il changeait à chaque fois que l'envie lui prenait. Je ne l'ai jamais vu.

Oh-mon-Dieu, des beaux mecs j'en ai eu, j'en vois mais lui là vraiment, il sort même de ce lot.

-quand tu m'appelais tout à l'heure j'ai aimé te voir sortir de tes gongs. Ça m'a beaucoup amusé, me dit-il en tenant toujours ma main et en me regardant dans les yeux.

Il était devant moi, devant la fondation Sonatel et comme je ne m'étais jamais douté que ça serait lui donc j'ai pas fait trop attention bien que je m'étais plainte de ses regards depuis que j'étais là.

Après les présentations, Fatima prit congés de nous.

-alors, ça te dit qu'on dine ensemble?

-pourquoi pas? Répondis-je toujours sous le choc.

Plus tard, on était assis dans un resto chic en ville et j'étais même gênée au début vu les personnes ultra classes, de vrais pingouins, qui y étaient et parce que je m'étais habillée juste pour aller voir ma copine, en jean boyfriend, T'shirt et converses et plus tard Fatima m'avait prêté un top à bretelles que j'avais choisi à la hâte dans le bazar qui lui servait d'armoire. Ma tenue ne se remarquait même pas, au contraire, il me donnait une allure décontractée et pimpante  je trouvais. Et très vite, je me suis mise à l’aise.

Après le diner, il m'a déposé à mon pavillon mais on est resté en bas dans sa voiture à refaire le monde pendant des heures. Puis il est parti chez sa grand mère à Grand Dakar car il allait resté à Dakar pour quinze jour avant d'aller à Ziguinchor voir ses parents.


Donc, c’était tout à fait normal qu’après les cours, il passait souvent me prendre pour qu’on aille chez lui. Et un jour alors que j'étais restée un peu plus tard, on est allé sur la terrasse après le diner et je fus surprise qu'il vienne se mettre si prés de moi que mon coeur a failli s'arrêter.

-Rokhaya, je sais que tu vas dire que c'est tôt car on vient juste de se voir mais je crois que j'ai des sentiments pour toi. Et ce depuis Facebook.

-je sais...lui répondis-je

-Et comment le sais-tu?

-il y a des choses qui ne se disent pas mais qui se ressentent...

Il captura mes lèvres. Les siennes étaient si douces et sucrées, surement à cause du jus de fruit qu'il venait de boire. Je savourais sa langue qui s'entremêlait à la mienne. Il me caressa si tendrement le dos.

-alors acceptes-tu d'être ma copine?

-je pense que cette question devait être posé avant le baiser non? Mais oui, j'accepte.

Je disais ça mais pensais à Daouda. Mon cher Daouda, mon copain avec qui je sortais depuis cinq mois déjà mais on ne se voyait pas beaucoup car non seulement il était tout le temps en voyage pour son travail mais il était marié. C'était juste mon mbarane, qui me permettait de bien survivre au campus.

C'est ainsi que tout avait commencé. On se voyait tous les jours durant son court séjour à Dakar. Chaque soir après les cours il venait me chercher et on allait se promener, diner ou on restait tout simplement sur le balcon de mon pavillon à discuter jusqu'à des heures pas possibles. Puis les quinze jours passés, il est parti à Ziguinchor. On restait des heures et des heures à papoter au téléphone.

***

J'étais alors étudiante en géographie et on était sans cesse sur le terrain. Hasard ou coup du destin, je fus amener à partir en tournée en partenariat avec l'USAID dans le cadre d'une enquête sur le SRO et le ZINC dans le traitement de la diarrhée en zone sensible, en zone de conflit.

Je n'étais pas trop emballée par l'idée de partir en tournée pendant des mois mais lorsqu'on m'a dit que l'une des étapes de cette tournée était Ziguinchor, j'ai failli sauté. J'allais faire d'une pierre d'un coup car j'avais besoin de l'argent de la tournée et il payait superbement bien et je pourrai en profiter pour voir mon Khalil qui me manquait trop.

Mon papa était décédé et mon grand frère était malade, il souffrait d'une insuffisance cardiaque et les soins coutaient extrêmement chers. Ma mère à la retraite, n'avait que deux enfants, moi et mon frère. Donc, j’étais un peu le soutien de famille. Beaucoup de chose reposait sur moi et je ne pouvais dire non à cet argent.

C'est ainsi qu'on se mit en route avec l'équipe.

Je n’avais pas dit à Khalil que je viendrais jusqu'à Ziguinchor et le soir où on s'est posé à l'hôtel, on s'envoyait des textos et je décidais de lui faire la même surprise en lui demandant toutes les informations possibles pour connaitre sa maison. Il me demandait bien pourquoi je lui demandais tout ça, je fus très maline.

Et le lendemain après le travail, vers 18 heures, j'ai débarqué chez lui. J'y ai trouvé une fille, surement Khady sa soeur, devant la porte

-Bonsoir, je cherche Khalil Cissé.

Elle m'invita à entrer et lorsqu'il me vit, il sauta sur moi avec toute la surprise du monde.

-mon Dieu Rokhaya, que fais-tu là? Comment tu as fais? Pourquoi tu m'as pas prévenu? Me dit-il les yeux scintillants de joie.

Je riais en le voyant s'exciter comme un petit enfant.

-je suis là depuis hier.

Puis je lui racontais toute l'histoire de mon voyage et ce fut une surprise pour moi de voir que toute sa famille me connaissait déjà lorsqu'il me présenta à son papa d'abord qui me dit par la suite

-il nous a tellement parlé de toi qu'on avait l'impression de te connaitre depuis tellement longtemps.

Puis, tous ils insistèrent pour que je vienne loger chez eux le temps du travail car disaient-ils il n'était pas question que je loge à l'hôtel en ayant de la famille là bas.

Déjà! Ça m'arrangeait en plus puisse que je pourrai garder l'argent de l'hôtel pour aider ma mère dans les frais de la maison et de mon frère.

Ils appelèrent ma mère pour lui dire et sa mère avait vraiment duré au téléphone avec elle.

Je dormais avec Khady, sa soeur mais avec Khalil on ne manquait pas la plus petite occasion pour se faire des câlins quand ses parents étaient soit dans leur chambre soit dans la cour regardant la télé.

J'étais traitée comme une reine par sa famille mais dans le quartier, dés que la nouvelle que je suis sa copine s'est répandue, j'ai compris que mon mec était l'empêcheur de dormir de toutes les jeunes filles du quartier. Mais bon, je ne m'en souciais pas trop bien que je sache que Khalil n'était pas un enfant de coeur car on a eu notre première dispute un soir là bas et j’ai failli tout laisser tomber, parce que tout simplement monsieur avait l'habitude que ses copines cèdent à tout ce qu'il voulait.

On était dans sa chambre à discuter et j’étais dans ses bras. A un moment donné il était chaud. Il a alors commencé à m’embrasser puis a entrepris de me déshabiller, je l'ai laissé faire juste pour le T-shirt mais quand il a voulu aller au delà, je lui ai dit d'arrêter mais il n'entendait pas.

-Allez laisse toi aller chérie, ce n'est rien.

Je l'ai alors poussé violemment.

-non mais qu'est ce qui te prend Khalil?

-chut, ne cries pas. Rokhaya toi aussi, on est des adultes responsables, murmura t-il.

-tu me déçois vraiment Khalil. Mais tout est de ma faute. Je viens ici pour travailler et laisse mes collègues à l'hôtel pour venir habiter chez toi. Je pensais que tu étais sérieux et que jamais tu ne te conduirais de la sorte avec moi, lui dis-je avant de sortir de sa chambre.

Il m'envoya par la suite des tonnes de messages pour s'excuser disant qu'il reconnaissait avoir été idiot. Je ne lui répondais pas.

Au moins, il aura compris.

Le lendemain soir, il est venu dans la chambre.

-j'ai parlé à mon père de notre relation depuis le début et je lui ai fait part de mes intentions envers toi. Je ne rentrerai pas en Suisse sans que tu ne sois mon épouse. On va se marier et je pars régler quelques trucs là bas et je reviens j'ai accepté l'offre du cabinet qui voulait me décrocher ici à Dakar. Je suis désolé pour ce qui s'est passé mais je perds mes moyens quand je suis avec toi. Pardonne moi.

C'est ainsi qu'en rentrant, son papa me promit qu'il viendra à Dakar demander ma main le plus rapidement possible.

Ma mère m'a dit qu'elle et sa maman en avait beaucoup parlé et qu'elle attendait qu'ils viennent parler pour voir. Khalil, lui était déjà venu à la maison lorsqu'il était à Dakar.

Je suis retournée à Dakar et il me manquait comme pas possible. On passait nos journées au téléphone on ne pouvait plus se passer l'un de l'autre.

Puis un jour, j'ai reçu un message sur Facebook d'une fille, une certaine Farimata Dabo.

Khalil m'avait déjà parler d'elle. C'était son ex, avec qui il avait rompu il y a de cela plus d'un an mais elle ne lâchait pas car je voyais sans cesse les messages qu'elle lui envoyait. Ils sont sortis ensemble pendant plus de trois ans puis ils avaient commencé à avoir des problèmes lorsqu'ils se sont éloignés: Khalil à Genève et elle au Maroc. Et ça avait fini par avoir raison de leur relation. Donc je pense qu'elle n'avait pas à m'envoyer le message vu que je n'en étais pour rien.

《Bimay diog ci Khalil Cissé bobou yangui nelaw. Dinga ci am loula leer legui sakh》 (quand je m'occupais de Khalil, toi tu dormais et tu en auras la confirmation bientôt) m'avait-elle écrit.

Je transmis automatiquement le message à Khalil qui par la suite me dit qu'elle avait sûrement trouvé mon profil en passant par le sien et que surement ce sont des amis en commun, que j’ai surement rencontré à Ziguinchor, qui lui auraient parler de moi, mais qu'il ne fallait pas m'en faire.

Je n'en faisais pas cas car vraiment j'avais assez de problèmes à gérer avec la maladie de mon frère.

Une semaine avant que ses parents ne viennent pour discuter avec les miens du mariage, Khalil m'appela désolé, désemparé et découragé.

Que devais-je ressentir moi alors face à ça? La déception? La colère? La trahison? Que pouvait-il bien s'être passé en si peu de temps?

Hellooooo

Gros bisou😘

YAKA| le poids de la superstitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant