Chapitre 11

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"Il faut être à l'hôpital pour connaître son meilleur ami" - Proverbe guadeloupéen

Nous sommes le mardi 9 Mai, c'est aujourd'hui qu'aura lieu l'opération de Jen. Hier elle a passé la journée à l'hopital, visitant un psychologue, un anesthésiste et d'autres membres du corps médical alors que pendant ce temps j'étais incapable de me concentrer sur mon interrogation d'Histoire, ou mes cours en général tant j'étais préoccupé.

Je pousse les portes de l'hôpital Rogers de l'Albany. C'est ici qu'aura lieu son opération étant donné que celui de Corvallis n'est pas assez équipé pour dispenser ce genre d'interventions chirurgicales. Je regarde mon portable, il est un peu plus de 5 heures du matin, Jen entrera dans le bloc à 8 heures. Je sais qu'elle est déjà sous sédatifs puissants visant à la détendre mais qu'elle arrivera toujours à discuter avec moi. Je lis son message afin de connaître le numéro de sa chambre.

Je marche jusqu'à la chambre 725 rapidement. Les couloirs ne sont pas très agités, je croise quelques internes en uniforme et quelques civils. L'odeur est propre à ce genre d'endroit, une odeur aseptisée règne. Je frappe doucement à la porte et y glisse discrètement la tête.

Une dame aux cheveux roux est allongée sur un lit, elle dort profondément. Mon regard poursuit sa route et rencontre Jen, elle aussi assoupie dans son lit, tandis que ses parents se sont endormis sur les deux petits fauteuils de la pièce. Je rentre dans la salle tentant de faire le moins de bruits que possible avec mes chaussures.

J'observe Jen dormir paisiblement, elle porte une robe d'hôpital blanche. Ses cheveux sont ébouriffés. Je souris sa tête retombe et elle semble bouder dans son rêve. Elle m'a demandé de la réveiller si elle dormait quand j'arrivais à l'hopital alors sans hésiter, je me penche par-dessus son lit et dépose un baiser sur son front. Elle ne réagit pas alors je passe ma main sur son visage refroidi par la climatisation.

Sûrement à cause de la chaleur de ma main, elle s'éveille petit à petit. Elle se tourne d'abord dans son lit avant d'ouvrir ses yeux verts et de les cligner lentement. Elle baille et passe sa main sur son visage.

— Hey Jen! Je dis tout bas.

— Coucou Miles... tu veux t'asseoir?

Je hoche la tête et elle se décale sur le côté. Je m'assois sur son lit et y promène mes yeux afin de trouver sa main. Elle a une main dans les cheveux et l'autre demeure sous la chaleur de sa couverture. Je mime un petit sourire triste, mais surtout fatigué.

— T'as pas beaucoup dormi hein?

— Pas vraiment, je baille, et toi?

— Non plus...

Je hoche la tête n'osant pas vraiment parler. Je n'ai pas le droit de lui dire de ne pas se faire opérer, qu'il y a trop de risques, qu'il y a une chance sur deux que son chirurgien soit bourré. Je ne suis pas certain de ces statistiques mais dans la série Lost, Christian Shepard, le père de Jack avait causé la mort d'une patiente parce qu'il était bourré, Jack lui était un bon chirurgien, ça fait bien un sur deux.

Elle va se faire insérer un truc mécanique dans le cœur censé lui donner des sortes d'électrochocs pour que son cœur ne s'éteigne pas, mais j'arrive à lui donner ces électrochocs, elle n'a pas à risquer sa vie sur une table d'opération. Je n'ai pas le droit de lui dire que je suis carrément sûr d'être amoureux d'elle. Je n'ai pas le droit de lui dire que si ça tourne mal, si elle part, je serais prêt à me flinguer pour la rejoindre au paradis pour l'éternité.

Je ne peux pas car ce serait égoïste.

Je me contente de prier pour que ce soit une opération comme les autres, qu'elle s'en sortira indemne et qu'elle me reviendra le cœur bâtant, et là, juste au moment où elle ouvrira ses yeux et qu'ils se porteront vers moi, je lui dirai ce que je ressens, je l'embrasserai même peut-être mais je ne veux pas perdre de temps.

Heart Monitor (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant