Chapitre 28

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"Le temps est le médecin de tous les maux inévitables" - Ménandre

Trois semaines se sont écroulées sans que je n'ai ouvert, ne serait-ce qu'une fois le journal de Jen Hardee. J'ai voulu le jeter aux ordures il y a une dizaine de jours, mais, même si je lui en veux de m'avoir détesté à ce point, je n'arrive pas vraiment à tirer un trait sur elle. C'est certainement pour cette même raison que j'ai toujours son collier accroché autour de mon cou.

Ça fait aussi trois semaines que je suis avec Taylor...

Un soupire silencieux qui en dit long. Taylor est quelqu'un de bien, vraiment. Le truc c'est que son caractère n'est pas tellement compatible avec le mien et que, c'est triste à dire mais, je m'ennuie avec elle. Elle est très belle, même si elle continue de douter de son physique mais elle est vraiment très calme. Non qu'être calme soit un défaut mais je ne sais pas... il lui manque un truc pour qu'elle me permette d'atteindre l'objectif que je me suis fixé, tomber amoureux d'elle.

Cette mission s'avère en réalité très compliquée et n'étant pas un grand spécialiste de l'amour, j'ai décidé de lire quelques romans à l'eau de rose et quel fût mon étonnement lorsque je me suis surpris à en apprécier. Ils me permettaient de m'échapper durant quelques instants de la réalité que je me fabrique, sortant avec ma petite-amie pour des raisons tordues. Il se trouve aussi que certains héros de romans ont des esprits davantage chamboulés que le mien. De plus, certains couples sont encore plus incompatibles que Taylor et moi mais vivent ensemble jusqu'à la fin de leurs jours. Je me dis que l'espoir est encore de ce monde.

Taylor se masse la nuque en enfonçant de nouveau ses lunettes de lecture. Elle est assise, les jambes croisées sur son lit, mordillant son stylo tandis que toute son attention est accaparée par un énorme livre de biologie.

Je suis assis pas très loin et j'observe sa grande chambre, pour un appartement situé dans le Midtown. Les murs sont blancs mais tournent légèrement vers le gris, son bureau en bois est illuminé par des néons à formes originales. Il y a dessus des photos d'elles et ses meilleurs amis, Lou et Claude. Et c'est à peu prêt tout, pas de signe de parents. J'aurais aimé trouver une photo d'eux. J'ai fait quelques recherches sur Internet mais Fred Cooke et Madison Cooke ont une infinité d'homonymes. J'ai réduit mon champs de recherche à Facebook, filtrant les profils pour obtenir uniquement ceux vivant à Sacramento, mais sur les douze profils restants cinq Fred Cooke étaient âgés de moins de 21 ans, 3 étaient des femmes et le reste ne correspondait simplement pas à la description que j'attends.

En clair je nage dans une marre de sable mouvant et ce n'est pas Taylor qui m'aidera puisqu'elle et son père ne semblent pas être sur la même longueur d'ondes, si ce n'est le fait qu'ils aiment tous les deux énormément le gâteau à la cannelle. Je lui avais habillement demandé si j'aurais la chance, un jour, de rencontrer son père et j'avais ajouté en rigolant que ça me permettrait de demander la main de sa fille. Elle m'a souri avant de me répondre poliment que ça ne risquait pas, qu'ils ne sont pas proches. Elle m'a tristement expliqué qu'il est sa seule famille mais qu'elle est consciente qu'il ne lui dit pas tout. J'ai ensuite insisté pour avoir d'autres informations mais elle s'est pincée alors j'ai arrêté et depuis je ne sais plus comment aborder le sujet "papa".

— C'est bon, j'abandonne! Elle soupire en s'allongeant sur son lit l'air épuisée.

— Vraiment? Mais c'est pas à rendre ton truc? Je plisse les yeux.

— Oui, mais c'est pour dans deux semaines.

— Quelle élève studieuse!

Elle sourit et écarte ses manuels universitaires afin de me faire une place à ses côtés. Je m'allonge près d'elle, elle pose sa main sur mon visage, le caressant délicatement avant de descendre sur mon torse. Je la laisse faire jusqu'à ce que sa main butte contre le collier de Jen dissimulé sous mon t-shirt. J'enlève sa main avec plus de vigueur que je ne l'aurais souhaité mais elle ne bronche pas, elle m'adresse juste une mine désolée.

Heart Monitor (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant