Lysa - 7 -

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Pour une des rares fois où je ne suis pas en retard, je décide de prendre soin de moi. Ça change des matins cernés après des nuits blanches où mes heures de sommeil partaient en cendre. J'avais beau laisser la porte ouverte à mon imaginaire, il se vengeait toujours sur mon subconscient pour le rendre encore plus sombre.

J'ai beau trier ces gros tas de fringues démodés, je n'ai toujours pas trouvé de tenue décente à me mettre. Je lance un regard décourageant aux habits à jeter puis ceux qui sont à garder. Le problème, c'est que la pile qui est censée être relogée sur l'étagère de mon placard est... Vide. Désespérément vide. Entre mes bras, j'attrape le tas en boule et le fourre au fond de mon armoire après avoir tiré, comme toujours, un slim et un débardeur.

Convaincu par ma meilleure amie, j'ai fini par faire des folies. Ma garde-robe renouvelée en entier, j'ai changé radicalement de style. Terminé les tuniques amples, les vêtements sombres et dépareillés ainsi que les chaussures passe-partout. J'ai opté pour une nuance d'été. Des couleurs pastel, des robes fluides et asymétriques, la folie totale. Et le plus inattendu, je me suis laissé persuader de rendre visite au coiffeur.

Dans ma tête, je revois cette brune d'un mètre soixante-dix en surpoids, avec de longs cheveux méchés qui ont perdu leur teinte, leur vitalité. Ainsi qu'une tunique ample avec les mêmes leggings pour dissimuler ses formes disgracieuses, pas de doute, c'est bien moi.

Maintenant, j'examine dans le miroir de ma chambre cette nouvelle femme relookée. Place aux jeans modernes, aux débardeurs et hauts blousants aux coloris actuels. Adieu les ballerines, et bonjour, les derbies.

Mais surtout, ce qui m'a valu un début de crise cardiaque : ma nouvelle coupe. J'ai fermé les yeux pendant près d'une heure en écoutant chaque clic des pinces, chaque clap des ciseaux qui s'abattait sur ma tête. Je n'ai ouvert les yeux qu'au signal de Julie, lui laissant la libre initiative à condition de garder une certaine longueur. J'avoue que le résultat est bluffant. Cet Edward aux mains d'argent a rendu toute la souplesse et la brillance à ma chevelure abandonnée depuis tant d'années. Celle où j'étais jeune et insouciante. Il a comme promis, respecté mes désirs en coupant toutes mes pointes décolorées et abîmées. Moi-même, j'en suis restée bouche bée en voyant mon reflet parmi toutes ces lumières. Je suis redevenu la Lysa de mes 17 ans. Cette nouvelle femme pour un nouveau départ. Enfin, j'espère...

– Mais qu'est-ce qu'elle fabrique ?

Je rejoins Julie qui peste devant l'entrée. J'ai opté pour un jean usé que j'ai retroussé, ainsi qu'un haut moutarde fendu de chaque côté de mes épaules.

Ce qu'il y a de remarquable avec cette collection, spéciale femme ronde, c'est qu'elle débute pile à la taille 46, autrement dit, la mienne qui met en valeur les formes opulentes de ma poitrine et s'ajuste pile à mes larges hanches. Je me sens moins laide, tout à coup.

Mon amie soupire d'impatience pendant que mes doigts replacent pour la énième fois, une boucle de cheveux indisciplinée qui tombe sans cesse sur mon front.

– Ça ne fait pas trop... Brutal, ce changement ?

Ses yeux méchants m'envoient des décharges de coup de fusil.

– Très bien, on y va !

*

* *

L'endroit est bondé de voitures devant la demeure de notre coach Sacha, qui a décidé comme chaque année de fêter à son domicile la fin de saison tennistique. Nos équipes s'approchent de la finale pour évoluer vers les régionales, ce qui fait la fierté de toutes ces heures enseignées à corps perdu.

À l'intérieur, une masse d'invités s'y trouvent déjà. J'avance d'un pas mal à l'aise sans prêter attention aux quelques regards qui se tournent vers moi, souriants et surtout surpris par cet aspect physique dont ils n'ont pas l'habitude. Il est clair que ce soir, je vais en brûler des rétines.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant