C'est magnifique

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-Où est émilie?

(Dis-moi, elle est morte, hein?)

En réalité non.

-Elle est à l'hôpital. Elles sont toutes les deux à l'hôpital. Je n'ai pas de nouvelles il faudrait qu'on aille les voir ce soir quand tu iras mieux.

Elle m'enlaça à nouveau.

-C'est grave?

-Oui.

Ma mère se lève visiblement moins à l'aise que quand il s'agissait de m'écouter moi parler de mes malheurs.

-Enfin tu le sais. Tu m'as dit ce que tu as vu. C'est déjà un miracle que vous soyez toutes les trois en vie pour l'instant.

Sa vois s'étouffait, c'était celle d'une petite fille.

-Anna et Antoine arrivent demain matin en train, sous haute surveillance. 

Maman a alors mangé la salade de quinoa boulgour certifiée vegan qu'on avait préparé dans l'arrière cuisine du magasin en bas.

-Qu'est-ce qui s'est passé maman? Est-ce que ça va en France?

Je me doutais que ce n'était pas la guerre. On m'aurait évacuée de Paris sur une civière sinon.

-En France? On peut dire que ça va à part qu'il y a eu déjà 129 victimes.

-Pardon?

-Ils n'ont pas visée que votre bar. Même s'il y a eu trois victimes, et que ce chiffre risque de grimper. Ils ont visé le stade de France...Une salle de concert...Ils ont tiré sur les gens , sur les terrasses à République comme ils l'ont fait ici...Je suis désolée de te raconter tout ça.

-Je me suis rendue compte de rien.

-On est en état de guerre Becky.

Puis elle a regardé nonchalamment sa montre.

-Valentin va revenir t'examiner. Il va t'emmener à l'hôpital pour voir émilie et Mathilde...

Elle n'a pas retenu ses larmes. Elles n'étaient pas mises hors de danger , j'ai compris. Mais je refusais de croire à tout ça.

-Bonjour Becky, c'est ton médecin préféré. Comment tu te sens maintenant?

-Je n'ai qu'une blessure bénigne à présent c'est grâce à vous! Ce n'est rien comparé à...

Ma voix s'enraille, m'empêchant par là même de dire une énormité que j'aurais dû censurer toute seule.

-Si vous n'aviez pas été là monsieur je n'aurais pas survécu. J'ai une dette éternelle envers vous et pour tout ce que vous avez fait pour moi depuis ma naissance, je vais vous dire merci des milliers de fois chaque jour et j'appellerai mon fils de Valentin Volant.

-Toute cette histoire est si irréelle...Je ne réalise toujours pas.

Il a dû pleurer pendant tout le trajet en voiture.

-Je vous emmène voir les filles. Elles peuvent recevoir des visites. Des visites.

Et il s'effondra. Je me suis levée, mais ma mère devait me soutenir pour que je puisse marcher.

-Il faudra que je te fabrique une prothèse. Mais te voir pratiquement guérie suffit à me soulager un peu de ma douleur.

Je n'ai pas osé demander si j'allais revoir émilie un jour. Pour la première fois de ma vie je n'ai pas touché à mes écouteurs en voiture. Un sourire s'est pourtant collé sur mon visage, se détachant peu à peu d'un mur de larmes séchées. J'ai fini par allumer mes écouteurs.

RébeccaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant