L'envie d'aimer - Tome 1

LYSA - 49 -

Cela n'en finira jamais !

Toutes sortes d'images se glissent de travers dans mon cerveau. Julie dit que c'est mon imagination qui cause ces souffrances, qui me fait avoir des hallucinations, seulement, je sais ce que j'ai vu. Je n'ai pas rêvé, c'était bien lui ! Sam était en boîte de nuit !

— Alors, parles-en à Ethan. Il a le droit de savoir que celui avec lequel il s'est battu était ton tortionnaire.

— Pour l'entendre me dire que tout est imaginaire ? Que sa petite amie est folle ? Ma mémoire ne me joue pas des tours, Julie. J'en suis certaine !

— Tu retombes entre les mains de l'ennemi pendant qu'un homme blessé t'attend en bas depuis plus d'un quart d'heure ! Dis-lui la vérité, Lysa.

— Je ne peux pas...

Cette partie décevante refait surface. Ça fait mal. Mal de se sentir si éloigné des autres, de ne pas savoir où aller. Le désespoir nous condamne à nous retrancher pour se sentir en sécurité, à regagner notre esprit perdu, accablée par cet univers qui ne cesse de nous tourmenter.

— Dans ce cas, je vais lui demander de partir.

Je mets fin à ce bavardage inactif, le cœur à l'étroit. Tous ces événements précipités me font pressentir un malheur, néanmoins, il me faut garder mon sang-froid, sans lequel, je crains de tomber dans la paranoïa.

Je descends l'escalier, sors de mon immeuble, l'esprit torturé. La douleur fraîche du coup de poing lancine mon visage, rend la zone encore sensible.

Ethan bat la semelle, piétine d'un pied à l'autre sur ses souliers cirés. Un hématome s'étend sur sa pommette qui mettra du temps à cicatriser.

Cette blessure n'adoucit pas son teint froid ni sa patience. Aussi loin que la distance des deux pôles, il est à des milliers de kilomètres de moi.

En temps normal, on trouvait toujours une solution pour se croiser au détour d'un couloir, parfois même dépasser les frontières de l'interdit. Ce n'était pas les baisers volés, les caresses lorsque l'envie dominait qui manquaient, tout ceci dans la limite de mes capacités. Or, aujourd'hui, mon directeur m'a écarté sans aucune explication de la réunion du projet sur lequel j'y ai mis tant de temps, d'énergie et d'espoir pour pouvoir aboutir à ce qu'il y a de meilleur.

Par malheur, je connais la cause de cet évitement. Il n'est dû à aucune tension professionnelle, plutôt à un désordre sentimental, à ma peur d'engagement qui fait retourner ses pas en arrière.

Sans trop m'avancer, je le salue d'un signe de tête, laissant s'épandre cette crevasse béante entre nous.

— Comment s'est passée la réunion ? Ils ont été satisfaits ?

— Très bien. Tu as fait du bon boulot.

Le peu de courage que j'ai réussi à m'insuffler s'éloigne à toutes jambes quand Ethan évite à tout prix de croiser mon regard, de me croiser tout court. Il préfère consulter les environs, jeter un œil à sa superbe voiture garée en face.

— Écoute, je...

— Mais putain, Lysa !

La peine me saisit, me tourmente, me rend médiocre. Quel genre de femme suis-je pour le faire souffrir autant ?