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Chapitre 12

   La poussière emplissait les alentours, le sang les recouvrait. Les Dûr-Dragons avaient laissés place à un charnier et à des flammes. Dans cette horreur, une personne était debout entre la fumée et l'obscure nuit, c'était Ferin. C'est du gâchis, se dit-il intérieurement. Autant de Dûr-Dragons morts pour un seul monstre. Il jura tout haut. Autant de temps passé à former Jyran. Tout cela est maintenant néant...

   Le vaisseau de transport et la base n'avaient pas été touchés, leur blindage les protégeant largement. Les engins de guerre avaient disparus avec les autres chevaliers d'argent présents. Ça n'avait pas été difficile pour Ferin de leur faire croire que le monstre s'était lâchement suicidé pour emporter avec lui les braves Dûr-Dragons.

   Voulant rejoindre les autres chevaliers d'argent, Ferin tourna le dos à son œuvre macabre et émit un souffle de peine, non pas envers les victimes mais plutôt car la colonisation d'Archelaus fut un échec. Ses supérieurs n'accepteraient jamais de refaire une tentative si des monstres aussi puissants que celui qu'il venait de voir étaient sur Archelaus, se serait du gâchis de ressources, humaines comme financière.

   Ferin arriva au vaisseau. Aucun des chevaliers d'argent présents n'avait vu la scène, mais tous étaient dans le vaisseau, sa lumière les éclairant, attendant Ferin qui, lui, était encore en train de marcher lentement dans la nuit noire.

   Mais tandis qu'il s'apprêtait à monter dans le cargo du vaisseau via une porte s'ouvrant de haut en bas, un léger souffle lui parvint dans la nuque.
La même sensation de terreur que lui faisait éprouver Asaki lui parvint.

   Il se retourna brusquement, dégainant son épée longue, et réussi à se protéger d'un violent coup de griffe, mais fut puissamment propulsé sur la porte du vaisseau. Ce dernier activa ses propulseurs, se mit à décoller, tandis que Ferin ferma difficilement la porte grâce à une manette au-dessus de lui.
   Avant que la porte ne se ferme, il eut le temps de discerner Asaki grâce à la lumière bleuâtre des propulseurs du vaisseau. Ce dernier était debout, regardant Ferin dans les yeux de son regard défiant mêlé d'une lueur rouge. De son armure d'archalite ne restait que quelques pièces par-ci par-là, montrant ainsi sa fourrure blanche azurée dû à la lumière des propulseurs ; fourrure encore intacte malgré l'explosion.

   Quand la porte se referma complètement, Asaki tourna le dos au vaisseau s'éloignant de plus en plus. L'explosion fut violente et Asaki dû survivre en se métamorphosant, métamorphose qui est très consommatrice en vigueur, l'épuisant énormément. Il revint à la base, maintenant abandonnée, et s'assit sur le côté, détournant du regard le charnier lui donnant des haut-le-cœur rien qu'en y pensant.

   Tandis que la nuit tombait, que l'aube se levait, Asaki redevint Archelan, l'épuisant encore plus, puis il s'endormit.

   Après de courtes minutes de sommeil, Asaki fut secoué violemment.

   « Il est mort ! faisait une voix familière, apeurée.

   - Si tu meurs, je te tue ! fit une autre voix, plus violente, beaucoup plus familière, ressemblant à celle de...

   - Ileth ! s'écria Asaki en se réveillant violemment.

   - Vous voyez, il n'est pas mort, déclara Alegeus en regardant Daue et Ileth, d'un calme ressemblant à celui d'Asaki.

   - Non je ne suis pas mort, affirma Asaki en souriant.

   - Tu es vivant ! s'écria Ileth d'une joie ne lui ressemblant pas.

   - Bien sûr si j'ai dit que je n'étais pas mort, riait Asaki.

   - Non seulement tu fais croire que tu es mort mais en plus tu te paies ma tête ! cria Ileth en le frappant.

   - Je dormais ! Mais si tu continues à me frapper comme ça, là j'en mourrai !

   - Pourquoi dormais-tu ? demanda Daue.

   - La métamorphose est très gourmande en vigueur, et j'ai dû me métamorphoser six fois cette nuit, en plus j'ai dû combattre des chevaliers d'argent particulièrement forts, répondit Asaki en désignant le charnier sans le regarder.

   - Et l'explosion ? demanda Alegeus.

   - Ces pauvres chevaliers d'argent avaient des armures piégées; et alors que je mettais sur le côté les survivants, un vieux sang-mêlé les a faits exploser. »

   Tu es si différent de moi ! sourit intérieurementAlegeus. Le fait qu'Asaki était si miséricordieux faisait tellement contraste avec lui. Asaki sauve des personnes qui voulaient le tuer, et Alegeus, lui, tue des gardes innocents ne voulant que le contenir.

   Mais arrachant Alegeus à ses pensées, un bruit mécanique fut émis. Les quatre archelans se retournèrent aussitôt et virent que le cockpit du vaisseau de transport venait d'être ouvert. Un homme, semblant petit comparé aux archelans, en sortit. Il avait des cheveux châtains mi- longs, des yeux verts émeraude, un nez long et plat ainsi que des lèvres fines autour d'une grande bouche charismatique. L'homme avait une armure d'argent luisant à la lumière de l'aube. Il hurla à plein poumons avec une voix agressée par la poussière:

   « Ferin, sale traître ! Où es-tu ?! »