Lysa - 26 -

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Pelotonnée dans le confortable siège de sa voiture moderne, le sommeil ne tarde pas à m'emporter.

— Réveille-toi petite libellule. Nous sommes arrivés.

Hum... Je vénérerai cet accent toute ma vie.

Son revers de main caressant ma joue dans une douceur enivrante, je tente de soulever les paupières avec beaucoup de peine tant la fatigue s'obstine à m'abattre. L'odeur de mâle perchée au-dessus de moi, je me redresse, ôte la veste qu'il a déposée sur mes épaules pendant mon état d'inconscience. Mes membres engourdis trainent pour m'extirper de l'habitacle, embastillés dans cet état de brouillard cotonneux.

— Pas moyen de te redonner vie. Je pensais que tu étais plongée dans le coma, j'ai failli alerter les secours.

Il se moque, un grand sourire s'étend sur ma bouche. Cela fait des mois que je ne me suis pas sentie aussi bien. Mon corps avait besoin d'évacuer sa rage, de parler par la violence des mots. Certaines personnes trouvent la tranquillité d'âme en écrivant sur du papier, moi, je lutte jusqu'à craquer. Ce soir était mon coup de tempête d'un vieux désespoir terré depuis jadis. J'ai fait envoler le toit des maisons, laissé déborder mes pensées les plus cruelles, mais la haine n'est plus en moi. Ni ma force qui m'a quitté depuis longtemps.

— Il est tout de même...

Je vérifie l'heure à ma montre.

— ... une heure trente du matin ?

— Je vais finir par croire que tu regrettes ces heures passées en ma compagnie.

Cet homme m'apaise, ses mimiques m'apaisent bien que nos moments de sérénité illusionnent un couple parfait. Je lui ai tant de fois répétée, crié la vérité, seulement, il se borne à persister. Il a confiance en mes progrès lentement acquis, davantage en nous deux et nos engagements.

— Ne sois pas si bougon et souhaite-moi une bonne nuit, je suis exténuée.

Ethan s'avance vers moi, pas trop près, afin de déposer un tendre baiser sur ma joue. Tellement proche de ma bouche, que je peux sentir ses lèvres à la commissure des miennes. Mon corps stimulé s'enflamme dans l'instant : action, réaction. Ma respiration se réduit, mon bas-ventre se contracte. Je clos les paupières, me laisse envahir de ce paisible moment. Un parmi tant d'autres que je garderai précieusement en mémoire.

— Plus près...

Ses lèvres souriantes reviennent se positionner à cheval face à ma plainte. Pas assez pour que je puisse en sentir pleinement leur goût, je déplace alors les miennes en faisant pivoter à peine ma tête. Tous mes sens s'épanouissent à son contact, captent tous ses qualités innées : la douceur de son être, cette joie inégalable que je m'empêcherai d'éteindre en lui... Tant de perfections naturelles qui me prendront du temps à toutes les citer.

Mise à nue face à cette odieuse barrière qui vient lâchement de céder, mon corps s'adosse contre la portière de sa voiture. Je retrouve ce goût d'hier qui me faisait vibrer quand mon cœur était folâtre, qui me faisait entrevoir des milliers d'étoiles scintillantes derrière les paupières.

Sans les soulever, parce que je le connais par cœur jusqu'à l'intérieur, je resserre mes doigts dans ses cheveux foncés, cajole sa peau hâlée. Différents moyens de le mettre au supplice, de le garder tout contre moi comme si c'était la dernière fois.

Je visite son antre telle une touriste dans la ville. Fais la guerre à mon corps grossier qui gît sous mon âme pour recouvrer la douceur de ma jeunesse, pour lui donner un baiser digne de ses espérances à le faire frémir de plaisir.

Corps et âme, j'ai désiré cet homme. J'ai semé des vœux à en faire rager Julie, j'ai même juré de faire carême jusqu'à redevenir poussière. Très subtil quand on a peur de nouveauté.

Personne ne m'avait affectionnée avec autant de sincérité, mis à part Sam au début de notre relation, mais c'était seulement pour m'appâter dans son enfer. Je n'ai jamais vécu la bonne heure, uniquement l'impuissance et l'inégal.

Ethan semble plus fort pour réussir à se détacher de mes lèvres revenues à petits pas.

— Sans vouloir me faire passer pour le Dieu des vanités, je trouve que j'embrasse divinement bien.

— Cher Dieu, sans vouloir vous vexer, je trouve mes baisers plus délectables.

— C'est un aveu dépouillé de preuve que vous me jaillissez là. Laissez-moi m'en repaître de nouveau afin de pouvoir vous donner mon humble avis.

Ses lèvres déposent une caresse sur ma pommette, ensuite, sur la pointe de mon nez.

— Je n'ai pas encore goûté aux délices de cette saveur.

Sa bouche descend vers ma mâchoire, vers ma nuque qui se renverse contre la toiture de sa voiture. Ses mains touchent, se délectent de mes courbes qui semblent ne plus souffrir, jusqu'à ce que ses grandes paumes pleines d'audaces décident d'envelopper ma poitrine.

Toute personne de bon sens l'aurait invité à monter chez elle. Or, moncœur en cendre me trahit, refusant tout de bloc ce contact par trop intime.J'échoue encore une fois, soumise à cettepeur inséparable. Et comme à mon habitude, pour fuir la dimension physique de mon corps et de mes sentiments, j'aice besoin de me recentrer malgré mon désir foudroyant. Je m'écartedoucement, prête à périr, pas du tout guérie.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant