Chapitre Cinquante-un

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"Pleure : les larmes sont les pétales du coeur."

Paul Eluard

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Point de vue d'Alexander :


Cela faisait maintenant une bonne dizaine de minutes que j'étais comme absent, mon esprit était comme parti ailleurs, seul un fond sonore qui se trouvait être la radio me permettait encore de faire un lien avec le monde réel.


J'écoutais avec une angoisse grandissante les détails de la descente, presque en direct, de l'avion. Chaque information qui parvenait à mes oreilles était comme un couteau enfoncé dans mon cœur déjà meurtri. Chaque minute qui s'écoulait me semblait une éternité, comme si le temps lui-même s'était figé dans cette attente insoutenable.

Mes doigts tremblaient de manière incontrôlable lorsque je pris mon téléphone, mes yeux fixés sur l'écran dans l'espoir qu'il affiche un nom qui pourrait chasser mes craintes. John, mon amour, le seul réconfort dans ce monde chaotique. Mon pouls s'accéléra encore lorsque le téléphone sonna, annonçant une lueur d'espoir. Cependant, cette lueur fut cruellement éteinte lorsque sa boîte vocale se fit entendre, impersonnelle et glaciale comme le silence qui régnait dans mon cœur.

La frustration m'envahit et je laissai échapper un cri de désespoir, comme si ma voix pouvait conjurer les démons de l'incertitude qui tourmentaient mon esprit. Mes doigts, emplis d'une frénésie incontrôlable, se glissèrent dans mes cheveux que je tirai presque instinctivement. Chaque mèche semblait retenir une part de mon anxiété, et pourtant, peu importe le nombre de fois que je les passais entre mes doigts, l'angoisse ne faisait que s'intensifier.

C'était une situation intenable, la sensation de se noyer dans une mer d'incertitudes et de regrets. J'aurais voulu hurler, m'arracher le cœur pour échapper à cette douleur lancinante qui me consumait. Mon esprit était comme pris au piège, tiraillé entre l'espoir d'une nouvelle positive et la crainte de ce qui pourrait bien être une réalité impitoyable.


Le téléphone glissa presque de mes doigts alors que l'icône signalant un message vocal attira mon attention. Une lueur d'espoir m'envahit à nouveau, mêlée à une peur sourde de ce que j'allais entendre. Mon doigt hésita sur le bouton de lecture, comme si le simple fait d'appuyer pourrait changer le cours des événements.

La voix mécanique qui en résulta me fit frissonner. 

- « Vous avez reçu un nouveau message :

"Alex, c'est John. Écoute... Avant qu'il ne soit peut-être trop tard, je voulais te dire que je t'ai toujours aimé. Je regrette nos disputes qui nous ont éloignés. Les enfants me manquent terriblement. Je veux être acteur, mais pas sans vous. Vous êtes les plus belles choses qui me soient arrivées dans ma maigre existence. Je t'aime, n'oublie pas. Je t'aime..."

Les mots qui s'échappèrent des haut-parleurs étaient comme des échos lointains d'un bonheur passé, une mélodie familière qui contrastait douloureusement avec le vacarme chaotique de mes pensées. Les paroles s'enroulaient autour de mon cœur comme des chaînes, me rappelant l'amour que nous partagions, mais aussi toutes les barrières que nous avions érigées.

Des sanglots incontrôlables secouaient mon corps tandis que je m'efforçais d'écouter chaque syllabe, de saisir chaque nuance dans sa voix. Les pleurs et les cris en fond sonore semblaient emprisonner toute l'angoisse et la douleur du moment, les rendant presque palpables.

Changement de vie.Where stories live. Discover now