Chapitre 6-Proposition [Ajouté]

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C'est grâce à cette arrivée désordonnée qu'Ulrich parvint à se glisser parmi les hôtes royaux. Aure se risqua à un regard désapprobateur, auquel il se sentit forcé de répondre au travers d'une moue désolée, pour ne pas s'attirer les foudres de sa sœur et ainsi provoquer le courroux paternel.

A cet instant, les musiciens commencèrent à jouer l'hymne de Wayton au clavecin, couplé de celui d'Anburg grâce à des cornemuses, dont les panses de brebis venaient spécialement de la contrée de Pyrgos. Le mélange plus qu'hétéroclite, donnait une composition à la fois solennelle et étrangement novatrice, moins désagréable que ce à quoi s'attendait la jeune femme, voire même plutôt plaisante, suivant le rythme des torrents de pluie.

―Bonjour Aurore.

Aure tourna la tête sans reconnaître à qui cette voix-ci appartenait.Un jeune homme faisait la révérence devant elle. Sa surprise fut donc telle lorsqu'elle découvrit le visage surélevé de la tignasse brune qu'elle connaissait si bien, où quelques gouttes de pluie avaient formé des perles translucides qui glissèrent jusqu'à ses chaussures. Un duvet couvrait maintenant le menton d'Oswald, couplant la voix désormais grave de celui qui était devenu un homme. Des sourcils broussailleux assombrissaient son regard, mais Aure sut,rien qu'en le contemplant qu'il était resté ce garçon empoté à la joie intarissable. Un sourire chaleureux s'était dessiné sur les lèvres de la jeune femme.

C'est cet instant que choisit une silhouette aux cheveux roux pour rejoindre le reste de la cour de Wayton. Son sourire glissa instantanément et la culpabilité se répandit en elle plus rapidement que le jour où elle avait rejeté sur Ulrich la faute d'avoir mis le feu au bureau de son père avec un chandelier. Comment Aure pourrait-elle un jour prochain avouer à Oswald qu'elle ne l'aimait pas et que leur chance de bonheur avait été ruinée dès le jour où elle avait rencontré Louise ? Qu'il n'avait jamais été qu'un ami avec lequel elle partageait une entente cordiale ?

Reprenant ses esprits, Aure fit une révérence à son tour et accueillit le roi et la reine d'Anburg avec une cordialité distante.

―Le temps n'a aucune prise sur votre beauté, Adélaïde, concéda le roi Robert avec un rire cristallin. Bien que les relations entre les deux nations soient cordiales depuis des siècles, Aure, connaissant son père, sourit à cet accès de joie forcée. Peut-être était-ce par naïveté, mais elle était d'avis que dans de tels rapports,l'honnêteté était parfois préférable à de fausses flatteries.

Oswald offrit une main quelque peu tremblante à la princesse, qui fut contrainte de l'accepter et la guida vers l'intérieur du château.Maintenant que leurs fiançailles étaient engagées, les gestes d'affection chaste devaient se multiplier.

Aure profita de l'arrivée de la cour pour s'échapper en compagnie d'Ariane, avant de revêtir une nouvelle robe pour le bal, le soir-même. Celle-ci n'avait rien d'extraordinaire. Il s'agissait de se montrer digne de l'occasion tout en n'appuyant pas les élans amoureux d'Oswald. Elle n'était décemment pas prête à l'encourager, d'autant plus qu'elle savait maintenant que Louise avait bravé son interdit et qu'elle serait présente.

C'était toutefois vêtu de pied en cape et ses yeux noirs brillants comme deux hématites, que le jeune prince attendait sa promise à l'entrée de la salle de bal.

Aure se garda bien de prononcer les premiers mots, bien trop embarrassée par la situation et se contenta d'avancer en maintenant fermement le bras d'Oswald. Toutefois, sentant que celui-ci était au plus mal,elle se força à voler à son secours et à adoucir l'atmosphère.

―Je suis contente de te voir. Tu as l'air en forme.

Un sourire radieux glissa sur ses lèvres, soudainement mis en confiance. Avec un coup d'œil furtif à son père, il bomba le torse et Aure sentit sa prise se resserrer sur son bras.

Aure Pourpre [Terminé]Where stories live. Discover now