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Chapitre 22

Six cycles après les événements liés au Kavura sur Loris :

   Haren était commodément assis sur un trône de pierre dans une grande pièce sombre. Ses longs vêtements somptueux tombant jusqu'au sol surélevé étaient d'un pompeux lin doré. Les piliers de roche habillant la pièce, finement ciselés, étaient si grands qu'on n'en voyait pas le haut. Les murs étaient gravés d'enluminures élaborés illustrant les faits héroïques des humains lors de la guerre des poussières et les ténèbres emplissant la pièce leur donnaient un air très oppressant.

   Soudain les grandes portes de la salle s'ouvrirent, une lumière vive s'engouffra. Les longues ombres des piliers se dessinant couraient jusqu'au trône de pierre dont la taille paraissait décroître selon la luminosité. Un homme entra. Il avait une armure dorée sans casque et un grand bouclier du même coloris affichant un symbole de fleur de lys noire. Son épée courte à sa ceinture avait un fourreau élaboré et sa cape immaculée semblait lui ajouter de la prestance, mais son visage caché par le contre-jour le rendait méconnaissable.

   « Seigneur Haren Kelgerald, dit l'homme nerveusement, il y a ...

   - T'ais-je permis d'entrer et de m'éblouir, garde... Burulin ? coupa ce dernier nonchalament.

   - Mes excuses, mais c'est important... continua-t-il, toujours nerveusement.

   - Tu es un garde, n'est-ce pas ? demanda Haren avec un calme inattendu.

   - Oui...

   - Alors les loups et les bandits ne me concernent pas ! », coupa Haren une seconde fois, tout en brisant le calme qu'il venait tout juste d'instaurer.

   Une grande silhouette apparut derrière le garde, marchant lourdement jusqu'à la porte. Le garde tenta de la retenir, mais il tomba au sol sous la force de la personne. C'était un Archelan. Haren fut surpris sur le coup, un Archelan sur Garin était improbable. Il plissa les yeux, tentant de le reconnaître avec le contre-jour. Aussitôt son visage montra un grand sourire de stupeur. Il se leva du trône brusquement et couru comme une flèche vers l'Archelan.

   « Asaki ! s'écria-t-il. Nous te pensions mort ! Vieille canaille ! Cela fait bien... attends... un demi-cycle ?»

   Asaki le regardait d'un air stoïque, puis il lui répondit brusquement :

   « Où sont mes compagnons ?»

   Haren réussit à lui cacher son ton outré et lui répondit en regardant son garde :

   « Ils sont... partis chasser avec nos trappeurs dans les bois, ils vont bientôt revenir.

   - Cela ne m'étonne pas d'Ileth, dit Asaki en se détendant, elle et la viande, tu sais...»

   Haren et le garde furent surpris d'un tel changement d'humeur d'Asaki, le combat contre l'armée de Berod avait peut-être laissé des marques...

   « Ne restes pas là, Asaki, dit chaleureusement Haren, je vais te montrer notre petite ville.

   - Tu considères ça comme une ville ? rit Asaki. Vous n'étiez que deux cents quand vous êtes arrivés !

   - Certes, avoua Haren, beaucoup sont mêmes morts à cause des maladies, cela faisait bien longtemps que nous n'étions plus habitués à la vie sur Garin, aucun de nous avions connu cette planète avant l'esclavage. Mais bon, nous nous développerons rapidement; le taux de natalité humain élevé, tout ça...

   - J'avais oublié ça ! s'étonna-t-il. Vous êtes combien maintenant, donc ?

   - Euuuuh, garde Burulin ? demanda Haren en se tournant vers ce dernier.