Traquée par un vampire

Chapitre 12

La nuit à été longue. Enfin, était-ce la nuit ? Il fait toujours sombre ici. Est-ce une particularité du monde des vampires ? Mya ne veut pas savoir. Elle ne veut plus rien savoir pour le moment. On lui en à trop dit. Malgré tout ce qu'elle voudrait se faire croire à elle-même, elle n'arrive pas à nier que Demyan est son père, l'officialité du document oblige. Elle n'arrive pas non plus à se dire que sa mère, sa vraie mère, est quelque par dans les parages, et que c'est une mauvaise plaisanterie que les deux vampires veulent lui jouer. Mais elle ne peut pas. Elle n'y arrive simplement pas.

Combien de temps a-t-elle dormi ? Aucun moyen de le savoir : son téléphone ne s'allume plus. Mya perd la notion du temps, et elle doute que ça aille en s'arrangeant. Toutes ses révélations son tellement dures à avaler qu'elle en vient à se demander si ça ne serait pas mieux... de tout quitter. Elle ne manquerait à personne de toute façon. Ses parents biologiques -pour ceux qui vivent encore- l'ont abandonnée à sa naissance, et ses parents adoptifs ne remarquaient à peine sa présence auparavant qu'elle se demande s'ils se sont aperçus de sa disparition... Pourtant... il en reste un. Ethan. Qu'est-ce qu'il en pense ? A-t-il remarqué sa disparition ? Sûrement. Mais de toute manière, quelle importance cela à ? Elle ne pourra jamais regagner sa vie d'avant. Elle va devoir tirer un trait sur lui, tout comme lui avec elle quand il se rendra compte que c'est terminé, qu'il ne la verra plus.

Un nouveau flot de larmes la menace. Elias lui fait penser à Ethan : légèrement bipolaire, idiot et... charmant. Mya ne s'est jamais arrêtée sur la question mais... Elias est très beau. Même s'il est un peu étrange mentalement, physiquement il est inégalable.

- Comment tu te sens ?

Quand on parle du loup.

- B...bien, merci.

Qu'est-ce qui peut bien se cacher sous ce t-shirt ? et partout ailleurs, tant qu'à faire...!

La raison lui revient brutalement. Elle ne peut pas penser à ça maintenant. Quoique... un peu de divertissement ne lui ferait pas de mal. Non... Non. Pas avec Elias. Trop bipolaire. Elle a besoin de faire autre chose que de rester sur son lit. Sortir, voilà ce qu'il lui faut.

- Où est Happy ?

- Pardon ?

Elias est étonné qu'elle pense à son chat plutôt qu'à tout ce qui vient de se passer... Il l'aurait imaginée plus... faible que dans l'état dans lequel elle se trouve.

- Je veux sortir. Avec mon chat.

- Il pleut dehors. Et il fait nuit.

Son ton est catégorique. Un tentinet suppliant mais pourtant il ne laisse clairement pas l'ombre d'un doute qu'il s'agissait d'un ordre.

C'est complètement idiot. Comment elle peut vouloir... Sortir avec son chat dans un moment pareil ?!

- Tu n'as pas plutôt des questions à me poser ?

- Si.

Elle se lève du lit et marche en direction de la porte.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais te poser des questions, quand on sera dehors. Tu es un vampire, pas un loup-garou, ne t'en fais pas il n'y a aucun danger que tu sentes le chien mouillé.

Elle quitte la pièce.

Voilà, la rage qui animait le vampire lors de leur rencontre est en train de le regagner. Il va falloir qu'elle change, et plutôt vite. Ça n'est pas avec un comportement pareil qu'elle échappera à Jao. Tout au contraire.

•••

- Comment était-elle, ma mère ?

Elias, assis sur le sol malgré la pluie battante, garde son regard fixé sur sa brindille d'herbe. Quelle situation gênante... 

- Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vraiment connue... Même si ton père est le Descendant, il n'a jamais montré sa famille en publique... 

- Sa famille... Tu veux dire que j'ai quand-même vécu dans ce monde avant d'atterrir chez les humains ? 

Boulette. Il ne faut pas qu'il lui parle de son frère maintenant : Demyan tient à lui annoncer la "nouvelle" par ses propres moyens. Si ça peut éviter à Elias de s'en prendre plein la tête, volontiers ! Il pense avoir assez donné pour plusieurs jours. Des mois même.

- Je... J'en sais rien. A vrai dire, je ne connais pas Demyan tant que ça. Je ne sais pas si je dois dire que c'est grâce à mes parents ou à cause d'eux si je suis ici aujourd'hui. 

- Oh...

Elle aimerait en savoir plus, et ça il le voit bien. Mais comme il s'est déjà dit, ce n'est pas à lui de lui dire ce qui importe le plus. Tout ce qui reste à annoncer ne relève maintenant plus que de la bouche de Demyan.

- Tu sais quoi ? Allons voir Demyan, il saura t'en dire plus.

- Je ne suis pas sûre que...

Elias la prend par la main, dans l'espoir de lui faire comprendre qu'il ne lui laissera pas le choix. Ça ne vaut pas le coup d'étaler cette histoire sur plusieurs mois. Il faut vite retirer le pansement plutôt que petit à petit.

Dans quelques secondes, ils seraient dans la salle. Et dans quelques secondes, on entendrait de nouveau les hurlements de frustration de la petite Candide.