Chapitre 8 :

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Les voilà arrivés devant la petite maison boisée. Elias frappe désespérément à la porte depuis plusieurs secondes, mais personne ne leur répond.

- Papa, maman, c'est moi. Je suis avec Mya !

- Ils sont peut-être partis faire une balade ? hasarde la petite brune.

Elias secoue la tête. Ses parents ne sortent jamais de leur demeure, et aujourd'hui n'est pas une exception. Alors que ce passe-t-il ?

- Mya, fais le tour de la propriété. Je vais chercher aux alentours.

M'y a semble réticente quelques instants avant de se dire que s'il y avait un potentiel danger, Elias ne la laisserait pas seule à mener l'enquête. Et cela, même s'il ne l'apprécie pas. Alors, une fois qu'il s'est engouffré dans la forêt qu'ils traversaient il y a des minutes plus tôt, elle se met à faire le tour de la propriété.

Avoir visionné des tas de séries policières à la télé lui est d'une grande aide lorsqu'elle chercher une quelconque trace d'effraction près de la porte. Mais rien. Du moins, rien jusqu'avant qu'Elias ne revienne aussi vite qu'il est parti, déterminé à forcer la porte.

Mya s'apprête à rentrer à son tour dans la maison avant qu'il ne l'en dissuade et ne lui demande gentiment de continuer à faire sa ronde.

Alors sans rechigner elle y retourne, mais ne trouve rien d'anormal. Juste des arbres, des arbres et... par miracle ! Des arbres...

Lassée de tourner en rond sans rien trouver d'exceptionnel, elle décide de retrouver Elias. Car bien qu'elle ne veuille pas se l'admettre, ça lui fiche là trouille de se retrouver toute seule, proie facile si jamais un vampire arrive par surprise.

- Elias ? Tu as trouvé quelque cho...

Mya s'arrête en plein dans sa question, la scène qui se déroule sous ses yeux oblige. À quelques mètres d'elle gisent les corps respectifs de Jolène et Tyan, tels que les avait décrits Elias, rouges de sang. De nombreuses plaies béantes ont meurtries leurs pauvres corps de quinquagénaires, de façon à ce que même leur cheveux soient imbibés de leur propre sang.

- Oh mon dieu...

D'abord effarée de cette découverte, ses yeux ne purent se détacher des deux silhouettes frêles. Elias, qui les lui avait pourtant décrits souriants, la joie de vivre et pas curieux pour un sous, avait assuré à Mya qu'elle allait plaire à ses parents. Malheureusement ils n'en connaîtraient jamais la réponse, car ils sont morts.

Morts. Les yeux révulsés, une affreuse teinte blanche mélangée à l'horrible couleur écarlate, la bouche déformée par le probable cri d'effroi qu'ils ont du pousser lorsqu'on les à assassiner. Tués.

Cette pensée suffit à provoquer un haut-le-cœur à la jeune fille. Elle fini par détourner les yeux sur une troisième silhouette. Celle d'un fils maintenant orphelin, debout, qui contemple les yeux globuleux les corps inertes de ses géniteurs. Aucune autre expression déchiffrable sur son visage que celle de ses yeux, qui n'expriment pas grand chose non plus. Est-il triste ? Sûrement, ce sont ses parents. A-t-il besoin d'être réconforté ?

- Elias... je suis...

Je suis désolée.

Elle n'arrive pas à le dire. Elle ne peut pas le dire. Cette phrase... elle est tellement sotte ! En quoi annoncer ses condoléances à quelqu'un -face à ses parents morts, qui plus est- va-t-il lui remonter le moral ? La politesse peut attendre, Mya doute que ce qu'Elias attende soient des condoléances...

Alors que dire ?

- Elias... tente-t-elle désespérément.

Peut être que si elle arrive à faire dévier son regard elle réussira à atténuer sa douleur ?

Balivernes. Il ne daigne même pas lui donner un regard, ne serait-ce que furtif.

D'un sens, comment pourrait-elle l'aider si elle ne se sent pas bien elle même ? Elle est en transe, elle transpire alors que dehors, il pleut à sot. Elle a envie de s'enfuir loin d'ici, mais elle ne peut pas laisser Elias seul. Elle a envie de crier mais se retient, pour Elias encore une fois. Car au fond, celui qui doit être le plus en peine, c'est lui et pas elle. Se sont ses parents, pas les siens. Elle ne les à même pas connus. Bien sûr cela n'exclut en rien le fait qu'elle puisse ressentir de la douleur. Ce n'est pas tous les jours qu'on assiste à ce genre de scène. Et il ne vaut mieux pas.

Inopinément, Elias relève la tête la regarde.

- Sors de là.

Sur le moment, elle se rebiffe, légèrement irritée par le ton qu'il vient d'employer à son égard. Mais bien vite elle se résigne à penser que ça n'est pas le plus important pour l'instant.

Elle se concentre un peu plus sur le vampire, songeant à si elle doit vraiment le laisser dans ce salon, sur cette scène de crime. Seul.

Alors elle se rend compte. Ce n'est pas elle qu'il regarde, mais derrière elle. Mya se retourne lentement, alterne son regard entre le rideau de perles qui s'offre à elle et Elias, se demandant subitement pourquoi il parle à un rideau. Sans doute le choc et l'émotion.

Ou peut-être pas finalement.

Les perles s'agitent brusquement, et un bras passe au travers, avant de laisser apercevoir un corps entier. Celui d'un homme, imposant.

Mya recule d'un bon, lassant échapper un petit cri de frustration.

- Mya.

La voix d'Elias est dure, et lorsqu'elle se tourne vers lui dans un geste perdu, il lui demande :

- Reste derrière moi.

Elle ne bouge pas.

- S'il te plaît.

Finalement, il serait peut être plus sage de lui obéir en attendant la suite...

Traquée par un vampireWhere stories live. Discover now