Chapitre 23

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-Céline-

Je marchais, je regardais mes pieds, mes cuisses cachées sous les plis de ma robe,mes sandales dépassant le tissu fleuri, les pointes de mes cheveux frôlant mes épaules dénudées, mes mains se balançant frénétiquement au rythme des légères secousses de mes seins. Je m'imaginais, marchant sur le chemin rocheux, le regard vide, droit, fixant un point sur le sol, le visage perdu dans une autre vision, dans un autre monde.
Dans un monde, et non pas une ville, perdu parmis la langue maternelle de ces terres, entremêlée de figures et de voix. Une femme passe, elle me sourit à moitié, dans mon pays, les gens se disent :"Hello." Ici on ose même plus parler. Chaqu'un vit pour soi et contre les autres. Autrement dit, la France n'est qu'un rideau de belles paroles cachant une fade réalité.

-Jamy-

J'allume la radio, il y a un tube "the felling" qui passe en boucle sur Musicslaf . Ce sont des anglais, plus précisément des australiens qui font ce carton en France.
J'appuis sur l'accélérateur de la caisse, elle n'est pas à moi, elle était à mon père puis à Arnold puis sera, bien plus tard complètement à moi. J'ai mon code et mon permis mais je dois encore me coltiner la vieille megane de ma mère pour que j'ai un peu plus d'expérience au volant avant de me donné la Golf.
Mais aujourd'hui c'était une exception, je me réserve toujours un jour dans la semaine pour jouir du fredonnement du moteur.
Bien évidemment si j'abime, je suis foutu mais on ne change pas une équipe qui gagne non ?
Je regarde, d'un revers de la tête derrière moi, puis dans le rétroviseur, Céline est loin, très loin d'arriver à temps à la FAC. Je commence à culpabiliser, serais-je aller un peu trop fort ces derniers temps ? Au fond je la déteste autant que ça ? Pourquoi ma fierté m'empêche de passer au dessus de tout ça ? Je regardais la route, fixant la plaque d'immatriculation de la voiture juste avant, du coin de l'oeil j'apperçois le paysage défiler dans le blanc de mes yeux. Les mains sur le volant, je m'apperçois que j'étais tendu même crispé, je relâchai mes épaules sans pour autant arrêter de loucher. Je regardais de temps en temps mes cuisses, mes genoux, mon ventre, j'étais fin, mais je me trouvais même maigre. Je m'imaginais alors, en train de rouler sur une route, fixant la caisse de devant. Et dire que papa était dans cette voiture, à ma place, les mains desserrées sur les côtés arrondis du volant. Le regard des Figer dans ses yeux.
Même mort j'étais sur que la lueur de notre famille brillait toujours dans le fond de son oeil, là où il était désormais.

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