Cassidy

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— Cassidy, c'est le moment, me chuchote Diane à l'oreille.

J'ai une boule dans la gorge et un nœud à l'estomac, c'est ainsi à chaque fois que se profile le départ d'un événement que j'ai préparé aussi longtemps. C'est effrayant, mais surtout stimulant et j'adore ça. C'est que j'appelle "le stress de l'avant". Ma main droite tremble, mon coeur bat tellement fort sous ma cage thoracique que je suis persuadée que ça se voit sous mon uniforme bleu ciel, mes genoux chancellent sous ma jupe plissée. Si seulement les uniformes de pompom girls étaient plus longs... Si ça continue, Carmen va se rendre compte de ce qu'on prépare pour elle.

Je jette un coup d'oeil sur le stade, Mike me fait signe qu'ils sont tous prêts.

Aller Cass, no stress, tu fais ça pour Carmen et Elliott. Pour qu'il se fasse pardonné de s'être laissé draguer par cette minette, pour que ta meilleure amie se rende compte qu'il est fou d'amour pour elle, puisse qu'elle est incapable de lire dans ses yeux, alors que toi, tu peux.

J'essaie de me convaincre que j'ai absolument tout prévu, que tout va bien se passer. Pourtant, je suis assaillie par le doute. Et si les gars se trompent dans la chorée? Et si les filles ne saisissent pas le bon moment? Et si la fanfare se met à jouer la mauvaise chanson? Et si les entraineurs arrêtent tout? Et si Carmen s'en moque et s'en va au milieu?

Au pire, on passera pour des imbéciles.

Je resserre ma queue de cheval pour que mes cheveux blonds se balancent au même rythme que ceux de mes collègues de l'équipe. Je me mets en place. Aller, ça va le faire.

Carmen se positionne à côté de moi, comme prévu.

— Ça va, demande-t-elle? Tu ne vas tout de même pas nous faire une crise d'angoisse ? Ce n'est que le show de la mi-temps.

Si tu savais...

On avance sur la piste de course, face au public qui ne se doute de rien lui non plus. Je vois les garçons sur le banc qui commencent à ne pas être sereins eux non plus. Je me tourne vers le chef de la fanfare et lui fais signe.

Go.

Les premières notes d'Edge of Glory résonnent dans le stade. On commence la chorée préparée en cachette depuis une semaine. Carmen est complètement perdue.

— On ne devait pas la faire sur Katy Perry ? demande-t-elle.

Mais je lui souris et elle comprend qu'elle n'est pas censée danser avec nous. Elle se rapproche, perplexe, du banc de touche pour nous laisser le champ libre. C'est alors que toute l'équipe de foot se lève et vient nous rejoindre. La foule se met à crier de joie, Carmen ouvre en grand ses beaux yeux noirs.

Je m'approche d'elle et l'accompagne au milieu du stade alors que d'autres élèves du lycée nous rejoignent dans la chorée qui prend une ampleur encore plus belle que prévu. Je ne pensais pas que mon tuto YouTube aurait été aussi suivi.

Et nous voilà tous, sur le stade à danser autour de Carmen qui en a les larmes aux yeux. Même l'équipe adverse nous acclame. C'est un truc de fou.

Puis les danseurs s'écartent et Elliot apparait avec son panneau. J'aurais dû écrire plus gros. Seule Carmen peut lire « I'm sorry but I love you ». D'accord, c'était le but, mais le public doit se demander ce qu'il se passe.

Le quaterback avance parmi les danseurs pour se rapprocher de sa belle et je m'éloigne. Carmen lui sourit, le traite de crétin, et l'embrasse comme à la télé.

Des applaudissements raisonnent dans tout le stade. On a réussi notre coup. Une vague de fierté m'emporte. Toutes les copines de l'équipe me sautent dessus, notre entraineur m'adresse un pouce en l'air. J'ai un sourire indéfectible, tout s'est bien passé. Si je pouvais, je ne ferais que ça de ma vie, des flash mobs à grande ampleur.

Pendant une semaine, mon cerveau était tellement préoccupé à tout organiser pour aider Elliot que j'en avais presque oublié mes démons. Et à l'instant, maintenant que toute l'adrénaline est retombée, je suis à deux doigts de fondre en larmes. 

De l'autre côté de l'écranWhere stories live. Discover now