Chapitre 37

1.6K 126 4
                                    

- Céline -

Sa fera maintenant une semaine que je n'ai plus de maison, plus vraiment de vie, je errais entre les rues et les trottoirs. On allait bien finir par me trouver, tout le monde devait déjà être au courant dont mon père. Avec tous les messages qu'il a l'habitude de laisser, quelqu'un à dut retrouver mon téléphone et le prévenir. Le pauvre... J'aurais dut rester en Australie, a apprendre le français... mais ça je pense que vous le savez déjà.

Quant à moi, j'avais ce bar comme point de repère. J'étais dans un autre quartier pas trop loin de chez eux. Contre un hébergement je devais travailler pour payer mes nuits. Pas de place pour des économies, mais je force sur les pièces pour pouvoir m'offrir une cabine téléphonique pour appeler mon père, lui dire que je l'aime et que j'apprends toujours le français.
Que je ne vais plus à Fac, que je laisse tomber les études... Ils diraient sans doute que je ne suis plus une enfant, que je dois grandir, zapper tous ceux qui me veulent du mal et avancer. C'est pour ça que peut être je ne l'appelerais pas.
Et c'est peut être pour ça que demain je retourne à la Fac, et j'irais voir Hortence, il devait s'inquiéter le pauvre de ne plus me voir, mais il a dut continuer à transformer la boutique.

Il faisait aussi de plus en plus froid, l'automne était entré doucement en France, et à Bordeaux on voyait les premiers pull, et les premières bottes sautées dans les flaques d'eau sur le trottoir.
Aujourd'hui le barman m'a servit une barquette de rougail de tomate, une recette qui venait de chez lui, de la Réunion. J'avais tout avalé, sans y trouver ma faim, je grignotais une pomme qu'il m'a gentiment offert.
-"Tu as de la chance d'être tombée sur moi petite. Pas beaucoup de pauvre sont sauvé des rues." Dit il en allumant une cigarette. Assise sur une marche de l'escalier, je regardais mes ongles, tous sals.
Il s'appelait Gérald. Il avait une barde grise et les yeux tous verts, comme les miens mais milles fois plus claire. Les yeux d'un bébé plantés sur un visage ridé et ayant vus bien plus de choses que personne d'autre.
-"Je ne suis pas pauvre. Je...je me suis enfuis de chez moi."
Il me dévisagea sans aucune expression, seul son sourcil le trahissait, il avala une nouvelle taffe puis ferma les yeux fixé sur la rue calme par delà la fenêtre sur laquelle il s'était accoudé.
-"Tu as quel age?"
-"18 ans."
-"Retourne chez toi."
-"Je suis majeur."
-"Ça ne veut rien dire."
Sa faisait une semaine qu'il m'ébergeait dans son bar puant l'alcool, la drogue et les putes. Je restais dans le débarras, sans dérangé personnes avant qu'il me donne se poste de serveuse pour payer mon séjour. Et jamais, jamais je ne lui avais parlé d'autres choses que d'argent. Ces yeux verts...j'aurais aimé que mon père ait les même.
Comme je ne lui repondais plus, le regard sur mes genoux, il me proposa une bierre, j'acceptais... et je bus le liquide pétant cul sec, la tête en arrière. Mon cerveau se posa enfin, je soufflais. Puis je lance :
-"Mon père habite en Australie, la famille où je vis, n'est qu'une...famille d'accueil."
-"Et ta mère."
-"Elle est morte."
Silence.
-"Putain bah merde."
Une taffe de plus.
-"Non je déconne, je suis venue ici pour la rencontrée justement."
Une gorgée de plus.
-"Et tu as été déçu?"
-"Oh... je ne reconnaissais pas cette femme, et puis je suis persuadé que sous ses traits de bonne femme, le démon se cache en elle."
-"Elle boit ?"
-"Elle buvait énormément et papa m'a avoué un jour qu'elle était violente."
Pourquoi je mentais ? Peut être pour le cacher que je savais tout.
Une gorgé de plus.
-"Chaud."
-"J'avoue...et mec elle est bonne ta bière, tu en as une autre en stock? "
Il se retourna, avala encore cette fumée que je commençais à apprécier puis ria en montrant ses dents jaunis avec le temps.
-" Fait attention toi, l'alcool c'est dans les gènes."
-"Elle n'a rien à voir avec moi."
Les doigts serrés autour du briquet qu'il tenait dans sa poche, il se tourna vers un autre visage, celui d'une fille, coincé dans un cadre, le visage rond, les couettes défaites et les yeux couleur pelouse.
-"Tu sais j'avais une fille, un seul enfant, et j'avais une femme aussi... une maison, un boulot et ce bar que tu vois, j'en disais du mal tous les jours quand je rentrais chez moi, cravate autour du cou, montre en or autour du poignet et bague de mariage autour du doigt. J'étais heureux."
Je deposais la bière à mes pieds, puis colla ma tête au barreau de l'escalier en regardant ses lèvres effleurer sa langue. Il souria de désespoir.
-"Et puis un matin... des affiches de ma fille disparue étaient placardées dans toute la ville, elle s'était envolé, dans le vent...Après deux ans, ma femme en a laissé la vie, morte empoisonné par les médicaments. Un suicide."
-"Gérald..."
Des larmes perlèrent sur ses joues, trois taffe à la suite lui permis de tenir le coup.
-"Ce fut alors un mal pour un bien, au moment de me tué moi aussi, on avait retrouvé ma Charlotte. Elle avait été enlevé par une famille gitane pendant trois ans, trois ans bordel avant de la retrouver, trois ans à fixé le téléphone pour qu'au final, ma propre fille ne me reconnaisse plus..."
Je n'avais plus les mots.
-"Elle avait quel âge? "
-"10 ans... elle a été mise avec une famille d'accueil je crois. J'étais veuf, renvoyer de mon boulot et complètement instable. "
-"Qu'elle âge maintenant."
-"Oh environ la vingtaine."
J'avais envie de sauter dans ses bras.
-"Je suis profondément..."
-"Non, te fatigue pas, et puis jtai prise parce que tu l'as ressemble beaucoup et cette semaine j'ai aussi beaucoup réfléchit."
Il écrasa sa cigarette puis s'approcha d'un pas lent.
-"Tu es le signe de ma faiblesse."
Je sentais presque son haleine.
-"Comment ça ?"
-"J'ai réalisé que je devais partir à la quête de ma fille. Que si je ne viens pas à elle, elle ne viendra pas à moi."
-"C'est vrai."
-"C'est pour ça, que demain je ne veux plus te voir ici, mais chez toi."
Il avait haussé le tont. Je me suis révolté, le simple fait de revoir Jamy heureux de me revoir comme gagnant d'un pari me dégoûtais.
-"...quel rapport? "
-"Moi aussi j'ai fuis les problèmes mademoiselle, et regarde où cela m'a mené? "

Je déteste les adultes, parce qu'ils ont toujours raison ces crapules.
Pardon papa c'est pas contre toi.

Taille 42 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant