Chapitre 1

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L'hivers était tombé sur Londres. Le vent frais et glacial du Nord amenait avec lui une effervescence que beaucoup d'anglais attendaient: Noël. Pour ma part, il s'agissait de ma fête préférée et chaque année, je la préparais avec impatience entourée de ma famille. Malheureusement, cela n'était plus le cas depuis deux ans. Ayant déménagée dans la capitale anglaise et travaillant depuis peu, il m'était difficile de retourner en Europe, ne serait-ce que pour quelques jours. Aussi songeais-je à mes parents, attablée sur mon bureau, le regard perdu sur la vue que m'offrait la petite fenêtre de mon appartement. J'avais entrepris de leur écrire une lettre mais les mots se mélangeaient dans mon cerveau, ce pourquoi ma poubelle était remplie de feuilles chiffonnées et pliées, symbolisant ainsi ma totale incapacité à exprimer clairement ce que je ressentais.

Je tapota nerveusement mon bic contre une nouvelle feuille blanche lorsque la vue du facteur , entrain de lancer son journal, me fit bondir hors de ma chaise. J'étais en retard. Pour ne pas changer. Prise de vitesse, je terminas mon chocolat qui me brûla la langue avant d'enfiler mon uniforme. Zut, grognais-je intérieurement en regardant l'heure affichée sur ma montre. Il ne me restait plus de temps pour me coiffer ni pour rendre mon visage plus acceptable. Je soupira en fermant derrière moi la porte de mon humble appartement.

- Bonjour miss Ailey, me salua madame PommeFraiche comme je la surnommais car elle ressemblait fortement à ce personnage dans les romans de J.K.Rolling.

- Bonjour, madame Joséphine, la saluais-je à mon tour tout en refermant correctement mon long manteau noir.

- Encore en retard? Me demanda-t-elle d'un air entendu.

- Hé oui, grimaçais-je avant de descendre les fin escaliers me menant tout droit dans le froid londonien.

Je ne suis pas une personne frileuse ni même qui craint le froid, au contraire je l'apprécie grandement et aime me promener dans les rues afin de sentir l'air frais sur mon visage. Ce genre de moment étaient plus que rare dans ma vie, actuellement. Faute de temps, je devais prendre sans cesse le métro, certes très pratique mais tout aussi bondé de monde aux odeurs et gestes divers. Par chance, j'habitais à seulement quatres arrêts de mon travail. Je souffla lentement en sentant le métro s'arrêter, j'allais enfin pouvoir sortir et me libérer de cette odeur de fromage dont empestait le monsieur assis à ma droite.

- Bonjour Ailey!

Monsieur Clumbs, ça c'est tout une histoire. Ce vieux SDF restait toujours à la même sortie du métro et n'avait jamais bougé malgré le froid. Chaque matin et chaque soir, depuis deux ans, je le croisais et le saluais. Il n'était pas méchant mais disons qu'avec son air malsain et pervers, il n'attirait pas la sympathie de la plupart des gens. Mais ce vieil homme était affectueux avec moi. C'était mon air européen, m'avait-il répondu lorsque je lui avais demandé pourquoi.

- Bonjour, tenez, allez vous chercher quelque chose de chaud, lui ordonnais-je sur un ton sec mais tendre en lui donnant un billet.

Il me remercia et je pressa le pas. J'allais arrivé tout juste au musée, à ma plus grande joie. La coupole du bâtiment paru s'agrandir au fur et à mesure que j'avançais. Très vite, j'arrive face aux deux énormes canons postés devant les six piliers de l'entrée principale. Par chance, personne n'attendait d'entrer. Le musée impérial de la guerre n'ouvrant qu'à 10 heures et l'heure actuelle étant de 9h30, j'avais encore le temps. Je pénétrai dans le bâtiment et me dirigeas vers la salle lié aux personnels.

- Ailey Orwan, tu es une petite veinarde, m'accueillit Claire, ma collègue et amie.

- Ah oui? Posais-je en retirant mon manteau que je rangea dans mon casier.

- Une classe entière de petits de 7 ans arrive tôt ce matin et c'est toi qui va les guider!

- Que demander de mieux? Souriais-je.

Claire était une jeune femme magnifique, les cheveux blonds, toujours bien soyeux et ondulés, contrairement aux miens, bruns et lisses. Elle était devenue ma plus proche amie depuis mon arrivée à Londres, c'est même elle qui m'a recommandé au patron pour que je puisse travailler ici. Le truc de Claire était de rester dans les salles, à surveiller et donner des ordres, ce qu'elle adorait. Moi, c'était d'instruire, j'étais passionné par cela, quelque soit le sujet.

    Les minutes avançèrent et le bruit des petits monstres entrant dans le bâtiment se fit entendre. Je resserra machinalement ma queue haute dont s'échappait une mèche, sourias et sortis les accueillir. Ils n'étaient qu'une vingtaine, certains avaient les yeux qui brillaient à la vue des avions, d'autres boudaient, les bras croisés, classique.

-Bonjour les enfants, je m'appelle Ailey et je serais votre guide ce matin.

- Ils ont des feuilles à remplir, m'informa leur professeur, une femme d'une quarantaine d'année.

J'acquiesçai et fis signe aux enfants de me suivre. Le fait qu'ils aient des feuilles remplir m'indiqua les choses sur lesquelles je devais plus insister et aussi ralentir mon rythme de marche. "Toujours s'adapter aux clients", m'avais conseillé Claire au début de ma formation.

- Bien, qui peux me dire comment se nommait le roi d'Angleterre qui a vu s'enclencher la première guerre mondiale? Posais-je en m'arrêtant devant le portrait du roi en quetion.

- George V! Me répondit une petite fille blonde, coiffées de deux tresses.
- Exact...
- Louise Redmayne, se présenta-t-elle visiblement fière d'elle.

Je lui sourias et notas son nom sur mon carnet afin d'informer son professeur de sa participation comme je devais le faire pour chaque enfant.

- Et dis moi, Louise, peux-tu me dire quand l'Angleterre a déclaré la guerre aux allemands?

- Euh, le 4 août? Me demanda-t-elle après avoir réfléchi.

C'était cela que j'aimais le plus dans mon métier, être surprise. Cette petite n'avait que sept ans et connaissait déjà bien son sujet. Le reste de la visite se passe convenablement, hormis quelques petits curieux qui voulaient toucher à tout et un petit malade.

- Et bien, les enfants, j'espère que cette visite vous aura plu et qu'elle n'aura pas été trop ennuyante, plaisantais-je faisant sortir quelques rires de leur bouche timide. On se retrouve cette après-midi. Je crois savoir que vous allez visiter le plus bateau de toute l'angleterre?

- Quel bateau? Me demanda la petite Redmayne.

- Tu verras tout à l'heure, lui répondis-je en lui adressant un clin d'oeil.

Sur ce, les enfants rendirent leur copie à leur professeur avant de sortir en rang dehors. La petite Louise m'adressa un signe de main avant de sortir à son tour, tirée par l'une de ses camarades.

- Tenez, j'ai tout noté, informais-je en tendant mon carnet.

- Ah Louise, soupira la femme. Une sacrée gamine, non?

- En effet, j'ai été assez surprise.

- Elle est tout comme son père. Lui aussi c'était une tête.

- Ah?

La femme me souria, me remercia puis sortis rejoindre ses élèves impatients d'aller déjeuner, tout comme moi. Parler de la nourriture lors de la grande guerre m'avait donné faim.

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Hey, premier chapitre, court certes mais nécessaire :)

~Un Noël chez les Redmayne~Where stories live. Discover now