23.

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  Un bruit aigu fait écho dans ma tête, et mes paupières ne veulent pas s'ouvrir. J'essaie de bouger, mais impossible de lever ne serait-ce que le petit doigt. C'est une sensation assez étrange, qui me rend anxieuse plus les secondes défilent.

 « Tic Tac Tic Tac »

Une horloge ne cesse de dévoiler ses deux petites syllabes, me prouvant que j'ignore encore où je suis, l'heure ou la date. J'ignore tout.

Lorsqu'un filet de lumière traverse ma fine peau, mon corps décide enfin de se mettre en route et de réagir. Pourtant, je ne fais pas un seul mouvement, aucun. Les souvenirs sont encore ancrés dans mes pensées, jusqu'au dernier moment où ma vision a vu trouble. Tout a tourné autour de moi, sans que je ne sache pourquoi. Mon cœur me trahit, ainsi que mes mains qui se sont mises à trembler au contact d'une main gelée... Ce n'est pas celle de Dagner, loin de là. Je la reconnaitrais parmi tant d'autres, elle est douce et me procure des étincelles au contact de sa peau contre la mienne. Je sais que je suis loin de lui, je ne me sens en aucun cas chez moi. Néanmoins, j'ai  le pressentiment que si, j'y suis.

Je suis chez moi.

- Petite perle douce, lève-toi, j'entends une voix beaucoup trop... familière à mon goût.

J'ouvre automatiquement mes yeux, la peur ayant pris le pouvoir de mes gestes. Je ne vois rien pendant quelques secondes qui me paraissent une éternité, avant de me recroqueviller sur moi-même. Je n'ai jamais connu cette foutue angoisse, cette terreur qui s'empare de mon corps, qui est en train de vous ronger de l'intérieur. Elle sème la panique totale, elle vous fait imaginer les pires choses, toutes aussi effroyables les unes que les autres.

Fred, « mon frère », est assis sur une chaise et il ne fait que m'observer avec un rictus sur ses lèvres fauchées. Ce qui accroît mon mal-être, mon angoisse à me trouver... chez nous.

- On fout quoi ici ? L'agressé-je dans l'immédiat. 

Confortablement assis sur cette petite chaise, sa tête divague sur le côté ; me regardant ainsi de travers. Tout cela ne va pas continuer longtemps, Dagner va et doit venir. 

- Il nous trouvera jamais, venir chez nous est trop... simple pour lui, lit-il dans mes pensées. 

Mon regard se pose sur la porte de derrière, autrefois y était une salle de jeux. Toutes sortes de jouets s'y trouvaient. Désormais, il n'y a plus rien et à la place, une table avec de nombreux objets s'y loge. Je n'arrive en aucun cas à distinguer ce que c'est. Un filet de lumière traverse la pièce, faisant ainsi briller plusieurs objets. Du métal. Ces choses sont faites de métal, non...

- Objets de torture, joli ? Se met-il à rire diaboliquement. 

J'ai un mouvement de recul, jusqu'à temps que mon dos heurte le mur froid. Tous mes sens sont en alerte lorsque Fred se rapproche dangereusement de moi. Son regard devient glaçant, ses iris sont aussi noirs que le soir où il a assassiné la seule personne qu'il me restait. À cet instant, je dois fuir. Si je ne le fais pas, je vais vite rejoindre ma mère là-haut. Dagner ne peut plus rien pour moi, c'est à moi seule de me sortir de cette situation... mortelle.

- Tu as peur ? Rétorque-t-il, trop gentiment. 

Il ne faut pas qu'il le voit, je ne peux pas me permettre d'avoir un seul sentiment de peur contre mon propre frère. Il ne l'est plus, c'est juste un psychopathe incontrôlable. 

- Non, ai-je répondu sur un ton calme. 

Je bloque ma respiration de temps en temps, de peur qu'elle ne dégénère et laisse apparaître mon mal être. 

- Dans ce cas là, tu vas la sentir passer, m'indique-t-il en me tenant le bras pour me dégager du lit.

En restant sans rien faire, je ne vais jamais m'en sortir indemne. J'utilise toutes mes forces pour le partir, j'essaie de le repousser du mieux que je peux. D'une seule main, il me tire en avant et je me retrouve les fesses à terre, violemment. Il se met sur moi, en bloquant les jambes avec les siennes. Je ne comprends pas ce qu'il cherche à faire, alors qu'il n'est pas venu dans ma vie depuis plusieurs année. Cet homme mérite la mort, elle le suit partout.

Contre toute attente, il part chercher je ne sais quoi dans la pièce d'à côté. Pendant ce temps, je me relève dans l'immédiat malgré mon mal aux fesses où va se construire un bleu, et je m'affole sur la porte de sortie. J'ai beau taper dedans, saccager la poignée, rien y fait. Elle ne bouge pas d'un poil et des traces de griffes sont sur la porte. Je me recule, choquée par ce que je vois. Du sang est encore frais sur cette porte en bois. Je ne suis pas la première à être ici. Non, je suis loin d'être la première et ses traces laissées par des ongles en sont la preuve.

- Personne ne peut m'échapper, rigole-t-il derrière mon oreille.

Je me retourne et le bouscule assez fort. Fred ne bouge pas beaucoup, il fait deux ou trois pas en arrière. Une sorte de couteau tombe à terre, me faisant un électrochoc à mon cerveau pour aller le chercher. Il faut que je m'en sorte, sinon je signe mon arrêt de mort.

Je me déplace aussi rapidement que je le peux, mais mon agresseur me prend par la taille et m'envoie valser contre la porte en bois. Ma tête vient fracasser celle-ci, me lançant des grésillements dans mes oreilles. Ce son est affreux, je ne le supporte pas et je pose ma main à l'arrière de mon crâne. Quand je regarde mes doigts, du sang percole entre eux.

Du sang.

Sans que je m'y attende, il me tire les cheveux et me claque une nouvelle fois contre cette porte. Cette fois-ci, mes cris sortent de mes lèvres comme si c'était prévisible. La douleur prend le dessus, la peur commence à revenir et mon instinct de survie se met à me lâcher plus le temps avance.

Je me relève, pour prouver que je suis forte et que je ne le laisserais pas gagner. Mais il est bien plus fort que moi et plus entraîné dans ce genre de situation. Une lame tranchante vient se faufiler sous mon t-shirt, que Fred arrache sauvagement. Il pose ensuite sa lame sur mon ventre et la retire d'un trait, me laissant une coulée de sang au passage. Mes mains se posent immédiatement sur mon ventre, à nouveau du sang se trouve sur mes doigts. Je ne peux pas le stopper, ma vision devient une nouvelle fois troubler. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, c'est comme si j'étais prisonnière et que je pourrais jamais sortir de cette  situation.

- J'ai longtemps attendu ce moment, je veux te voir t'écrouler en face de moi, me supplier et te regarder te vider de ton sang sur ce parquet. Je veux que tu meurs petite sœur, par mes propres mains, parle-t-il d'un son sarcastique et morbide.  

  

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Le Jeu Des Douze Coups [PAUSE]Where stories live. Discover now