Chapitre 6

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- Impatiente d'être en vacances, Ailey?

Les vacances, dieu savait à quel point je ne les aimais pas. Rester toute seule pendant deux semaines sans voir personne parce que tout le monde est parti, très peu pour moi. Je lança un regard fusillant à ma chère collègue avant de ranger mon manteau pour la dernière fois de l'année. J'avais essayé de négocier des jours de travail en plus mais sans succès, mon patron avait catégoriquement refusé, comme quoi je lui prenais déjà trop de jours durant les vacances de Pâques. On nous reproche de ne pas assez travailler et quand on veut, on peut pas, mais où va le monde.

- Bonjour, bonjour, comment vont les filles en cette belle matiné? Chantonna Simon en entrant dans les vestiaires.

- Oh ca va hein, grognais-je.

- Je t'enverrais des messages, tu vas voir, j'vais pas te lâcher, me "consola"-t-il en passant son bras derrière ma nuque.

Je leva les yeux au ciel d'exaspération, ferma un peu trop fort mon casier en fer et sortis. Mon groupe d'adolescent m'attendait déjà.     
     Les adolescents étaient pour moi une sorte de défis, leur faire aimer ou du moins, attirer leur attention, sur la Grand Guerre était compliqué. Je ne me démonta pas pour autant, au contraire. Je comptais bien profiter à fond de ma dernière journée!

    Cette dernière passa malheureusement trop vite. Le groupe de la matinée avait été un ange avec moi mais des vrais petits diable avec Simon. Le pauvre, à croire que les enfants préféraient la première guerre, ou serait-ce moi? Je me considérais pourtant plus stricte au niveau des règles à suivre.

L'après midi n'aurait pas pu être meilleure: un groupe de personnes âgées. J'aimais ce genre de client, des anecdotes sortaient toujours et c'était avec un réel plaisir que je les écoutais. Les vieiles personnes s'intéressaient réellement et n'étaient en rien forcée d'écouter ni de prendre un guide, j'en étais donc flattée.

- A l'année prochaine Ailey, me salua Claire en sortant du musée alors que je remettais mon badge à l'accueil.

- On se voit demain à la fête? Me posa Simon.

- Quelle fête? S'incrusta une collègue dont j'oubliais toujours le nom tant il était imprononçable. Moi et les noms polonais, ça faisait deux.

- Mon cousin Brett inaugure son exposition d'art contemporain.

- Je suis obligée? Gémis-je.

- Oui!

J'aimais bien Simon mais aller à exposition ne me passionnait pas plus que ça. J'accepta juste parce que c'était la dernière fois que je pouvais le voir de l'année. Cette pensée m'irrite la gorge. Je choisi d'aller dans Hyde parc, m'installer dans mon refuge afin d'y lire un bon livre. Il n'y avait que ça qui pouvait me remonter le moral. M'asseoir près de la statue de Peter Pan me faisait toujours penser aux rêves innocents que j'avais enfant et cela m'apaisait. C'était le comte préféré de ma mère, elle nous le racontait souvent à mon petit frère pour l'endormir.

Et, alors que je marchais dans le parc, mes pensées s'aventurèrent vers Edward. Il avait été si gentil et prevenant avec moi lors de la petite fête d'anniversaire. Thomas également, à vrai dire, j'avais passer plus de temps avec lui qu'avec son frère. Tous deux étaient charmant mais mon coeur s'emballait toujours lorsqu'Edward posait son regard sur moi.

Rêveuse, j'ouvris Hamlet de Shakespeare. Je me considérais souvent comme Hamlet, je détestais l'hypocrisie du monde et les masques que les gens portaient sans arrêt. Une chose bien courante dans ce monde.

- Mince, vous avez réussi à trouver mon jardin secret, surgit une voix qui m'était familière.

Edward. Le voir me fit frissonner, et pas uniquement parce qu'il était en simple pull en hivers.

- C'est plutôt vous qui avez trouvé le mien, lui souriais-je.

Nous nous regardâmes en souriant lorsque son regard se posa sur mon livre. Je vis ses yeux s'illuminer en le prenant de mes mains.

- Amatrice de Shakespeare?

- Plutôt oui, affirmais-je fière.

- Moi aussi, avoua-t-il en me rendant le livre.

Je lui souria timidement. Habituellement, je suis quelqu'un de très sociable ayant toujours quelque chose à dire mais avec lui ma bouche restait close. Je voyais qu'il réfléchissait mais à quoi?

- Puis-je vous inviter à boire un verre?

- Pardon?

- Puis-je t'inviter à boire un verre? Se corrigea-t-il. Tu m'as aussi vouvoyer!

Touchée! J'accepta, bien sur qui refuserait? De plus, la nuit étant tombée depuis une bonne heure et le froid se faisant de plus en plus rude, de la chaleur ne me ferait pas de mal.

Je me retrouva donc cote à cote avec Edward, les mains dans les poches. Il marchait vite, signe qu'il avait froid, heureusement le bar était juste à côté. Ce dernier était assez ancien et contenait encore des vieilles banquettes. Je pris place sur l'une d'elle et, à ma grande surprise, Edward se posa à ma gauche et non pas en face.

-Bon, racontes moi. D'où viens-tu? Me posa-t-il une fois nos deux chocolats chaud commandés.

- Quoi? Je n'ai pas l'air anglaise? le taquinais-je. Je suis née en Belgique mais mon père est anglais.

- Et comment tu t'es retrouvée à Londres?

J'ouvris ma bouche pour répondre lorsque la serveuse, aux allures américaines, vint nous apporter nos boissons. J'avais tellement froid que je m'empressa de poser mes mains sur la tasse chaude. Edward lui prit une gorgée avant de me sourire. Je le fixais encore...Je sentis le rouge me monter aux joues. Vite, parles, Ailey, m'ordonnais-je intérieurement.

- Mon père est pompier et ma mère, ambulancière. Ils sont constamment en danger. J'ai vécu dans l'urgence et l'angoisse toute ma vie. Au moindre chant de sirène dans la rue, je m'inquiétais pour eux. Je pense que j'avais besoin de quitter cette peur pour pouvoir avancer.

Mon histoire n'était pas passionnante mais pourtant je le voyais qui m'écoutait attentivement. Je pris une gorgée de chocolat, le liquide chaud me fit le plus grand bien.

- Et toi? Que fais-tu dans la vie? Changeais-je de sujet, n'aimant pas trop parler de moi.

- Hum, commença-t-il en se passant une main derrière la nuque. Je viens de terminer mes études à la Trinity college...

- A Cambridge?! L'interrompais-je époustouflée.

Cette école était juste un mythe! Elle avait accueilli les "cinqs de Cambrigde", cinq étudiants étant des espions pour le compte de l'union soviétique pendant la seconde guerre mondiale. Je baissa la tête en me rendant compte de ce que j'avais fais. Ma passion pour l'histoire débordait trop sur ma vie privée par moment. Edward me souria, visiblement amusé par l'intérêt que je portais à son école. Il m'intimidait encore plus maintenant que je savais où il avait fait ses études.

- Pardon...

- Ce n'est rien, commença-t-il.

Edward allait continuer son récit que j'attendais avec impatience lorsque cette joyeuse atmosphère se fana comme une fleure dépourvue de lumière dans un champ de neige. Les portes du bar furent fracassées par deux types cagoulés et armés.

- Personne ne bouge!

~Un Noël chez les Redmayne~Där berättelser lever. Upptäck nu