C'est à la fois ravie, stressée et excitée que j'arrive à la tour Green pour mon premier jour, vêtue d'un pantalon en lin cerise, d'un chemisier fluide blanc sans manches et de mes sandales argentées Gianvito Rossi (cadeau de Lucia et Ezio pour mon anniversaire), j'adore les stilettos, je me sens sûre de moi avec. Comme si en gagnant quelques centimètres, je gagnais autant en assurance.
Après m'avoir fait signer mon contrat et remis un pass Amanda qui a insisté pour que je l'appelle par son prénom me fait visiter les différents services et me présente au personnel. Je ne rencontrerai mon nouveau patron que plus tard car il est en déplacement à Chicago pour deux jours, m'apprend t-elle.
Je passe donc ces deux jours à mémoriser les habitudes de Monsieur Leeroy, et à prendre déjà le relai d'Amanda pour me mettre immédiatement dans le bain.
Le troisième jour, la journée commence mal. J'ai mal dormi, stressée par le retour de mon patron que je dois rencontrer ce matin, je n'ai trouvé le sommeil qu'au petit matin. Je me lève en catastrophe lorsque je constate que je n'ai pas entendu mon réveil sonner. J'ai dû me préparer en quatrième vitesse. Je crois que j'ai battu tous les records. Celui qui ose encore me dire que les femmes mettent deux heures à se préparer va passer un sale quart d'heure. 20 min top chrono pour me doucher, m'habiller et me maquiller. Tant pis pour la coiffure, mes cheveux sécheront pendant mon trajet en métro.
Je traverse le hall de la tour en courant, et prie toutes les divinités pour arriver avant mon patron. C'est rouge tomate et essoufflée que je me laisse tomber sur ma chaise de bureau afin de chausser mes stilettos colorés San Marina modèle Filadora, ma dernière acquisition. Je porte avec une robe crayon en lin noire et une petite veste légère rouge.
Je file ensuite à la cuisine des paniers de viennoiseries que j'ai commandé à la boulangerie française un peu plus bas dans la rue, et que j'ai fait livrer pour la réunion qui doit avoir lieu dans quelques minutes en salle de conférence, Mr Leeroy étant de retour aujourd'hui.
Le principal est prêt dans la salle et tandis que je reviens de la cuisine avec plusieurs litres de café dans des tasses je ne peux qu'entendre les remarques déjà désagréable de mon nouveau boss.
-Eh bien, Amanda, ta génialissime remplaçante dont tu ne cesses de me vanter les qualités semble briller par son absence...
Lorsque je passe la porte je marque un temps d'arrêt. Un léger malaise m'envahit. Damon. Voilà ce qui clochait. Mon esprit avait rangé dans un coin la photo que j'avais vu sur le site de l'entreprise lorsque j'avais fait mes recherches avant mon entretien. Dire que j'ai failli coucher avec mon futur patron.
Ressaisis-toi!
Je me secoue intérieurement et reprend vite contenance avant de passer le seuil, la tête haute et sourire commercial fiché sur mes lèvres. L'assemblée est exclusivement masculine et plutôt détendue, la réunion n'a pas encore commencé.
-Bonjour Messieurs. Café?
Damon relève la tête vivement, et me fixe intensément visiblement surpris de me trouver là.
Je fais le tour de la table avec l'aisance digne d'un garçon de café avant d'arriver à sa hauteur.
-Café, Monsieur? Demandé-je sur un ton professionnel.
-S'il te plaît, Cléo. Je ne relève pas son tutoiement et m'en vais m'asseoir une fois qu'il est servi pour prendre des notes.
Une fois la réunion terminée, Lence Brighton, que j'ai déjà rencontré lors d'un dîner d'affaire avec Alistair vient à ma rencontre.
-C'est un plaisir de vous revoir Cléophée, me sourit-il. Si j'avais su que vous cherchiez à quitter Alistair, je vous aurais proposé mes services... On dirait que j'arrive trop tard... Mais sachez que si vous changez d'avis, n'hésitez pas à m'appeler...
Il me remet sa carte de visite.
"Accepteriez-vous un dîner?" Je secoue la tête en souriant. "Je ne m'avoue pas vaincu... A bientôt Cléophée." Il salue mon patron avant de s'en aller.
-Au cas où tu ne le saurais pas, tu es au travail ici, pas dans un bar de rencontre, me dit sèchement mon patron. Si tu tiens à ta place, sache rester professionnelle. Je le fusille du regard.
-J'ai préparé la salle de réunion avant que la réunion ne débute, j'ai servi nos collaborateurs, j'ai pris des notes tout au long de celle-ci, aussi les notes et chiffres dont vous vous êtes servis ont été rédigés par mes soins il y a plusieurs jours de cela.
-tu as pris sa carte de visite!
-mais j'ai refusé son invitation à dîner! M'énervé-je. Je me rapproche en bombant le torse et en me grandissant autant que je le peux malgré ma petite taille. J'adore mon job et je fais un travail de qualité. Tu veux me virer? Fais-toi plaisir, Lence Brighton sera ravi de me débaucher, le défié-je.
-Je n'en doute pas une seule seconde, répond t-il une lueur de désir dans les yeux. Son parfum envahit mes narines et me trouble malgré ma colère. Je prends conscience de notre proximité et mon souffle s'accélère tandis que j'humecte ma lèvre inférieure.
-j'ai du travail, dis-je en rompant l'instant avant de déraper. Si j'avais des doutes sur le fait de succomber à une nuit à Florence, aujourd'hui il n'y aucun doute sur le fait que son statut de "Boss" le met définitivement hors jeu.
Alors que je m'installe à mon bureau pour me remettre au travail, Amanda me guette un sourire sur les lèvres.
-Ne vous inquiétez pas ma p'tite, il aboie mais ne mort pas. Vous faites du bon travail, ne vous laissez pas démonter, sachez rester à votre place mais battez-vous.
-hum. Je vais essayer.
-vous êtes une femme de caractère Cléophée. Vous vous êtes relevée de bien pire que quelques petites piques d'un patron mal luné... Je la regarde bouche bée.
-comment...
-j'ai pris soin de me renseigner sur vous. Vous avez la niaque et vous êtes compétente et c'est tout ce qui importe. Bien remettons-nous au travail, j'ai encore deux trois petites choses sur lesquelles vous briefer avant mon départ.
