No Rules ║Feel Alive - T3

Risquer

- Louis -

La maison est plongée dans le calme, ma femme s'est endormie dans le canapé. William par contre, n'a pas du tout envie de dormir, il rigole et frappe ses jouets lumineux, assis sur son tapis. Pour qu'elle ne se réveille pas, j'emmène le petit avec moi dans la chambre. Nous nous installons sur le matelas, il éclate de rire en essayant de m'échapper.

— Ho Will, il est minuit, on va arrêter de s'exciter tu crois pas ?

Il m'escalade vite et s'allonge sur mon ventre, m'étouffant de boucles blondes. C'est très rare que je hausse la voix, alors ça le calme tout de suite. Mr. Lapin lui est collé devant le visage, il se met à suçoter son oreille tout en jouant avec mon nez et ma bouche de ses petits doigts.

— Maman ?

— Maman elle dort. Pas comme toi p'tit monstre.

L'allusion le fait rigoler.

— Ça te fait rire ? Je vais te jeter dans ton lit et fermer la porte moi tu vas voir.

Le blondinet secoue négativement son nez dans mon cou, s'accrochant fort à ma tête de ses bras potelés. En dernière tentative, je roule et nous allonge sur le flanc, face à face, caressant lentement ses yeux de mon pouce. Ça fonctionne, il les ferme enfin et ne les rouvre plus.

Je t'ai eu.

En quelques minutes à peine, sa respiration devient profonde. J'arrête de toucher ses paupières et recule un peu pour mieux le regarder. À chaque fois c'est la même chose, la même pointe au cœur. Ce petit gars, je l'aime tellement que ça me fait mal.

Les bébés, ça me connait. Je ne compte plus le nombre de sœurs, de cousins, de neveux qui me sont passé entre les mains, mais celui-là de bébé, il est la gentillesse et la douceur incarnée. Il est si beau, si affectueux...

Et putain qu'il te ressemble Styles.

C'est dur pour moi. Chaque jour je voudrais pouvoir lui téléphoner, pouvoir lui dire à quel point ce gosse est génial. Je voudrais pouvoir le supplier qu'il revienne, qu'il ne manque aucun de ses sourires, de ses chutes ou des premiers mots qu'il nous offre si fièrement. Je voudrais qu'il soit là.

Mais Harry ne répond jamais, il filtre mes appels.

Harry ne veut pas vivre tout ça.

Tout à coup William remue, ses yeux chocolats s'ouvrent pour vérifier que je ne suis pas parti. Le soulagement que je lis sur ses traits me gonfle le cœur avant qu'il ne referme les paupières.

— Papa, soupire-t-il.

Des larmes me menacent, de plaisir mais de confusion aussi.

— Je suis là Will.

~*~

Ma famille est rassemblée pour le repas Dominical. Si du temps de mon adolescence c'était un moment que j'appréciais et vivais avec facilité, désormais ça n'est plus le cas. Lorsque l'on est adulte, marié et père avec mes antécédents relationnels de surcroit, rien n'est facile chez les Tomlinson.

Lorsqu'Harry a disparu du paysage, mes parents ont finalement voulu renouer le contact, attendris par la grossesse de Carrie. Leurs excuses, je les ai acceptées, parce que mes sœurs et ma famille me manquaient. Je n'ai cependant pas la mémoire courte et ne suis plus le même en leur présence, mes barrières sont toujours dressées.

Carrie est assise contre Georgia, elles discutent joyeusement tandis que Willy court avec les autres enfants dans les herbes en ruinant son beau pantalon blanc. Souvent il se retourne et nous cherche pour nous saluer ou il galope entre nos chaises pour qu'on lui embrasse cette tignasse bouclée. Ce repas s'annonçait donc agréable, jusqu'au moment où ma mère me demande de l'aider avec le four et que j'aperçois mon père nous suivre à l'intérieur. Arrivés dans la cuisine, je croise les bras et m'adosse au frigo, réticent.