Cнαpιтre 33 : Wнαт jυѕт нαppeɴed ? ✔

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En amour comme en amitié l'attente de l'autre est présente, comme l'inéluctable désillusion...

Valérie Cheignon

Félicia

— Toi, tu viens chez moi ce weekend, faudrait qu'on révise un peu et je m'ennuie toute seule avec trois cons à la maison.

Profitant de ma béatitude après sa proposition, Rebecca attrape mon sac à dos et sort en courant de la classe. Elle se faufile entre les élèves et j'en viens à penser qu'elle est vraiment habile, avant de me rendre compte que c'est mon sac qu'elle a pris.

— Rebecca ! Je lance en tentant de la suivre.

Mais avant que je ne puisse faire un pas de plus, je sens que je perds mon équilibre. Trop tard pour essayer de me rattraper. Je vois le sol s'approcher de mes yeux et avant que je ne puisse faire le moindre geste, je sens des mains sous mes aisselles me tirer vers le haut en m'empêchant de me fracasser le nez.

Je relève les yeux et mon regard croise celui du fils du directeur, dont le visage est à quelques centimètres du mien à présent. Tout à coup, la salle qui me semblait bruyante après la sonnerie me parait tout à coup si petite et si saturée, et j'ai presque l'impression d'être une claustrophobe enfermée dedans.

J'en oublie presque de respirer quand je me rends compte que ses yeux me regardent toujours avec autant d'insistance. Mon moi intérieur me supplie de détourner le regard, comme à chaque fois que nos yeux se rencontrent. Je le veux, je veux détourner le regard, seulement, je ne peux pas. J'ai l'impression que ses iris verts m'ont enchaînée à eux par je ne sais quel enchantement, et je n'aime pas ça. Bon sang, qu'est-ce qu'il se passe ? Hurle ma conscience. Mon cœur me souffle que c'est une mauvaise idée, mais mes yeux, eux, refusent de coopérer. Bordel, que m'arrive-t-il ? Ces yeux me sondent du regard, comme s'il voulait me faire passer un message. En fin de compte, se peut-il que ? Oh oui, j'aime ça. Je me sens ensorcelée, ça faisait un moment que je n'avais ressenti ce sentiment. Ça remonte à longtemps, à vraiment longtemps...

La musique bat à fond autour de nous, mais je n'entends que des bourdonnements. Je n'arrive pas à identifier la chanson et je m'en contrefiche. Tout ce qui compte, c'est lui. Face à moi, il bouge au rythme de la musique, ses yeux ne me quittant pas du regard. Je pose mes mains sur son torse, il pose les siennes sur ma taille. Il se penche, il...

Mon corps est soudain pris de tremblements incessants. Non. Je refuse.

Mais avant que je n'émette la moindre résistance face au fils de mon parrain, il me relève, vérifie que je suis bien debout avant de me lâcher et de s'éloigner de moi, comme si j'avais la peste.

Et je reviens sur Terre, le bruit de mes camarades de classe me revient et me frappe comme une vague un peu trop forte, qui me ramène à la réalité. Que vient-il de se passer au juste ?

Dans ma tête, j'essaie de récapituler : J'ai failli me fracasser la gueule. Will m'a rattrapée. Il m'a touchée. Je n'ai rien ressenti. On a eu un moment d'égarement. Il a fini par rompre le contact visuel et m'a lâchée avant de s'éloigner comme, et je le répète, comme si j'avais la peste.

Il m'a touchée. Et j'étais tellement obnubilée par ses yeux que je ne l'ai même pas remarqué, et par conséquent, je n'ai même pas eu de crises.

Il a rompu le contact visuel. Pourquoi ? Depuis le début de la semaine, il joue à ce jeu, et à chaque fois, c'était moi qui capitulais et finissais par détourner le regard.

Je lève les yeux pour les poser sur l'objet de mes pensées, il est là, me tournant le dos, en train de ranger ses affaires. Je regarde autour de moi, tout le monde est occupé, j'ai donc rêvé ? Pourtant, un regard sur ma droite m'indique que non, je n'ai pas rêvé.

Ride up BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant