Sang-Mêlée

Chapitre 1

-Cela reviendra. Patience.

L'inconnu quitta son appui et s'approcha tout doucement pour ne pas brusquer son corps vers la petite rivière, s'accroupit, mit ses mains en coupe, prit de l'eau entre elles et se désaltéra. Son corps le remercia de son initiative, sa gorge asséchée ne lui aurait pas permis de plus parler. Ça lui fit un bien fou, il passa un peu d'eau sur son visage.

Il se releva, ferma les yeux, inspira et une onde sortit de son corps, ses yeux se rouvrirent, il vit les auras de tous ceux qui se trouvaient dans la forêt, que ce soit animal, insecte ou les êtres qui habitaient cette forêt. Les nains. Il voyait comme en plein jour comme un animal nocturne. Ne voyant aucun danger, il grimpa dans un arbre et décida de se reposer, il regarda le ciel étoilé avant de s'endormir.

L'étranger est réveillé quelques heures plus tard par des bruits de sabots qui titillent ses oreilles, il ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Il aperçut un cerf avec son faon ainsi que sa femelle venir se désaltérer dans la rivière dans laquelle il a bu quelques heures auparavant. Ses muscles se détendirent d'un coup quand il se rendit compte que cela ne représentait pas un quelconque danger pour lui, l'inconnu pensait qu'on l'avait retrouvé même s'il n'allait pas se rendre sans se battre, il ne laisserait personne mettre la main sur lui, il ne mourrait pas d'envie de retourner là-bas et encore moins perdre sa tête pour ce qu'il avait fait. Il regarde l'horizon et constate que le soleil est déjà haut dans le ciel, il n'avait que trop dormi, il devait reprendre la route.

Ses yeux s'illuminèrent d'or, il inspira et expira difficilement, son corps se courba pour se changer et prendre celle d'un lynx noir ébène. Il peut désormais faire le chemin à pattes, prendre la forme d'un oiseau lui prend beaucoup d'énergie, d'ailleurs, il n'a pas récupéré de son précédent voyage. Il descendit de son perchoir alors que le cerf le regarde évaluant s'il est un danger pour lui et sa famille, le lynx s'incline devant lui pour montrer son respect. Il ne bougea pas d'un pouce jusqu'à ce que le cerf  retourne boire dans la petite rivière, le félin s'approcha tout doucement et buvait un peu d'eau avant de se détourner pour prendre son élan.

Le lynx se mit à courir et sauta par-dessus la rivière pour s'enfoncer dans la grande forêt. L'animal évitait les différents obstacles sur son chemin, les troncs d'arbre allongés sur le sol ainsi que les petits animaux ignorant son ventre qui grondait à cause de la faim, évitant rocher et arbres avec agilité, ses pattes bondissaient pour se rendre aussi loin que possible du territoire des nains. Il savait où se rendre, le territoire des humains. Il savait que sur les territoires des humains, il aurait la paix, il n'aurait plus peur d'être poursuivi sans relâche.

Il voyageait depuis des jours, ne se souciant pas de dormir ou d'écouter son corps lui montrer sa déshydratation et sa famine, il ne savait plus de quand datait son dernier repas ou de la dernière fois où il a senti l'eau coulé le long de sa gorge, mais il savait que ça remontait à loin. L'étranger toujours sa forme animale de lynx s'arrêta, les pattes flageolantes, il s'effondra sur le sol épuisé et surtout affamé. Il sombra dans la noirceur de l'inconscience, fermant les paupières pour ne plus les rouvrir, du moins pour le moment.

Il se réveilla quelques heures plus tard, ouvrant difficilement ses paupières lourdes, ses oreilles s'agitèrent quand des bruits suspects lui parvinrent. L'animal entendait des cris mais pas n'importent lesquels, ceux d'une femme. La gueule encore pâteuse due à son inconscience, il se remit sur ses pattes, ses yeux se mirent à luire de magie puis il changea de forme pour un loup noir et blanc de trois têtes de plus qu'un homme. Il décida de suivre les cris, se mettant à courir en faisant le moins de bruit possible.

Il n'était plus loin et il eut raison, là devant ses yeux, il vit une jeune fille attaquée par des bandits qui s'apprêtaient à la violer. Ne supportant plus cette vision, un grognement menaçant sortit de sa gueule et ce dernier résonna dans la forêt, faisant fuir les animaux des alentours. Les bandits s'arrêtèrent d'un coup et regardaient la noirceur de la forêt arme aux poings. 

-Va voir ce que c'était.

La peur se lisait sur leurs visages et le loup s'en délectait. L'un d'eux poussa son collègue avec la pointe de son arme alors que ce dernier tremblait comme une feuille, mais avançait tout de même. Il avança tout doucement vers la forêt, regardant autour de lui sous le regard fauve du loup. Ce dernier les muscles bandés à l'extrême est prêt à bondir, la subite montée d'adrénaline ne lui faisait plus penser à la faiblesse de son corps. Il toise la jeune fille de son regard azur, cette dernière sanglote les larmes dévalant sur ses joues encore juvéniles. La mâchoire serrée, il allait se délecter de leur peur.

*Impardonnable.

Un nouveau grognement fait sursauter les bandits, l'homme continue sans le savoir à s'avancer vers la bête qui rigole intérieurement de sa bêtise. 5 pas, 4 pas, 3 pas, 2 pas, 1 pas, le loup sort de sa cachette, lui saute dessus toutes crocs dehors et lui plante profondément dans la gorge sans qu'il ne puisse rien faire. Un gargouillis immonde sort de la gorge de sa proie alors que le sang s'écoule de sa bouche, avant que le loup ne jette le corps plus loin. Le canidé plaqua ses oreilles sur son crâne, les crocs retroussées sur d'immenses crocs. 

Le liquide carmin encore chaud coule le long de sa gueule et sur son pelage, rendant l'image aussi sinistre que possible. Il sent le goût de ferraille coulé dans sa gorge, il regarde les autres bandits qui n'ont pas quitté des yeux la bête en colère. Ils tremblent de tout leur corps, effrayé par ce qu'ils ont sous les yeux. Ils regardent le loup sous toutes les coutures. Ce dernier hurle, les bandits reculent de peur face à la créature en face d'eux.

-Il est énorme!

Effectivement, le loup était plus grand et plus gros que ses congénères, mais ça ne le rendait pas moins agile et rapide. Il attaque à nouveau, plantant ses crocs et ses griffes dans ses ennemis qui ont osé s'attaquer à une jeune fille sans défenses tels les lâches qu'ils sont. Alors qu'il attaque ses ennemis, l'un d'eux se faufile dans son dos, décochant une flèche qu'il reçoit dans son dos ce qui le fait grogner de douleur. En colère, il se retourne lentement un bras ensanglanté dans sa gueule qu'il relâche sur le sol, il s'avance vers son ennemi les babines retroussées et attaque de nouveau, il plante ses crocs dans son bras, lui brisant les os du bras dans un craquement sinistre, il lui arrache son bras d'un coup sec et le bandit se vida de son sang sur le sol.

Le loup regarde autour de lui pour constater que ses ennemis ont été décimé, ils sont tous au sol baignant dans leur sang, certains sont morts, d'autres gémissent de douleur en tenant leur membre blessés ou manquant. La bête se tourne vers la jeune fille, elle tremble comme une feuille, assise sur le sol en le regardant avec peur. Il s'avance vers elle lentement,  cette dernière ferme les yeux pensant sa dernière heure arrivée, mais à la place, elle sent quelque chose d'humide contre sa main. Elle ouvre les yeux pour voir la truffe humide du loup sur ses doigts. Elle lève une main et le passe dans son pelage.

-Merci.

Elle prend l'immense tête et la serre contre sa poitrine avant que le canidé ne se lève la tête pour la remettre sur ses jambes. Il grogne doucement, passe sa langue sur le visage de la jeune fille qui rit avant de se dégager d'elle, il se détourne et s'enfonce dans la forêt, disparaissant dans le noir. L'adrénaline parcourant ses veines ne lui permet pas de ressentir la douleur de la flèche profondément plantée dans son dos et s'enfonçant un peu plus à chaque foulée. Il a complètement oublié d'enlever la flèche.

Il marche à nouveau pendant des jours et des jours, jusqu'à ce qu'il en ait mal aux pattes, après le massacre qu'il a fait, ils ne mettront pas longtemps à remonter jusqu'à lui et la peur d'être capturé enserre sa gorge et son cœur, l'empêchant de trouver un repos qui serait pourtant la bienvenue.

Ps: J'espère que ça vous a plu, par contre je ne sais pas à quel rythme je vais poster, je vais faire en sorte de faire ça une fois par semaine mais je ne promets rien, l'inspiration va et vient à sa guise donc voilà, plein de bisous et à bientôt.