Chapitre 3 - Silences

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3 décembre 2014, 16h12, maison des Claus.

Bouche bée et incapable de bouger, Nathan ne put quitter des yeux l'homme qui se tenait sur le pas de la porte. Le visiteur était à peine plus grand que lui, moins trapu, vêtu d'un anorak flottant qui semblait beaucoup trop léger pour le climat de la région. De fins cheveux blonds entouraient son visage aux traits fluets, presque émaciés, et tombaient en pagaille dans ses yeux clairs. Son teint palot lui aurait aisément permis de se camoufler dans le décor ambiant.

Nathan essaya de dire quelque chose, mais seul un balbutiement inintelligible sortit de sa bouche. L'autre jeune homme esquissa un petit sourire hésitant, le genre qui relevait à peine le coin de ses lèvres, mais qui éclairait son visage d'une expression très douce.

— Salut, Nathan, déclara-t-il.

Aucun son n'émergea de la bouche ouverte de l'interpellé.

— Y a un problème ? C'est qui ?

La voix bourrue de Judith précéda l'arrivée de la jeune femme, qui se hissa au-dessus de l'épaule de son frère pour apercevoir celui qui se tenait à l'extérieur.

— Léo ? nota-t-elle, stupéfaite. Sans délicatesse, elle bouscula Nathan hors du cadre de la porte et se planta devant le nouvel arrivant, le dévisageant des pieds à la tête. – Mon Dieu, ce que tu as grandi ! Où s'est carapaté le merdeux de quinze ans qui passait ses journées cloîtré devant son ordinateur ?

Léo eut un haussement de sourcils amusé.

— Il passe toujours ses journées cloîtré devant son ordinateur, avoua-t-il, alors que la brune l'entourait de ses bras pour le serrer chaleureusement contre sa poitrine. Ça fait plaisir de te revoir, Jude.

— Toi aussi, vaurien. Tu t'étais planqué où, pendant tout ce temps ? Et qu'est-ce que tu fais dans le coin ?

Sans protester, le jeune homme se laissa entraîner à l'intérieur de la maison. Judith le poussa sans ménagement au milieu du salon, referma la porte derrière eux et bouscula une nouvelle fois Nathan au passage ‒ qui était toujours paralysé dans l'entrée, avec l'air de s'être pris un grand coup de masse sur la tête. Depuis le fond de la pièce, les deux autres Claus semblèrent tout aussi surpris : Charlie se leva de son siège en dévisageant Léo comme s'il était tombé de la lune, et même les yeux blasés de Victorine s'agrandirent légèrement sous ses sourcils noirs.

— Putain, souffla l'aîné, alors que le blondinet planté au milieu du séjour se frottait l'arrière du crâne d'un air gêné. ‒ Léo. Si je m'y attendais. Qu'est-ce que tu fiches ici ?

— J'ai entendu dire que Santa était AWOL...

— Entendu dire ?

Léo marqua un temps de silence. Puis fit claquer sa langue d'un ton embêté, une impression coupable passant fugitivement dans ses iris.

— Il se peut que j'aie hacké ton ordinateur, concéda-t-il, en évitant le regard de Charlie.

Ce dernier se laissa retomber dans son siège et siffla une onomatopée pantoise.

— Petit salopard, lâcha-t-il, incrédule.

— Je me suis dit que la situation s'annonçait plutôt mauvaise, expliqua Léo en ôtant son écharpe. Il s'interrompit, eut un haussement de sourcil et corrigea : ‒ franchement désastreuse, et que vous pourriez avoir besoin de mon aide. ‒ Il sembla prendre conscience de la morgue de sa remarque et ajouta précipitamment : ‒ Éventuellement. Je dis pas ça pour me faire mousser.

— Oh, on a besoin de ton aide, Léo, le rassura Charlie. Putain de besoin. Ça fait déjà plusieurs jours qu'on en aurait eu l'usage.

— Je sais. J'ai vu. C'est pour ça que...

From Christmas with LoveWhere stories live. Discover now