Chapitre 14

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La tête me tourne. Mes jambes se dérobent sous mon poids et je me retrouve assise par terre au milieu des feuilles et des branchages éparpillés. Alban, le monstre terrifiant qui voulait me tuer ? C'est impossible. Et pourtant...

Entre mes mains, mes lunettes sont bien là, accusatrices. Je revois dans la pénombre malsaine de l'Heure Floue les yeux de la bête. Argentés, auréolés de cette lueur bleue que j'ai vu parfois briller dans les pupilles d'Alban. Le pelage pâle du loup se superpose avec ses cheveux, les crocs acérés avec son sourire. Au plus profond de moi, j'ai la certitude qu'Erebus dit la vérité. C'est encore une de ces choses que j'ai l'impression d'avoir toujours su, un souvenir oublié mais bien présent, caché dans les recoins de ma mémoire.

Alban est un loup-garou.

Et il a essayé de me tuer.

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il m'a attaqué mais les faits sont là. Katia avait raison. Il est dangereux. Je n'aurais jamais dû me disputer avec elle, j'aurais dû lui faire confiance depuis le début... Ma pauvre Katia, elle doit être terrifiée pour moi.

Cette pensée me sort de ma torpeur. Je me redresse tant bien que mal et sors mon téléphone portable, les mains tremblantes. Il faut que je lui dise que je vais bien ! Une vingtaine de notifications d'appels me saute au visage. Je lis rapidement les sms qu'elle m'a envoyé, et mon coeur se serre.

K: [ambre dis moi que tu vas bien]

K: [où es tu]

K: [dis moi où tu es]

K: [j'ai essayé de vous suivre mais je vous ai perdu de vue]

K: [je t'en supplie, dis moi où tu es]

K: [j'ai appelé les flics et ils ont rigolé]

K: [je sais pas quoi faire]

K: [rappelle moi je t'en supplie]

"Erebus, je dois appeler mon amie, elle m'a vu se faire enlever et...

-Et elle a peur pour vous, je comprends tout à fait. Appelez moi quand vous serez prête, je vous escorterais.

-Vous... Vous vous en allez ?

-Ne vous inquiétez, je ne serais pas loin. Seulement quelques mètres pour que vous puissiez passer votre appel en paix."

Je ne sais pas si c'est les conséquences du stress qui me retombent enfin dessus, mais son respect pour ma vie privée me fait soudain monter les larmes aux yeux. Il se rapproche de moi d'un pas, l'air inquiet.

"Je n'avais pas l'intention de vous faire pleurer !

-Non, c'est rien, juste..."

Et subitement c'est comme si un barrage venait de céder, et les larmes coulent à gros bouillons le long de mes joues. Je sanglote, comme un bébé, à la limite du cri, déchirée par une émotion que je n'arrive même pas à comprendre.

Les bras d'Erebus se referment autour de moi et il me serre fort. Je sais que je ne devrais pas me laisser aller, je le connais à peine et être si vulnérable est humiliant, mais je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. C'est trop, trop vite. Magie, loups-garous, vies antérieures... Il y a une semaine, rien de tout cela n'existait pour moi en dehors de la télévision et des livres. Et maintenant ma vie semble échapper à mon contrôle, comme du sable qui glisse entre mes doigts. Je ne suis pas puissante, je ne suis pas spéciale. Juste une lycéenne effrayée qui tremble de tous ses membres. Je donnerais n'importe quoi pour me réveiller maintenant, et réaliser que tout ceci n'était qu'un cauchemar de plus...

Mais Erebus continue de me serrer contre son torse, sa veste noire formant un écran entre moi et le reste du monde. Je suis comme dans un cocon de ténèbres, cachée, en sécurité. Son odeur emplit mes narines, aiguilles de pins et feuilles froissées, me ramenant doucement au présent. Peu à peu, mes larmes se tarissent. Ma respiration se calme. Je renifle, me sentant un peu ridicule.

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⏰ Son güncelleme: Jan 10, 2018 ⏰

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