Je n'ai pas de titre...

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Bien le bonjour à tous!
Toutes mes excuses pour cette attente interminable. Comme expliqué hier sur mon mur, pas mal de chamboulements dans ma petite vie ces derniers mois et peu de temps pour le net. Mais j'expliquerai un peu tout cela dans mon rantbook ce weekend. Je ne suis pas encore totalement satisfait de ce chapitre, n'hésitez pas à donner votre avis.

Bises à toutes et tous!

Le sentiment d'oppression qui émane de ces ténèbres est le plus violent auquel j'ai eu à faire face. J'ai l'impression que ces ténèbres sont bien matérielles, qu'elles cherchent à s'insérer en moi par tous les pores de ma peau. Je n'arrive plus à respirer. La panique me gagne, m'envoie des décharges électriques de la tête au pied. Je lutte pour ne pas tomber. Si tel est bien le cas, avec ces ténèbres, je n'arrive même plus à m'orienter. Elle brouille tous mes sens. Les sons sont étouffés. J'entends à peine ma voix alors que je me mets à hurler. Et cette odeur. Je n'arrive pas à la décrire, elle donne l'impression que la pièce est remplie de cadavres en état avancé de décomposition. Je tente tant bien que mal de contenir les pauvres bretzels dans mon estomac. Je me mets à trembler de tout mon long, je n'arrive plus à contrôler mes mouvements.

« Il n'y a qu'un seul moyen pour que cela s'arrête.

-Comment éprouver de l'amour face à une telle situation ? »

-Si tu n'arrives pas à dépasser ce type de pensées, alors tu es perdu. Car ces ténèbres sont bien réelles. Si tu n'arrives pas à les combattre, elles s'empareront de toi. Comme elles l'ont fait avec l'apprenti d'Obi-Wan. »

Je vais tuer ce type. Même dans une pareille situation, il s'amuse à faire des allusions à la Guerre des étoiles. Il est complètement barré.

« Ce genre de pensées ne t'aidera pas, bien au contraire. C'est un pas de plus vers ta perte.

-Mais alors, comment ? »

Silence total. J'ai beau répéter cette question, Gusfand répond aux abonnés absents. Je suis seul, face à ces ténèbres. Je ferme les yeux, enfin, je pense le faire, les ténèbres sont tellement puissantes que je ne perçois aucun changement. Alors que je tente de reprendre mon calme, le sentiment d'oppression augmente en intensité. Des images de haine, de destruction s'insinuent dans mon esprit. Je vois Marie se faire massacrer devant mes yeux. Ces salopards de skins qui la tabassent, la violent pour s'amuser, et qui ensuite l'égorgent en éructant un rire sadique.

« Arrêtez, je ne veux pas voir cela ! »

Mais les images se font des plus en plus insistantes et précises. Impossible de les chasser. Je vois des cadavres d'enfants, massacrés par une armée, mutilés par des bombes ou que sais-je. Je vois des hommes et femmes se foutre sur la gueule simplement à cause d'une place de parking. Je vois un handicapé se faire renverser par une bagnole simplement parce qu'un autre a décidé de se garer dans la zone de sécurité qui lui est réservée. Des tas d'autres images me parviennent. De grands massacres comme des petits gestes de notre quotidien, qui nous démontre que notre égoïsme, même avec de tous petits gestes, contribuent à augmenter notre frustration et notre haine envers son voisin.

Je suis débordé par ce flux incessant d'images qui défilent dans mon crâne. Elles défilent de plus en vite. Je pense ouvrir les yeux, mais elles sont toujours là. Une douleur indescriptible m'étreint. Le dégoût, la tristesse se mélangent en moi, et me submergent. C'est mon âme, mon cœur qui pleure. Comment éprouver de l'amour face à toute montagne de haine et de souffrance ?

Le mot de Gusfand me revient : la gratitude. Il en a de bonnes, lui. Remercier la terre pour tous ces conflits, ces paroles médisantes, cet égoïsme, cette jalousie en regardant ce que l'autre possède plutôt que d'être satisfait de ce que l'on a ? Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus.

Je referme les yeux. J'essaie de fermer mon esprit, de chasser la moindre pensée négative. Chaque tentative se résulte par une attaque encore plus puissante. J'ai l'impression de tomber, de chuter de plus en plus bas, comme si un gouffre s'était subitement creusé sous moi. Je ressens cette sensation alors que je n'arrivais plus à rien ressentir autour de moi.

« Chris... »

La voix de Marie. J'ouvre les yeux. Je la vois qui flotte, un halo lumineux qui l'entoure, au-dessus de moi. Elle me sourit, me tend la main. Sa lumière éclaire toutes les ténèbres environnantes. Je pleure, j'essaie de la toucher. A peine nos doigts s'effleurent que je ressens une chaleur intense me réchauffer. Elle m'apaise. Doucement, les images commencent à s'estomper, laissant la place à d'autres. Le sourire de Louise. La tendresse d'un enfant. Un mur humain, se tenant la main face à des chars qui arrêtent leur course. Un gars qui s'arrête à côté d'un SDF et partage son repas avec lui. La gratitude de voir tous ses proches venir pour fêter un anniversaire. Je laisse tous ces bons sentiments pénétrer mon âme. Le sentiment d'oppression perd en intensité. J'arrive à reprendre doucement mon calme alors que les ténèbres continuent leur agression.

La gratitude pour avoir pu profiter pendant des années de la compagnie de Marie, de mes enfants. D'avoir pu les voir grandir. La gratitude pour toutes les bonnes actions qui ont été faites autour de moi. Je remercie le ciel, l'univers pour chaque jour passé sur terre, de m'avoir porté, nourri, abrité. Je me nourris de ce sentiment. Je me nourris de l'amour qui en découle. Je ressens un ultime assaut de cette noirceur purulente contre moi. Je laisse couler cet amour inconditionnel en moi. Un cri de terreur et de rage retentit dans les ténèbres. Ces dernières se pressent contre moi, mais elles se retrouvent bloquées par un mur invisible. Au plus j'arrive à intensifier ces sentiments, au plus elles se mettent à reculer. Je sens comme une lumière se dégager de mon corps, illuminant cette ombre opaque, jusqu'à sa disparition. Au bout de quelques minutes, elles disparaissent totalement.

Gusfand me sourit. Son air ne dégage aucune malice. Seulement de la joie.

« Tu as réussi. »

L'aube d'un monde meilleurWhere stories live. Discover now