Chapitre 22 - Du sang sur les mains

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Hall au sapin de l'Atelier.

— Faisons le point sur nos ressources, chuchota Marysa, qui s'était accroupie sur la passerelle et avait réuni ses six enfants autour d'elle, aussi proches que le leur permettait l'espace restreint. Nous avons ici quatre chasseurs confirmés dont un hors d'usage, un sniper d'élite, un hacker professionnel...

— ... et une archère en carton que l'on peut effacer de la liste parce que personne ne voit à quel moment elle pourrait se prouver utile, compléta Victorine en grommelant.

— Je vois personnellement une crevette suffisamment frêle et agile pour se glisser n'importe où sans être vue, répondit posément sa mère, sans lui tenir rigueur de l'intervention. Avec tout ceci, il faudrait vraiment y mettre de la mauvaise volonté pour ne pas réussir à obtenir quelque chose d'intéressant.

— Loin de moi l'idée d'y mettre de la mauvaise volonté, mais ça me semble tout de même assez maigre... maugréa Judith.

Marysa secoua la tête, l'air amusé.

— Il suffit de savoir faire les bonnes combinaisons. Regardez autour de vous. La hauteur nous offre un avantage de choix pour nous défendre des ombres, et nous avons justement quelqu'un ici capable de s'affranchir de la distance pour exploiter cette position.

Les regards se tournèrent lentement, réalisant petit à petit ce qu'elle sous-entendait. Nans fut le dernier à saisir que c'était sur lui que convergeaient leurs attentions, et ses yeux bleus s'arrondirent.

— Quoi ? balbutia-t-il. Vous déconnez ?

— La dernière fois que j'ai vérifié, tu étais le seul as du tir à distance de cette famille... contredit tranquillement Marysa en inspectant sa manucure parfaite. Je me trompe ?

— Mais je...

Nans eut un geste de recul devant l'absence de soutien qu'il découvrit sur les visages de sa fratrie. Ils ne pouvaient pas tous être d'accord avec leur azimutée de mère. Pas tous. L'un d'entre eux, au moins, devait faire preuve de bon sens. Il était complètement irrationnel de faire reposer l'intégralité de leur plan sur sa personne.

— Je ne suis pas sûr d'en être toujours capable, marmonna-t-il en désespoir de cause.

Dans un flash, Victorine revit la Voie, la passe dans la neige, les ombres fondant sur eux de tous côtés et son frère, à bout de forces, assis contre la paroi, qui avait levé son pistolet malgré sa main mal assurée et ouvert le feu sans manquer une seule fois son coup. Une moue dubitative s'empara de ses lèvres.

— Le sniper, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas, rétorqua moqueusement leur mère. Aucun d'entre nous n'en est capable, Nans, mais toi si. Je n'en doute pas une seconde. Maintenant, tu vas prendre ton matos, tu vas te trouver un coin avec un champ de tir suffisamment dégagé, tu vas me nettoyer le terrain et surtout, tu vas me faire confiance. Est-ce que tu t'en sens capable ?

Son regard d'acier transperça son fils de part en part, empêchant celui-ci de le soutenir plus de quelques secondes. Baissant les yeux sous une vague d'émotion qu'il attribua désagréablement à de la honte, il grommela :

— Ok.

— Parfait. Pendant que Nans nous ouvrira la voie, nous nous occuperons de descendre dans le sapin. Deux équipes : la première – Nathan et Judith – avec Victorine, pour s'assurer qu'elle arrive en bas sans encombre et la couvrir pendant qu'elle délivre votre père.

Ce fut le tour de la benjamine des Claus d'avoir l'air estomaquée.

— Moi ?! Mais pourquoi ?

From Christmas with LoveOn viuen les histories. Descobreix ara