Chapitre 43

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- Jamy -

-"Hey Ho ! Tu t'ai mise à dormir dans la baignoire ou quoi ?"
-"Attend !"
-"J'ai pas que ça à faire ! Ça fait déjà plus de trente minutes que tu es la dedans! "
-"Attend je te dis !"
Je me tut, collé à la porte je n'entendais même pas le son de ses pas. Visiblement, elle ne se pressait même pas la vieille. Mon poingt atterri trois fois sur le bois jaune de la porte, trois coups bien grave retentirent.
-"Punaise..." Siffla-t-elle de l'autre côté.
La porte s'ouvra, elle n'était même pas taquet... Mon regard longea sa main vers son épaule dodu et humidifié, puis son visage... qui aux passages n'avait pas changé d'expression depuis la première fois, ses yeux verts me paralysaient, comme ceux d'un serpent près à mordre et à dégorger son venin et pourtant je trouvais ça tellement débile qu'elle me regarde comme une conquérante alors qu'elle n'est même pas dans une situation qui l'avantage.
-"Bon voilà...merci..." dis-je en prenant sa place dans la pièce chaude et humide.

- Céline -

Il faisait plus froid que d'habitude ce soir, seulement habillée d'un gilet au poil doux et un joggings gris qui attirait la poussière, je regardais mon pire ennemi, posé sur la table, dans les yeux.
Le carton de la pizza frétillait, elle devait être chaude, sortie du four... son odeur me traversa toute entière, je savais que si je faisais un pas de plus, j'allais tout engloutir. Je regardais mes jambes, mes genoux, mes bras...puis ma faim partie, s'en alla, s'évapora... un dégoût monstrueux c'était installé en moi, mon estomac broyait du vide, mais au moins le vide ne fait pas grossir.
Je me suis adossée au fauteuil en jouant avec la télécommande, je m'amusais à tripoter les boutons en cherchant à aller toujours plus loin dans l'entaille avec mon ongle. J'entendais l'eau couler dans la salle de bain, le bruit du tuyau en métal sur le carreaux du mur me berçait un peu. Je repense alors au barman et sa fille, celle qui me ressemblait... aujourd'hui je suis passée devant son bar, il était fermé... et il le restera je pense...
Où pouvait-il bien être ce cher monsieur ? Et où se cache sa fille ? Si elle me ressemble vraiment, j'espère que elle, elle a réussi, dans la vie, dans les amours, qu'elle au moins se sente bien dans sa peau et qu'elle attend un jour la venue de son père.
Puis je commence à penser au mien, à ses fleurs, à son sourire... aux cheveux blancs, aux mourons qu'il c'est fait dans mon adolescence, ce qu'il m'avait dit sur ma mère pour cacher son mauvais côté, pour me protéger... il avait les épaules pour me porter, la tête froide et assez rempli pour m'apprendre, et à m'aider à réussir... mon père. Il a toujours voulu que mon bien... c'est triste quand même, il c'est donné du mal pour qu'on vive heureux tous les deux et mes complexes lui ont donné la vie dur.
Je crois que sans vraiment le penser, il doit vivre plus tranquille, plus reposé maintenant que je suis partit, que je suis loin de lui, que je lui apporte beaucoup moins de traca...je suis fière de moi, à moitié, mais quand même. Toutes ces soirées devant la télé, devant des matchs de base ball, de foot, à manger et à boire jusqu'à tant plus, tous ces mercredi après midi devant le snac et le ciné au lieu de pousser à la salle, tous ces dimanches chez les voisins à rire devant un jeu de société et à déguster les gâteaux de la voisine... tout ça... tout ça a construit ma vie, tout ça à fait, certe de moi une gloutonne monumentale, mais aussi une fille heureuse, entourée, sociable, et qui ne devrait pas regretter tous ces moments d'exception. Mon père, m'a éviter le pire dans la vie... la ressembler, toute maigre, ne touchant qu'à l'alcool, seule, rongée par les remords... il a tellement voulu m'épargner ce physique et se mental de malade, qu'il a fait tout le contraire mais en y repensant ce n'est pas sa faute, est ce que au fond de moi je suis comme sa, que si je perdais ou gagnait des kilos je ne serais plus moi même, est ce que je me sens déjà bien comme sa ? Si je mettais de côté la pensé des gens,j'imagine seulement à quoi d'autre je pourrais ressembler.... et toutes les images qui passèrent dans mon crâne étaient flou... je ne me voyais pas plus mince ni plus grosse... je me voyais moi... simplement moi.

La pizza se refroidissait.

- Jamy -

-"Opé tu manges déjà?"
-"Mmh."
-"Ouais ta raison ne parle pas la bouche pleine."
-"Mmmmh !!"
Elle me montra soudainement du doigt.
-"Quoi ça ?"
Elle acquiesça.
-"Je vais pas m'embêter à porter un tee shirt chez moi quand même."
Elle avala enfin sa part.
-"Tu es sérieux?"
-"C'est comme ça, après un bain le soir, on ne met pas de tee shirt. Et puis te plaint pas trop, il y a beaucoup de filles qui voudraient être dans la même situation que toi."
-"Ah d'accord, je vois, avec le ventre que t'a, c'est vrai que les filles sont souvent, attisée... même attirée." Dit elle en plissant les yeux comme pour me provoquer.
Elle gloussa.
-"Je n'ai pas de ventre."
-"Si."
-"Non."
-"Tu vas me dire que ce sont des abdos ?"
-"tu veux toucher ?"
-"Non merci."
-"Non mais touche, on va bien voir lequel de nous deux a du ventre.."
Elle serra ses doigts contre la pâte enfarinée.
-"Je n'ais pas de ventre."
-"Et moi j'en ai c'est sa... tu oserais me dire que je suis plus gros que toi ?"
-"Je ne suis pas grosse."
-"Quoi ? Répète un coup ?
-"Je ne suis pas..."
-"Pas quoi ?"
-"SA SUFFIT !"

Elle mis les points sur la tables, la pizza fit un bon en avant.
Elle s'approcha de moi, les larmes au yeux.
-"JE NE SUIS PAS GROSSE ! JE SUIS TOUT SAUF GROSSE ET MOCHE ! LES GENS N'ONT QUE CE MOT À LA BOUCHE À LA FIN ! MOI JE VEUX PAS CHANGER, MAIS J'OSE TOUJOURS ESPÉRER QUE LES GENS CHANGENT ! MAIS NON !"

-"Oui Jamy, oui je ne suis pas miss univers, je ne suis pas parfaite, je retire même ce que j'ai dit... je suis grosse, pour vous je le suis, bien évidemment je ne peux pas vous en vouloir...mais est ce que l'on peut juger quelqu'un sur sa taille de pantalon, juger quelqu'un sur la taille de sa... de son...bref tu m'as comprise... une fille au physique parfait t'a t-elle déjà rendu heureux ? Et un garçon parfait est-il toujours fidèle ou gentil ? qui sommes nous pour juger ? Qui es-tu ? Pour me juger ? Et puis vous pouvez pas fermer un peu vos gueules ! Si vous le pensé, on a pas besoin de l'entendre ! On a pas besoin de votre avis.... je n'ai pas... je n'ai plus besoin de sa..."

Devant les yeux, des larmes jaillir des siens... un organe se plia en moi.
Elle se rassis, les mains sur le visage, elle envoya d'un revers de la main avec un colère indescriptible la pizza qui se renversa partout sur le sol. A mes pieds je voyais Tamarra, qui a tout fait pour me séduire une nouvelle fois, Cherryla qui pensait au couple parfait tellement elle se sentait parfaite, mon père qui n'a pas choisi la plus belle mais la plus sincère et fidèle, mon frère qui se donne a fond pour son épouse qui était tant qu'a elle un garçon manqué, une fille à problème, mon ami du lycée qui essayait de se faire un nom en marchant dans mes pas, Hortence qui lui savait parlé aux filles en réussissant à ne pas se faire passer pour un connard, je voyais ma mère, mon meilleur ami, sa copine, ma nièce, mes grands parents, mes ex, mes rencontres, mes délits, mes conneries, mon enfance... tout, tout me retombait dans la gueule...

Elle pleurait.
-"Céline."
Elle pleurait encore.
-"Céline regarde moi."
J'étais assis, près d'elle, je tentais de séparer ses mains jointes, débordant de larmes.
-"Jamy..."
Je la pris dans mes bras, je la forçait à se reposer sur mon épaule, je ne voulais plus qu'elle bouge, je ne voulais plus lui faire de mal.
Surprise elle tenta de lever la tête mais ma main retenait sa nuque. Elle finit par ce laissé faire, épuisée et contente je suppose que le calme revenait enfin.

-Céline-

Pourquoi ? Pourquoi il faisait ça?  Du bluff ? Encore une de ces blagues ? Franchement si c'est ça, moi je ne le supporterais plus. Il sentait bon, sa peau était douce et mon cou caressait son épaule, sa main retenait ma nuque contre lui. Puis l'impensable se produisit. Il pleurait.
-"Céline..."
C'était plus fort que moi,je devais voir son visage, il me laissa me redresser. Son visage était complètement décomposé, des larmes perlèrent sur ses joues. Mon coeur se déchira, et les sanglots réapparurent.
-"Jamy pou...pourquoi ?"
-"Céline je suis, je suis..."


"Profondément désolé."

Taille 42 Where stories live. Discover now