Changement de vie.

Chapitre Trente-Deux

"La persévérance est un talisman pour la vie"

Proverbe africain

Point de vue de Jonathan :

Cela faisait déjà sept mois que ma vie avait prit un tournent inattendu ; qui aurait pu me dire que via une simple annonce pour un poste, j'avais connaître les meilleurs instants de ma vie.

Rentrer dans la famille avait été un cadeau du ciel, une opportunité inespérée qui avait illuminé ma vie d'une lueur bienveillante. Dès que mes pas avaient franchi le seuil de cette demeure, une chaleur familiale m'avait enveloppé, comme si j'avais enfin trouvé le refuge tant recherché dans ce monde tourmenté.

J'avais pu m'occuper des enfants, ces êtres purs et insouciants qui semblaient tout droit sortis d'un conte merveilleux. Leurs rires cristallins résonnaient dans chaque recoin de la maison, dissipant les ombres et les tristesses. Leurs yeux pétillaient de malice et d'innocence, me transportant vers des horizons enchantés où le temps s'écoulait sans heurt.

Dans leur regard, je lisais la confiance, cette confiance naïve mais inébranlable qu'ils avaient placée en moi. Je me devais d'être leur protecteur, leur confident, et surtout, un guide dans ce voyage incertain qu'est la vie. Chaque instant passé à leurs côtés était une parenthèse enchantée, emplie de complicité et d'apprentissage mutuel.

La demeure était imprégnée d'une atmosphère bienheureuse, où les murs semblaient chuchoter d'anciennes histoires, témoins des joies partagées et des peines consolées. Les jours se suivaient et ne se ressemblaient pas, mais dans cette harmonie familiale, tout trouvait sa place et son équilibre.

Les saisons défilaient, peignant le paysage extérieur d'une palette changeante, tandis qu'à l'intérieur, l'amour grandissait et s'enracinait telle une plante précieuse. Les enfants grandissaient à vue d'œil, s'épanouissant comme de délicates fleurs à qui l'on offre soin et affection.

Chaque soir, quand le soleil s'inclinait vers l'horizon et que le crépuscule égrenait ses notes mélodieuses, la famille se retrouvait autour d'une table chargée de mets délicieux. La flamme dansante des bougies répandait une douce lueur sur les visages radieux, éclairant des moments de complicité et de partage.

Mais, comme dans tout conte de fées, des épreuves parsemaient parfois le chemin. Les enfants grandissaient, découvrant le monde avec ses défis et ses déceptions. Cependant, au creux des tourments, la famille se serrait les coudes, soudée par des liens indéfectibles, prête à affronter toutes les tempêtes.

Et le fait que j'ai développé une relation avec Alexander avait été un plus dans cette histoire. Pourtant même si je sais qu'il ressent une véritable affection envers moi, je ne peux m'empêcher de me demander "pourquoi moi et pas un autre ?".

À y regarder de plus près, tout semblait nous opposer, comme deux âmes égarées sur des chemins divergents. Lui, baigné dans la chaleur d'une famille aimante, avait parcouru les méandres d'une éducation épanouissante et avait embrassé les hautes sphères du savoir par le biais de longues et brillantes études. Tandis que moi, livré à l'abandon, j'avais connu les déserts glacés de l'affection parentale, une solitude qui m'avait meurtri dès le berceau, privé de cet amour qui nourrit et façonne les êtres. Mon parcours, jalonné d'embûches et de détours, s'était brisé prématurément à dix ans, lorsque j'avais dû mettre un terme à mes études pour me confronter au monde rugueux des adultes, cherchant désespérément à donner un nouveau sens à mon existence brisée.

Au sein de la famille où j'avais été accueilli avec tant de bienveillance, je gardais en moi cette peur profonde, une angoisse lancinante que mes différences soient un fardeau, une blessure trop béante pour être soignée par l'affection généreuse de ces êtres qui semblaient tout droit sortis d'un rêve éveillé. Je me sentais tel un étranger parmi eux, oscillant entre l'admiration pour leur amour inconditionnel et la crainte de leur rejet face à ce passif douloureux qui m'accompagnait tel un spectre.