Connasse comme la ville.

6 1 0
                                    

La mère de mon grand-père s'appelait édyta et c'était une juive polonaise de Lituanie.Donc après l'Ukraine,la Lituanie.Même ma grand-mère qui n'avait pas vraiment d'intérêt pour la conscience nationale polonaise considérait que cette ville appartenait à la Pologne.J'avais fait il y a un an les hundred facts about me,et j'avais précisé que mon arrière-grand-mère venait d'une ville qui s'appelait Connasse(ça s'écrit Kaunas mais on sait lire). Et d'après la tante Eddie,sa fille,c'était effectivement le cas.

Edyta a vécu la première guerre mondiale depuis sa contrée qui appartenait de toute façon à l'empire russe.C'est après la guerre donc que ce Birnbaum de Galicie orientale a rencontré la belle Edyta,qu'il est tombé amoureux d'elle,dans cette ville,et que grâce à cette rencontré,elle eut une toute autre vision de l'exode et de la bible de façon générale.C'est le père de mon grand-père qui a donc converti sa femme au sionisme.Et j'ai pu voir comment sa lointaine ascendante,ma cousine Edith Birnbaum était et comment elle réagissait chaque fois qu'on la draguait sur une plage à Haïfa.Et apparemment Edyta était comme elle,et son statut de discriminée n'arrangerait rien.

-Apparemment quand notre père a voulu enseigner l'hébreu à ceux qui débutaient dans leur quête spirituelle,elle,qui assistait à la préparation des cours,s'était moqué de lui,le croyant incapable d'enseigner.Et au final elle a assisté à ses cours et ils sont partis ensemble en Israël.Fin.

-Elle était trop nulle ton histoire.

Elle a compris que j'en redemandait,et elle n'était jamais à cours de munitions quand il s'agissait de parler sur le dos de ses parents qui de toute façon sont morts tous les deux.Elle soupçonnait sa mère de s'être éperdument ri de l'homme qui la séduisait mais de s'être laissée tenter par l'émigration.Sauf qu'on ne divorce pas en Israël.Edyta n'avait même jamais osé l'envisager et s'était laissée prendre à son propre piège.La maison où elle a grandi et celle où le couple a grandi étaient encore visibles,la première était bleue et jaune,avait ces couleurs lisses de l'architecture du XIXème,et la seconde était même habitée par une femme qui s'appelait Ona ,était un petit pavillon des années 20 construit de long d'une route de campagne.Lorsque l'on s'est présenté à elle,elle a répondu:

-Ah oui,je vois.

Elle ne nous a pas fait entrer,et nous ne voulions pas non plus,on ne trouverait de toute façon rien.Le soir même,à l'hôtel,je me suis connectée sur Facebook,et j'ai lu un article sur le triste sort des synagogues en bois de Lituanie.Intriguée,j'ai cliqué et j'ai fait comme d'habitude rien d'autre que regarder les commentaires.Et voici ce que j'ai lu:

-Je souhaite que toute trace de la judéité disparaisse d'ici [...] Qu'ils pourrissent en enfer.

Faire partie du peuple qui a le plus haut QI au monde ne vaccine pas contre la connerie on dirait.Je l'ai fait effacer.Je tentai sans cesse de me rassurer,de me dire que ma mère avait raison de venir ici et que tout le monde devrait faire pareil.Mes soubresauts ne firent que croître pendant que la colère prenait lentement mais sûrement possession de moi comme si j'étais un être humain pour une fois.Combien de temps allaient survivre Israël de toute façon?N'était-il pas temps d'envisager plutôt une remigration?Je me suis endormie en gardant ses idées pour moi ce n'était pas le moment de me brouiller avec les birnbaum.

-Tu veux vraiment voir les lituaniens,les ukrainiens,les polaks?demandait-on souvent à ma mère.

-Oui insistait-elle alors.

-Très bien,tant pis pour toi.

-Tant mieux,voulez-vous dire.


RébeccaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant