Chapitre Dix-Sept

2.3K 184 21
                                    

"Quand on revoit quelqu'un après de longues années, il faudrait s'asseoir l'un en face de l'autre et ne rien dire pendant des heures, afin qu'à la faveur du silence la consternation puisse se savourer elle-même."

Emil Michel Cioran

*****


Point de vue d'Alexander :

J'étais profondément choqué par l'attitude de ma mère envers John, qui n'osait même pas répondre à ses attaques verbales. Mon cœur se serra lorsque je le vis se lever précipitamment et partir dans la cuisine. Je m'apprêtais à le rattraper, mais Frida me fit signe de rester et partit le rejoindre.


Pendant ce temps, les voix s'élevaient dans le salon, créant une cacophonie de reproches et de ressentiments. Ma mère lançait des piques acerbes tout en se délectant d'un toast. La tension montait d'un cran, et l'atmosphère devenait de plus en plus électrique.

"Viviane ! Franchement, tu me fais vraiment honte. Comment oses-tu t'adresser à ce jeune de cette manière ! Ce n'est pas parce que nous avons fait huit heures de route qu'il faut que tu te montres désobligeante envers tout le monde", répliqua sèchement mon père, son ton empreint d'amertume.

Les mots résonnaient dans la pièce, chacun pesant comme des lames tranchantes. Je sentais l'urgence d'intervenir, de calmer le jeu avant que la situation ne dégénère davantage. Je pris une profonde inspiration et m'avançai vers mes parents, déterminé à faire entendre ma voix.

"Arrêtez ! Assez ! Nous sommes en train de gâcher ce moment précieux en nous déchirant. Nous sommes ici pour célébrer Noël, pour nous retrouver en famille, et nous sommes sur le point de laisser la colère et les rancoeurs prendre le dessus", déclarai-je d'une voix ferme mais empreinte d'émotion.

Un silence lourd s'abattit sur la pièce, mes paroles suspendues dans l'air. Les regards se tournèrent vers moi, certains emplis de surprise, d'autres cherchant un écho à mes paroles.

"Maman, papa, je comprends que le voyage a été long et éprouvant, mais cela ne justifie en rien les paroles blessantes que vous vous êtes lancées. Nous sommes tous fatigués, mais nous devons nous rappeler l'importance de cette période de l'année, de la magie qui devrait régner autour de nous. C'est un moment de partage, d'amour et de pardon", continuai-je, mon regard passant de l'un à l'autre.


Une fois mon discours terminé je m'asseyais peut-être trop brusquement sur ma chaise, car je fis sursauter ma mère qui laissa échapper son toast, qui finit maladroitement sur sa robe bleue. Elle émit un bruit de mécontentement, puis se mit à essuyer la tache avec un morceau de papier, tout en tentant de calmer la situation.

"Enfin, mon Alex, calme-toi. Nous n'allons tout de même pas nous fâcher pour si peu", s'exclama-t-elle d'un ton apaisant, avant de se servir un verre de vin. Mon dieu, comme j'aurais aimé qu'elle s'étouffe avec. Mon regard se posa sur mon père, qui avait abandonné la partie, et je le vis se diriger vers les enfants.


"Alors, vous avez été sages cette année, mes petits lapins ?" demanda-t-il, cherchant à détendre l'atmosphère. Ils répondirent avec enthousiasme, exprimant leur impatience d'ouvrir leurs cadeaux. Mon père sourit tendrement, leur offrant à chacun une étreinte chaleureuse, avant de se diriger vers la cuisine. Déterminé à ne pas laisser l'attitude de ma mère gâcher la soirée, je décidai de me concentrer entièrement sur mes deux anges.Doucement, j'entendis Tyler me demander : "Pourquoi papa John est parti ?" Ne voulant pas lui gâcher son réveillon de Noël, je lui répondis qu'il était parti vérifier si le rôti cuisait bien.

Changement de vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant