Traquée par un vampire

Chapitre 11

Tout est faux. Depuis le début elle vit dans le mensonge, dans l'ignorance. Depuis dix-sept ans, ça vie n'a été en réalité qu'un voile sombre qu'elle n'a jamais tenter d'écarter. Derrière lui se trouve tout ça : toute sa vie.

- Alors, mes parents...

- Ils ne sont que tes parents adoptifs.

La voila prise d'un nouveau vertige. Lorsqu'il s'était introduit dans la pièce, Demyan ne pensait pas retrouver sa fille dans un pareil état. Elle s'est évanouie par deux fois avant de tenir seule sur sa chaise. Cependant Elias pense préférable de rester derrière elle. "On ne sait jamais", dit-il.

- Et Keo...

Rien que d'y penser elle frémit. Si ceux qui l'ont hébergée pendant toutes ces années ne sont pas ses vrais parents, il en va de même pour lui.

Elias se penche vers elle, les sourcils froncés.

- Qui est Keo ?

Même dans un état second Mya ne peut manquer le ton de reproche sur lequel a été posée cette question. Alors elle répond sur la défensive :

- Mon petit frère.

Le jeune vampire, quelque peu rassuré, se détend sans pour autant s'empêcher de la questionner.

- Ton petit frère ? Comment se fait-il que nous ne l'ayons pas vu lorsque nous sommes venu te chercher ?

- Elias, prévient Demyan.

Mais Mya ne se laisse pas abattre. Autant qu'il sache, cela l'empêchera de la questionner plus à ce sujet.

- Il est mort.

Elias se raidit de nouveau. Il n'aurait peut-être pas dû en parler.

- Mya...

- Je ne veux pas de ta pitié.

Sec. Désagréablement sec. La phrase a sonnée comme l'on annonce à une personne la potence au petit matin.

Elias voulait s'excuser, non pas parce qu'il s'agit de son ressenti, mais simplement par politesse à l'égard de cette fragile personne à ses côtés.

- Je ne veux pas de la pitié d'une chose qui conduit comme un pied, manquant de peu de tuer un enfant comme mon frère l'a été !

Le vampire serait tenté de sourire en repensant à cette scène de conduite, à leur rencontre. Seulement, le terme chose à du mal à se faire avaler. Aussi bien pour Elias que Demyan.

Las de tant de paroles puériles, ce dernier décide de prendre enfin la parole.

- Saches, ma fille, appuie-t-il durement, que tu possède la moitié des gènes de ces "choses".

- Oh, la moitié seulement ? demande-t-elle faussement surprise. Alors expliques moi, papa. Comme ça ma mère est humaine ?

Demyan doit se faire violence pour passer outre le ton d'amertume dans la voix de Mya.

- Oui.

- Et où est-elle, maintenant ?

Subitement, un lien se créé avec la discutions qu'Elias et elle avaient abordé un peu plus tôt. Pourtant elle ne peut se résoudre à croire que sa mère, biologique, ne soit plus présente et qu'elles ne puissent plus jamais se voir.

- D'ailleurs, où étiez vous pendant dix-sept ans, pendant que j'étais entre les mains d'une famille de substitution ? Hein ?!

Loin d'elle l'idée de critiquer cette famille qui a su l'éduquer malgré de nombreux hauts et bas, cependant le fait d'apprendre une chose pareille... dépasse son entendement.

L'éducation reste le point primordial pour elle : celle des vampires n'est en aucun point commune à celle des humains. Qui sait le nombre néfaste de choses dont elle n'a pas connaissance et qui pourrait lui coûter la vie dans un monde pareil ? Demyan et Elias, ça oui, ils le savent très bien. Tout comme eux seuls savent où se trouve ce parent qu'elle ne soupçonnait pas d'exister.

- Où est-elle maintenant ? Répète-t-elle avec beaucoup moins d'entrain, fixant le sol de ses yeux vitreux.

- Je te l'ai dit, Mya, chuchote le jeune vampire en se penchant près d'elle, une main réconfortante sur son épaule.

Elle dégage sa main à une vitesse hallucinante, se levant de sa chaise instantanément.

- Non ! Je ne te crois pas ! Hurle-t-elle en secouant frénétiquement la tête. Je ne peux pas te croire ! Elle ne peux pas être morte alors que je ne sais même pas qui elle est ! Si elle était vraiment ma mère comme vous le prétendez, elle serait là, en ce moment, à essayer de me réconforter comme le ferait une mère avec son enfant. Mais elle n'est pas là !

- Cette fois, ça suffit.

La voix de Demyan, soudain amplifiée et résonnant comme s'ils se trouvaient au beau milieu d'un tunnel sans sortie.

Il agrippe les épaules de Mya et la retourne vers lui, posant -ou plutôt : claquant presque- son front contre le siens.

- Ta mère est belle et bien dans le monde du dessus, et il va falloir t'y faire. Ainsi qu'il va falloir te faire à l'idée de qui tu es réellement.

Mya se concentre sur ses paroles. C'est étrange comment il réussi à la calmer instantanément.

Les grandes mains de son père redescendent sur ses bras, serrant légèrement.

- Tu devrais aller te reposer. Tu en as besoin.

Oh oui. Elle en a vraiment besoin.

Sans se faire prier, ni un regard pour l'un ou l'autre, la jeune fille troublée quitte la salle en direction de sa chambre.

- Waouh... murmure Elias en se laissant choir sur une chaise. Elle a vraiment l'air anéantie...

- Comme tu dis oui... Anéantie. Et ça n'est pas fini.

Le jeune apprenti lève la tête, les sourcils froncés.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Que je n'ose pas imaginer sa réaction quand elle apprendra que dès demain, elle rencontrera son frère biologique.