Rébecca

Loin des yeux près du coeur.

14 novembre 2015.

Pendant toute cette journée, on m'avait laissée dormir dans l'appartement. J'étais dans mon côté de l'appartement, sous plusieurs couches de draps parfaitement blancs et sentant une lessive à la cannelle. Dehors malgré une relative fraîcheur, Paris où j'étais à peine revenue faire mes études était magnifique. Ma mère m'avait veillée pendant toute la journée. limite si elle ne dégustait pas des chips en m'observant moi. C'était le soir, bien avancé, il faisait déjà nuit quand je me suis réveillée.

Je lui avais demandé combien de temps j'ai dormi, elle m'a dit que j'avais laissé filer toute la journée.

-C'est vrai?

-Hé bien Valentin a essayé de te donner des antidouleurs mais ils étaient clairement pas fait pour toi. Est-ce que ça marche au moins?

-On peut dire que ça peut aller oui. On peut dire que ça peut aller, ai-je fait en m'en assurant une dernière fois. Et valentin, il est où maintenant?

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13 novembre 2015.

Il était à peine 19H. J'étais rentrée en France depuis environ quelques jours mais il fallait attendre vendredi soir et le concert d'émilie pour fêter ce retour dignement. Un genre de dîner spectacle dans le bar juste à côté de chez nous, y allait y avoir pas mal d'animation dans le quartier ce soir. Bien entendu je ne pourrais pas profiter du buffet vegan au souper. Je pourrais profiter de la musique.

J'étais seule dans l'appartement avant de devoir le quitter. Je prenais une pause. Il faisait déjà noire dehors et l'intérieur de cet appartement du onzième était toute blanche et se reflétait dans les vitres. Je repensais à tout ce qui s'était passé entre temps. Soudain j'entends toc toc derrière la porte. J'ai de la visite.

Pour lui faire de la publicité, certains déclaraient que c'était pas vraiment le genre d'artiste que tu imaginerais peser dans le rap game. C'est une femme. On dirait pas à première vue mais oui, quand on lui demande si elle est sûre, émilie  est bien une femme. Rousse lesbienne et toute petite, et on s'étonnait qu'elle ai pu magnétiser les foules dans son collège avec ça. Je me demandais vraiment qui allait venir. Je n'avais connu personne suffisamment pour leur faire de la pub. Malgré les milliers de textes que je l'avais vu écrire. J'ai éteint la lumière et j'ai doucement fermé la porte pour descendre, sur une table avec Mathilde , pendant que je chippais une sucette au lait de chanvre sur le comptoir.

La bière coulait beaucoup avant que les lumières ne s'éteignent, et avant que sur scène celle-ci ne se râcle la gorge. C'était parti pour deux heures de live. Elle allait déballer tous ses meilleurs textes, comme autant de cadeau pour célébrer mon arrivée.

-Je vais me jeter sur scène pour lui dire à quel point je l'aime à un moment donné, c'est pas possible autrement.

Timidement je me suis rapprochée d'elle. J'ai regardé ses yeux et j'ai vu à quel point elle avait l'air amoureuse, même après presque 4 ans de relation et de vie commune. Maintenant elles étaient dans la même école, car oui elle avait fini par l'avoir, l'ens. D'après Mathilde, elle était très anxieuse et passait son temps à chercher auprès d'elle une lueur d'encouragement.

Chez moi aussi. Elle était terrifiée par ce concours et par les résultats, comme elle avait été terrifiée par ce concert. Et elle se calmait.

Vers 21 heures tout s'est fini. Tout est devenu noir et montée sur un ressort je me suis levée pour applaudir ma meilleure amie pendant de longues minutes en frappant, frappant fort. J'étais infiniment fière pour elle. Juste après que celle-ci soit sortie des coulisses aménagées pour elle, Mathilde s'est jetée pour l'embrasser encore une dernière fois pendant que je reste sagement avec ma troisième sucette que je plante dans un verre à cocktail. Je tourna alors la tête vers la vitrine, avec un petit rire qui se coupa net.