Ride up Baby

Cнαpιтre 15 : Aѕѕαѕѕιɴѕ ✔

Le sentiment de culpabilité est un aiguillon puissant.

Paul Auster

Félicia

J'ai toujours aimé le cours d'Anglais, et j'y ai toujours accordé une grande attention. Sauf pour aujourd'hui. Je suis partagée entre l'impression d'être épiée, (par Rebecca et Will), et l'envie irrésistible de poser ma tête sur mon bureau et de fermer les yeux pour avoir un petit somme, mais surtout, par le souvenir de ma conversation avec Matthieu, ou, comme ils l'appellent : Le Pendu.

Mes pensées divaguent vers les événements d'hier, mon premier jour dans de travail dans un bar qui s'appelle "Le Bar de la Liberté", pas très original comme nom je sais. Ma rencontre avec un personnage très étrange, qui suscité ma curiosité, ce qui m'a poussée à aller lui parler...

- Bonsoir, je dis en croissant les bras.

Nonchalamment, Le Pendu lève des yeux rougis vers moi. Je manque de hausser les sourcils, surprise, on dirait qu'il a pleuré.

Ma conscience me souffle que c'est peut-être parce qu'il a bu qu'il a les yeux injectés de sang, mais non, je n'ai pas l'impression que c'est à cause de l'alcool.

Il me scrute longtemps, essayant sûrement de lire en moi, je le laisse faire, docile, de toute façon, il n'y arrivera pas. Je croise son regard, et ne détache pas mes yeux des siens, j'essaie de lui transmettre mon soutien, de lui faire comprendre que je viens en paix, que je n'ai pas la même intention que les autres serveuses.

- Bonsoir. il fait d'une voix enrouée.

Il se racle la gorge, et je souffle, ne sachant pas par quoi commencer. Je me surprends à me demander ce que je fais là, ce qui m'a pris de m'asseoir là, face à lui, d'engager la conversation. Décidément, je fais beaucoup de maladresses pour les regretter ensuite ces derniers temps.

- Je... je commence en triturant mon tablier.

- Je ne suis pas intéressé Mademoiselle. Il me coupe en me fixant toujours.

Je hausse les sourcils et le regarde, offusquée.

- D'accord. Je réplique en me relevant.

Il me regarde perplexe, et lève la main.

- Non non, asseyez-vous Mademoiselle. J'aurais dû le savoir plutôt.

Je le regarde, indécise, et surprise aussi.

- Savoir quoi ? Que voulez-vous dire par là Monsieur ? Je demande, toujours debout.

- Asseyez-vous d'abord. Il dit en accompagnant sa phrase d'un geste de la main.

Je regarde autour de moi, à la recherche d'un client disponible, je ne remarque rien, enfin, à part les regards intrigués et perçants que me jettent Jade et les autres serveuses. Je hausse les épaules et reprend ma place, face au Pendu.

Tandis qu'il boit une gorgée de son verre, je profite pour le lorgner du coin de l'œil, cette fois de plus près. Je m'attarde sur le bleu triste et mélancolique de ses yeux, en me demandant s'il a aussi perdu un être cher.