15-What an obsession

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Brenna

Non, je n'ai pas pensé à ce baiser depuis ce jour-là, et non, je n'ai pas été obsédée par Queen tout ce temps.
Je ne cesse de me le répéter, pour être bien sûre que rien ne cloche chez moi. Ou chez lui.

Parce qu'à sa place, je me serais taillée très loin d'une pauvre fille qui s'invente des histoires dans sa tête.
Heureusement, demain, c'est dimanche, et je vais enfin pouvoir souffler un peu, et oublier tout ça.

Enfin, façon de parler car je compte enquêter. Je devrais probablement mieux rendre visite à Antonella, que j'ai plaqué sans grande justification, mais je suis toujours obsédé par lui.

Aidan rentre à la maison vers vingt-deux heures. J'ai déjà forcé Colleen à se mettre au lit, parce qu'elle commence toujours à angoisser, quand elle constate qu'il n'est pas là.
Je ne peux pas l'en blâmer, il nous a déjà fait le coup de disparaître sans explication.

Il rentre donc, l'air épuisé, en enlevant son gilet. Il ne fait pas spécialement froid, de ce que j'en sais, mais Aidan collectionne les habitudes bizarres.
-T'étais où ? je demande en croisant les bras.
-Nulle part, répond-il en marchant, montant vers les escaliers.
Sa réponse ne me dit rien qui vaille. S'il esquive la question, c'est qu'il est probablement en train de faire des conneries. Mince, comment vais-je l'arrêter cette fois-ci ?
Une seule issue : Henry.

Le lendemain, je me rends chez lui, avec pour objectif d'obtenir son aide pour Aidan, et aussi pour autre chose.
J'ai envie de savoir un truc à propos de Queen. Son école. Ah oui, et au passage, son nom m'arrangerait bien aussi.

Je ne frappe pas à la porte car je sais que c'est tout le temps ouvert ici.
Je trouve Henry dans le séjour, la télévision sur une chaîne d'infos, et complètement concentré sur son portable.
-Henry ? C'est Brenna.
Il est en jogging, combo chaussettes et ses cheveux sont ébouriffés. Et il a, très très mauvaise mine.
-Henry ?
Il finit par daigner me regarder, puis soupire.
-C'est Aidan qui t'envoie ? Dis-lui que c'est peine perdue.
-Quoi ? Non. Mais comment ça, de quoi tu parles ? fais-je sous le choc.

Henry se lève et se dirige vers la table pour se servir un verre. D'ici, je n'ai pas l'impression que ce soit de l'eau. Je réalise que je me suis incrustée dans une histoire que je ne comprends pas.
-Qu'est-ce qui s'est passé entre vous ? demandé-je d'un ton mal assuré.

Il hausse les épaules.

Ça me met encore plus mal. Aidan et Henry, terminé ? Je ne peux pas le croire. Ils ont toujours été l'idylle en laquelle je croyais, la religion que je suivais, pour moi, leur duo était indestructible, irremplaçable. Et voilà que c'est fini, sans préambule, et que les deux se comportent comme s'il ne se passait rien ?
-Merde ! crié-je.

Henry fronce les sourcils, indigné par mon manque de raffinement.
Je ne me sens pas de devenir le médiateur de leur relation, mais je sais qu'ils ont sérieusement besoin d'aide.
-Va falloir que vous réglez ça entre vous, affirmé-je en soupirant.
-Je ne crois pas que ça puisse se régler en un claquement de doigt.
Je ne comprends pas d'où vient sa mauvaise foi ? Où est passé le véritable Henry, qui ne renoncerait jamais à mon frère ? La situation est encore pire que je le pensais.
-Si vous ne faites pas un effort tous les deux, je te jure que je vais finir par appeler Marie-Lou, menacé-je.
C'est une grosse mise en garde que je fais là, parce que bien sûr, personne ne veut avoir affaire à Marie-Lou. Pas même lui.

-Brenna...
-Je veux rien savoir.

Je suis sur le point de partir quand je me rappelle que je suis venue pour une autre raison.

-Je sais que je viens de te menacer, mais je peux te demander un service ?

Il plisse les yeux, légèrement dégouté, mais acquiesce. J'ai l'impression d'avoir retrouvé l'ancien Henry l'espace d'une seconde, toujours prêt à se dévouer, même lorsqu'il est contrarié.
-Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il.
-J'ai besoin de retrouver quelqu'un.

*

Après quinze minutes à farfouiller les dossiers de tous les lycées de la ville, Henry est formel :
-Il n'y a aucun élève du nom de Quintana dans tous les établissements scolaires de Los Angeles.
J'en reste muette. Ça me dépasse. Queen ne serait donc dans aucune école de la ville ? Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Puis je comprends. Altburrows, son quartier, est vraiment pauvre. Alors si lui aussi se débat dans la misère, peut-être qu'il n'a pas le temps d'aller à l'école, et qu'il bosse dans ce garage où je l'ai vu. Ma déduction me met mal à l'aise. Comment n'ai-je rien pu voir venir ?
Il faut que je m'en aille, que j'aille lui parler. Que tout soit clair.
Je récupère mon sac sur la chaise et commence à partir, avant de renoncer, et poser une question qui m'obsède, depuis pas mal de temps.
-Henry ?
-Oui ? dit-il en fermant son ordinateur.
Je ne dis pas qu'il a l'air triste, parce qu'il s'obstine à cacher cette émotion, depuis que je suis arrivée, par de l'indifférence. Mais je perçois bien une sorte de nostalgie qui ne le quitte pas. Il n'est plus tout le temps en train de sourire, comme il en a si bien l'habitude, surtout quand il regarde mon frère.
Voilà pourquoi ça ne peut pas se terminer entre eux. Parce qu'ils ne sont pas heureux l'un sans l'autre.

-Pourquoi, demandé-je. Pourquoi est-ce que tu aimes mon frère ? Je sais qu'il est beau à en mourir mais...

Je me retiens de terminer ma phrase, parce que je n'aime pas lui faire des éloges, des compliments, même quand il n'est pas là. Il prend vite la grosse tête, contrairement à Henry.
Henry, lui, n'est pas beau à en mourir, mais plutôt beau à en vivre. Parce qu'il présente toujours cette joie et cette bonne humeur sur ses traits, que mon frère n'arbore jamais.

Henry finit par répondre, au bout de longues secondes de silence.

-Parce que c'est Aidan, fournit-il comme explication comme si ça suffisait.

Mortal Venom TOME 2Where stories live. Discover now