16-Point of view

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Aidan

Précisement au moment où je pensais que tout était fini pour Samuel, rien ne s'est passé. Je ne sais pas comment fait ce mec pour se tirer de toutes les situations possibles et inimaginables, mais j'en ai assez.

Je suis quand même content d'un côté que mon plan n'ait pas abouti, car cela voudrait dire qu'il aurait causé indirectement la chute de son petit frère.

Je devrais peut-être aller m'excuser, mais si je croise Samuel, je ne pense pas être en mesure de totalement me retenir. Il vaut mieux me tenir éloigné quelque temps.

J'ai ensuite eu envie d'aller parler à Liam, pour m'expliquer avec lui à propos de ce jour où il a voulu...voulu...enfin, bref. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans une telle situation.

J'ai vraiment le chic pour m'enfoncer dans de sales draps tout le temps.

Finalement, j'ai renoncé à le faire, parce que la perspective de cette discussion m'angoissait beaucoup trop.

Mes options sur mon champ d'actions s'amenuisaient de plus en plus, et bientôt, je ne serais plus en mesure d'essayer la moindre tentative.

Alors comme rester assis à rien faire ne m'enchantait absolument pas, j'ai fait un truc complètement con.
J'ai appelé Henry.

Je ne sais pas ce que j'espérais mais je suis bel et bien tombé sur sa messagerie. De son point de vue, je dois avoir l'air d'un obsédé, au mieux. Au pire d'un harceleur.
Mais je ne m'y habituais toujours pas. Le vide de son absence était de plus en plus grand. Elle est loin l'époque, où je refusais sec de vouloir le croiser.
Maintenant, je suis dans un tel état de manque que je me fais pitié à moi tout seul.

Après ma petite erreur concernant l'appel, je suis parti à Altburrows. À ce stade, peu m'importait de tomber sur Samuel. Qu'on règle ça une bonne fois pour toutes, comme ça, plus jamais personne n'osera venir s'en prendre à ma famille ou à mes amis.

Heureusement, ou malheureusement, selon le point de vue, Samuel n'était pas là. Je ne sais pas si je suis soulagé ou frustré, mais j'ai quand même croisé son frère, qui avait l'air de prendre la route menant en centre-ville.

-Hé ! l'ai-je appelé.

Il m'a remarqué, puis m'a laissé le regard de pas-maintenant-s'il-te-plait-je-suis-pressé mais je l'ai quand même rattrapé.

-Qu'est-ce qu'il y'a Aidan ? a-t-il soupiré. J'ai pas trop le temps.
-Je sais. Je voulais juste savoir comment ça allait.
-Pourquoi ça n'irait pas ? hasarde-t-il.

Tiens. On dirait que la rumeur que j'ai balancé ne les a pas affectés le moins du monde. Tant mieux d'un côté, mais je suis vraiment plus que surpris.

-Ah et...(Je me retiens de lui balancer à la figure mes atrocités) Et tu vas où là ?

-Bah...La voiture de ta sœur ne va pas se réparer toute seule, rétorque-t-il avec sérieux.

Je passe du déni à l'incompréhension.

-Tu bosses dans un garage ?
Ce n'est pas la question que j'ai envie de poser, alors je rectifie.
-Tu lui as parlé quand exactement ?

J'ignore pourquoi je commence subitement à me mettre en colère, parce qu'il est clair que ce gamin fait un effort pour supporter mes sautes d'humeur sans broncher.

-Avant-hier, je crois, répond-il sincèrement. Mais pas que.

Et je pars à la dérive. Une fois de plus.

Mon crochet du gauche l'atteint juste sur l'arcade sourcilière, et au bruit que fait l'ossature de mon poing serré au moment du choc, il est clair que je l'ai sérieusement amoché.

Il perd l'équilibre, mais se rattrape en reculant d'un pas.
-Putain, mais tu délires ?!! s'exclame-t-il en touchant sa tempe endolorie.

Il ramène ses doigts plein de sang. Oui, je dois délirer. Je devais clairement être en manque de cible, de sang, de viande fraîche.

-Non mais si t'es autant un connard, je vois pas pourquoi je m'embête à te tenir à l'écart de Sam, s'insurge-t-il, résolu. Je te souhaite bien du plaisir au moment où il te cassera la gueule.

Puis il part, en pestant contre moi et mon agressivité. Je secoue ma main, qui me lance. Je ne voulais pas être autant impulsif, mais c'était instinctif. Pourquoi cet imbécile tapait la discute avec Brenna ? D'expérience, il ne peut vouloir qu'une seule chose. Et ça, je ne le supporte pas du tout.
Brenna s'est toujours tenue éloignée de ce genre de conneries, des mecs pas nets. Et voilà qu'elle fricotait avec le plus bizarre d'entre eux.

Il est temps que j'ai une sérieuse discussion avec elle.

Je rentre à la maison relativement tôt, pour la simple et bonne raison que je n'ai presque plus rien à faire de mes journées maintenant que Saltwood est à distance.

Les filles sont encore à l'école, puisqu'on est lundi, mais je les attends. Je cherche les derniers cookies du paquet que j'ai caché sous l'évier, et le trouve vide. Bon sang, je n'aurais jamais dû leur révéler l'emplacement du Graal.

Brenna et Colleen arrivent vers cinq heures, avec pour en-cas un chocolat chaud chacune. Et moi, je crève la dalle. Parfait.

-Eh, Aidan, t'es déjà là ?!!! s'extasie Colleen.

Il est vrai que j'ai souvent été absent ces derniers temps, donc je la laisse me faire un câlin.

-On a fait une expérience en classe aujourd'hui. Avec la combustion, me raconte-t-elle. Ça explosait de partout, c'était trop bien. (Elle semble réfléchir une seconde) Comme le jour où t'as fait les pétards à la maison !

-Colleen ! prévient Brenna.

Mais moi, ça me fait rire qu'elle s'en souvienne.

-Ça m'a l'air bien, approuvé-je. Mais va d'abord te changer si tu veux que je t'explique comment j'ai fait pour les pétards.

-Ouais !!

-Aidan ! s'énerve Brenna.

Mais Colleen court déjà en montant les escaliers à toute vitesse, impatiente de connaitre le secret de l'explosion suprême, qui a failli cramer le couloir de l'étage à l'époque.
Je me tourne ensuite vers Brenna.

-Bon, maintenant, c'est l'heure des explications, quémandé-je.
-De quoi ? fait-elle en posant son chocolat sur la table de la cuisine.
-C'est bon, arrête de faire semblant. Je suis au courant pour toi et le frère de Sam.

Brenna fronce les sourcils, en croisant les bras, son attitude de défi permanent.

-Désole de te décevoir mais il n'y a rien entre nous, répond-elle.
-C'est ça.
-Oh, tu me saoules à faire ton protecteur.
-Ça n'a rien à voir, pourquoi tu ne me l'a pas dit ??! m'indigné-je.
-QUOI ? Tu te moques de moi ! Et toi, quand est-ce que tu comptais me dire pour toi et Henry ??
Je ne réponds pas.
-Aidan, je peux comprendre que tu t'inquiètes pour moi et mes relations, mais pour l'instant, c'est toi qui a besoin d'aide.

J'expire tout l'air de mes poumons avec le sentiment inéluctable de m'être fait avoir. Non, je ne lui en ai pas parlé, parce que je ne voulais pas qu'elle sache. Aussi simple que ça.

-Je ne sais pas ce qui se passe Aidan mais...
-Parfaitement, tu n'as aucune idée de ce qui se passe, la coupé-je.

Et je réalise, qu'en fait, moi non plus.

Mortal Venom TOME 2Where stories live. Discover now