Chapitre 19

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- Rachel, sais-tu au moins où tu vas?

- Mais bien sur, Andy!

Rachel et Andrew se disputaient sur le chemin à prendre afin d'arriver le plus rapidement en haut des falaises. Comme il avait plu quelques heures plus tôt, la rousse évitait toute trace de boue pour ne pas abîmer ses chaussures hors de prix, comme elle ne cessa de la répéter plusieurs fois. Le petit problème à la campagne, c'est qu'il n'y a que des chemins en terre et non en béton. Andrew m'adressa un regard désespéré. Je pouffa en le dépassant, prenant la tête du convoit. Nous descendions plus que nous ne devrions mais cela, la princesse aux talons hauts ne voulaient pas l'admettre.

- Rachel, nous devons monter.

- Darling, cesses de remettre en doute mes compétences d'aventurière, lui souffla Rachel à son oreille. Tu n'en doutais pas, il y a quelques années.

Andy lui attrapa la main avec laquelle elle lui caressait la joue puis la lâcha violement. Je fronça les sourcils. Il y avait entre eux un passé que je ne connaissais pas. J'avais l'impression qu'avec cette fille, chaque homme qui dormait dans cette maison avait eu un passé. Je me retourna rapidement afin qu'ils ne me voient pas les observer. Je descendis à nouveau une petite colline en soupirant puis je me mis à regarder autour de moi.

- Tu es perdue, Ailey, me fit Rachel sur le ton de l'évidence.

- Non, je cherche un moyen de gagner les falaises, répondis-je.

- Pour t'y jeter?

- Rachel!

- Oh ca va, c'était pour rire. Hé bien, vas-y, nous te suivons dans ce cas.

Je leva les yeux au ciel et, peut être par vengeance personnelle, je passa entre un troupeau de mouton et d'agneau qui attendaient de recevoir à boire. Je souria en entendant les cris de protestations de la rousse. Visiblement, les petites bêtes en laine ne voulaient pas laisser la duchesse passer. Je me retourna et explosa de rire en la voyant entourée par les moutons. Andrew se joignit à moi avant de, par scrupule, l'aider à passer. Les petites bêtes avaient l'air malicieux et vicieux, ce qui ne me déplit pas.

- Quelle horreur, je comprend mieux pourquoi on les tonds ceux-là, frissonna la rousse en frottant son long manteau bordeaux.

- Ca va aller? Lui demandais-je quand même par précaution en voyant son air terrifié.

- Oui, oui, c'est bon. Continuons!

La jeune femme me passa devant suivit d'Andrew. Elle avait beau m'agacer, je me sentis un peu coupable de l'avoir laisser sans l'aider. Peut-être que les moutons étaient sa phobie, tout comme le vide était la mienne? Mes doutes se confirmèrent, la jeune femme n'avait pas ouvert la bouche depuis. J'aperçus alors le regard d'Andrew me presser de lui dire quelque chose. Je lui fis un signe négatif de la tête mais il insista et j'obtempéra.

- Rachel tu...

- Un mouton m'a mangé les cheveux étant petite! M'interrompit-elle en se retournant vers nous.

Rachel avait l'air d'avoir livré un dur secret de sa vie, aussi tentais-je de garder mon sérieux en me pinçant les lèvres. Andy lui avait plus de mal que moi puisqu'il tourna carrément le dos à la jeune femme.

- Et j'ai du les couper de deux centimètres! Ce n'est pas drôle, Andy, arrêtes! S'énerva-t-elle. Sauf, si tu veux que je raconte à Ailey la soirée arrosée de Cambridge?

L'expression d'Andrew changea tout d'un coup, tout comme celle de Rachel. Cette dernière avait reprit son air hautain et arqua du regard l'ami d'Eddie. Je fus curieuse de savoir ce qu'il s'était passé lors de cette soirée mais je n'osa pas poser la question, je n'étais pas du genre indiscrète.

- Tu ne le ferras pas.

- Pourquoi?

- Parce que c'est aussi humiliant pour toi!

- Pas du tout, j'ai finis au lit avec Eddie, tu parles!

Andrew baissa la tête, visiblement, il avait oublié cette partie. Quant à moi, je chassa au plus vite ces images d'elle et Eddie ensemble, avant qu'elle ne voit que cela me fait quelque chose. La rousse, une main posée sur sa hanche, replaça gracieusement ses cheveux de l'autre.

- Je ne me souviens plus, Andy chéri, rafraichis-moi la mémoire, combien de filles t'a-t-il prises?

- Combien de filles? Répétais-je malgré moi. Je me sentis anxieuse rien qu'à l'idée qu'Eddie puisse être un véritable Don Juan au lycée.

- Qu'une, et c'était toi, arrêtes de raconter n'importe quoi pour effrayer Ailey.

- Oh, je t'ai effrayée, Ailey? J'en suis navré, ricana la rousse en reprenant son chemin.

Andrew posa sa main sur mon épaule d'un air réconfortant et me chuchota d'oublier ce que Rachel venait de dire. J'ignorais si cela l'amusait de me tourmenter ainsi ou si elle déguisait la vérité à son avantage. Quoiqu'il en soit, elle avait réussis à me couper l'envie de discuter totalement avec elle. Plus aucuns de nous ne parlaient durant de longues minutes. Nous atteignons enfin les falaises au bout de longue minutes. Malheureusement, nous avions mis tellement de temps à les atteindre qu'il fut temps de rentrer avec les autres. Je rebroussa donc chemin en compagnie des deux autres lorsque Rachel poussa un cris.

- Mon foulard!

Le bout de tissu c'était échappé du cou de la jeune femme et se dirigeait vers l'horizon. Etant la plus proche, je décida d'aller le récupérer en lui courant après. Ce dernier finit sa course, arrêté par une branche d'arbre et ce n'est qu'une fois l'avoir prit en main que je me rendis compte que j'étais au bord même de la falaise. J'eus comme un vertige en regardant en bas.

- Ailey, Rachel, revenez c'est dangereux!

Andrew était loin de nous et faisait de grand signe. La rousse prit son foulard et parti le rejoindre. Je voulus faire de même lorsque je sentis le sol s'effondrer sous mes pieds. Je poussa un cris en me sentant tomber. De justesse, je m'agrippa à une vieille branche sortant de la pierre.

- Au secours! Hurlais-je en constatant avec effroi mes jambes pendre dans le vide. Rachel, aides-moi!

J'agrippa de toutes mes forces la fine branche des deux mains, le visage relevé vers le haut de la falaise. Rachel était là, elle me regardait mais ne bougeait pas. Je la regarda, effrayée. Je la supplia de m'aider mais elle ne fit rien. Son sourire sadique me glaça le sang. Je sentis les larmes me monter aux yeux lorsque mon lourd poids fit basculer la fine branche.

- Putain, Rachel, tu fous quoi!? S'écria Andrew.

Ce dernier la poussa violement loin du bord et se pencha vers moi aussitôt.

- Accroches-toi, Ailey.

Tremblante, je pris des deux mains son bras qu'il remonta d'un coup sec. Je lui tomba littéralement dans les bras, choquée. Andrew nous éloigna du bord avant de me prendre vraiment dans ses bras. Cette fois, les larmes coulèrent bien de mes yeux. J'avais tellement eu peur, encore plus que lors du braquage. Je me détacha de lui pour regarder, avec haine, Rachel.

- C'est fini, chut, me rassura Andrew en me serrant plus fort contre lui.

J'aurais voulu lui arracher les yeux à cette fille mais pour l'heure, je me devais de calmer mon cœur ainsi que mon esprit toujours présent dans le vide de la falaise. Je tremblais. La falaise s'était affaissée sous moi. J'aurais pu mourir si cette branche n'avait pas été là. Je frissonna et cacha mon visage dans le creux de l'épaule d'Andrew. Je m'imagina toute sorte de complot que Rachel aurait pu comploter mais mon côté naïve et altruiste ne cessait de me contredire, jamais quelqu'un ne pourrait me faire une chose aussi monstrueuse.

~Un Noël chez les Redmayne~Where stories live. Discover now