12-The deal

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Henry

Alors, c'est ça. C'était son plan depuis le début. J'aurais dû me douter qu'il allait sortir un truc de ce genre.

-Alors ? me demande Samuel une nouvelle fois, à bout de patience.

  Je n'arrive pas à retenir les larmes qui coulent de mes joues. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Ça aurait dû bien finir. Malheureusement, je n'ai pas écouté Aidan, tout ça pour tenir encore à mes principes et à mon éthique. J'aurais dû les condamner tous les deux. J'aurais  pu faire tellement de choses. Mais maintenant, il est trop tard. Samuel a gagné.

Flashback :

  Je rentre un peu plus tôt des cours aujourd'hui. Finalement, la radiologie est bien moins intéressante que prévu. Ce que je préfère, c'est l'interprétation des résultats, mais on n'y est pas encore. On révise inlassablement les os composant le squelette. Cubitus, radius, humérus. Humérus, radius, cubitus. Je suis vanné.

Je passe d'abord au supermarché pour rafler quelques produits dont notre frigo commence à manquer puis récupère les clefs de la Honda qu'Aidan m'a offerte pour rentrer à la maison.
  Une fois chez moi, je range les courses puis m'autorise enfin à prendre pause.
  Je sors dans le jardin pour appeler Marie-Lou, dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis le début de la semaine quand tout à coup, je suis alerté par un bruit suspect, au fond des buissons qui donnent sur la porte de derrière.

  Alors que je ne devrais pas m'inquiéter davantage, je décide d'aller inspecter de plus près ce son non conventionnel.
  Mais je fais la plus grosse erreur de mon existence.

Samuel Quintana émerge de sa cachette de fortune, une clope glissée entre les lèvres. Qu'il ait pu se cacher là pour m'attendre est complètement surréaliste mais j'aurais dû veiller à ne pas le sous-estimer.

  Je retiens mon souffle. Venant sans doute de me faire piéger de la plus belle des façons, je me mets immédiatement à réfléchir à toute vitesse. Puis je comprends un truc crucial : s'il voulait me blesser, il l'aurait déjà fait. Cela ne peut vouloir dire qu'une chose, il a peur des conséquences de son acte.

  Je sors mon téléphone.

Samuel sourit.

-Je vois que tu es intelligent. Tu as sans doute compris que si je m'en prenais directement à toi, ton petit copain se ferait une joie de me brûler vivant.

  Mince, Quintana est encore plus calculateur que je le pensais. Mieux vaut vite passer cet appel. Il lève une main, sûr de lui.

-Pas si vite, mon ami. Parce que si tu l'ouvres, les répercussions pourraient être terribles.

  Inconsciemment, je me mets à rire.
-Quoi, tu vas me tuer ? ricané-je.
-Toi non. Mais elles si.

  Puis il sort une tablette, avec une fonction vidéo activée. J'y jette un coup d'œil. Mes pires craintes se réalisent quand je constate qu'il s'agit de la chambre de Brenna, jouxtée à celle de Colleen.

-Sois-en sûr, continue sournoisement Samuel en tirant une taffe. Si tu parles, je le saurai. Et tu pourras dire adieu à ces gentilles demoiselles. Ça doit être dur d'avoir conscience d'être la cause de la mort de deux personnes...

-T'es qu'un sombre fils de pute.

-Je vois que tu as compris. Maintenant, je vais t'expliquer ce que tu vas faire : Aidan aurait sûrement une fureur de tous les diables si tu venais à mourir, c'est pourquoi je préfère l'éviter. En revanche, ce qui pourrait le mettre K.O définitivement.... Rien de tel qu'une bonne trahison.

  Je suffoque au moment où il prononce ces mots. Je ne peux pas accepter ce qu'il me demande. Je ne peux pas. Je ne veux pas lui faire du mal délibérément. Mais dans tous les cas, il en souffrira.

-Ah oui ! Et si tu décides de le mettre dans la confidence, n'oublie pas qu'il est impulsif et incapable de prendre de bonnes décisions. Vous courrez droit à la catastrophe dans ce scénario.

  Le salaud. Il a tout prévu. Il savait quand je serai seul chez moi. Il savait qu'en menaçant Brenna et Colleen, après la promesse faite à Aidan, je serai incapable de faire quoi que ce soit qui nuirait à leur sécurité. Quitte à faire des trucs complètement stupides.

-Alors ?

  J'écume de rage, incapable de comprendre les motivations de cet individu en face de moi. Malheureusement, j'ai perdu la partie.

Aidan

  Je veux juste m'assurer qu'il va bien avant de rentrer chez moi. Le détour n'est pas trop long. Ça vaut sans doute mieux que de me ronger les sangs toute la nuit pour rien. Je sais qu'il va bien. Il ne lui est rien arrivé, c'est impossible.

  Quand j'arrive devant leur maison, je me rappelle que j'en ai encore pour quatre semaines maximum avant que Marie-Lou revienne. La saison d'Aave a subi une prolongation durant l'été, et ils n'ont pas pu rentrer.

  Je frappe à la porte, et constate avec exaspération que celle-ci est encore ouverte.
  Je rentre à l'intérieur, espérant que tout est en ordre, et c'est le cas. La maison est toujours bien rangée, et la lumière de la cuisine m'indique qu'il est encore debout à cette heure-ci.

  Je pénètre à l'intérieur, et le trouve assis à table, face à un comics, un de ses préférés : Punisher.
  Sauf que...il l'a déchiré. En des centaines de morceaux de papier, qui ornent la table.
  Ce spectacle me laisse sans voix.

-Tu te souviens de celui-là ? commence par me demander doucement Henry.
  Je hoche la tête, toujours perdu.

-Bah, c'est celui que tu m'as montré la première fois que tu m'as parlé, je réponds.

  Henry baisse les yeux vers les pages déchirées. Il a les yeux rouges, et semble tellement fatigué.

-Eh bien, tout ça n'a plus aucune importance.

  Le ton de sa voix ne me dit rien qui vaille. Aussi j'essaie d'appréhender dans quelle situation je me retrouve.

-Qu'est-ce que tu essaies de me dire ?
-Ce que j'essaie de te dire ? C'est simple, Ayd, crois-moi. J'essaie de te dire que c'est terminé. Terminé pour nous deux.

Mortal Venom TOME 2Where stories live. Discover now