Chapitre 38

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"Il n'y a pas de fin. Il n'y a pas de début. Il n'y a que la passion infinie de la vie." - Federico Fellini

Je mâchouille la pointe de mon feutre surligneur en me penchant d'avantage sur le bouquin posé sur mes genoux. Je m'applique à mettre en lumière les idées principales avancées par Karl Marx dans Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, dans lequel il affirme que la religion est "l'Opium du peuple", qu'elle est là dans la misère et que si on venait à supprimer toute misère, alors il n'y aurait plus de religions.

Tous ses ouvrages que j'ai pu étudier jusqu'ici sont aussi crus et d'avis tranché, mais pour un économiste, il garde une jolie façon d'écrire et d'exposer les choses. Je trouve cela fou qu'il soit un homme du 19ème siècle mais qu'il arrive tout de même à décrire avec une exactitude effrayante la société basée sur une structure capitaliste dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Société qui fut notamment la cause du Krash boursier de 1929 et plus récemment de la crise des subprimes s'étant déclenchée fin 2006.

Faudrait-il alors révolutionner la société? Faudrait-il faire place au communisme? Si dans ses fondements le communisme part de ce que l'on pourrait appeler un bon sentiment, l'égalité pour tous, il n'empêche que dans l'Histoire, "communisme" rime presque systématiquement avec "dictature", c'est, ou ce fut notamment le cas à Cuba, en URSS, en Corée-du-Nord, pour ne citer qu'eux. La société qui se réclamait égale en tous points, se retrouve finalement séparée en au moins deux catégories, les prolétaires et ceux de la classe dominante. Il suffit de voir le patrimoine estimé à plusieurs millions de dollars de Fidel Castro qui se désignait comme homme du peuple, mais achetait pourtant des yachts pendant que sa population crevait de faim et s'exilait vers les côtes de la Floride au péril de leurs vies. A titre d'exemple, un médecin cubain gagne 50 dollars par mois.

J'aime beaucoup l'université et ses cours. Ce n'est pas comme au lycée, les profs poussent leurs recherches et cela se sent bien qu'ils sont spécialistes en leur matière. Je n'y vais que depuis deux semaines mais j'ai le sentiment d'avoir découvert plus de choses que dans mes quatre années de lycée regroupées.

J'ai fini tôt aujourd'hui et pour l'instant il n'est que 15 heures, j'ai donc tout le temps de réviser pour mes partiels de demain dans cette chambre calme, même si le bruit ronronnant de l'air conditionné est agaçant à la longue.

Mon portable se met à vibrer sur la petite table me servant de bureau et je m'empresse de l'attraper. Je pousse néanmoins un soupire en découvrant mon correspondant qui n'est autre que Charles.

— Allô? Je décroche à contrecœur.

— Hey, salut, tu vas bien?

— Ouais, je travaille et toi?

— Mais quel sérieux! Il rit doucement. Il y a une fête ce soir chez Nicolas, tu y seras?

— Non... je soupire, tu sais bien que non.

— S'il-te-plaît, s'il-te-plaît, il insiste, c'est la soirée de l'année, tu ne peux pas te permettre de la rater! Il faut que tu t'amuses. C'est déjà pas très fun de passer tes journées à l'hôpital alors rater cette fête ce serait vraiment trop.

Mon souffle se coupe, pas de stupéfaction parce que Charles n'a jamais été compréhensif et que c'est juste un mec super lourd et égotiste mais il pourrait au moins faire semblant d'avoir des émotions. Je ne sais pas quoi lui répondre. En fait si, je sais très bien quoi lui dire puisqu'il s'agit presque d'une formule magique pour moi.

— Vieux con! Je crache sèchement.

— Pardon, il s'excuse, ce n'est pas ce que je voulais dire... enfin tu vois, c'est pour ton bien que je te dis tout ça... tu t'empêches de vivre parce que tu veux garder l'espoir mais tu gâches juste ton temps... ta présence à l'hôpital n'est pas nécessaire... J...

Heart Monitor (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant