Le Jeu Des Douze Coups [PAUSE]

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Cela fait maintenant trois heures que j'attends qu'il se réveille. Trois putain d'heures, sachant que ce n'est que la quatrième journée que je lui rends visite. Peut-être il s'est attendu à ce que ce soit moi qui se trouve sur ce lit d'hôpital ? Il ne me connait pas aussi bien au final, malgré le fait qu'il m'ait observé durant... je ne sais combien de temps exactement. Rien que d'y penser ça me procure des frissons dans tout mon corps. Je me suis faite espionner alors que je ne m'en suis même pas rendue compte. Ce type est, peut-être, un fou survenu d'un endroit différent. Non, c'est réellement un fou avec un jeu, le plus taré que je connaisse.

- Ce ne sera pas aujourd'hui alors, soufflé-je avant de fermer la porte de sa chambre.

Je traverse une huitième fois les couloirs avant d'atteindre la sortie de ce bâtiment. Je dois attendre et revenir demain voir comment il va. Va-t-il se réveiller un jour ? J'en sais foutrement rien.

J'ai envie de le connaître davantage car, rien que de le regarder, il m'intrigue. Un homme, nommé Dagner, va sûrement tout bouleverser dans ma petite vie si banale. Je ne veux pas qu'il reste des jours allongé sur son matelas non confortable. Il doit se lever le plus vite possible de son lit, il a eu un effet sur moi que je ne saurais décrire. Pourtant, l'envie de continuer toute cette pagaille est bien là.

Une fois que j'ai retrouvé mes esprits en étant restée à cette porte en verre, je bouge rejoindre ma voiture garée au fond du parking. Quelle idée d'aller se garer aussi loin ! Je sors les clés de voiture de mon sac, avant d'entendre le bruit d'une voiture qui s'ouvre. Je tente d'ouvrir la portière mais elle est fermée. Il y a un problème là, j'ai dû mal cliquer sur le bouton de ma clé. J'appuie une nouvelle fois sur le bon bouton et je rouvre la portière. Je m'installe confortablement sur le siège avant de vouloir mettre mon sac du côté du fauteuil passager. C'est à ce moment là que je me mets à hurler telle une cinglée.

- Surprise ma jolie, dit-il d'une voix ironique.

- Tu... T'étais en haut et... Comment t'as fait putain ? paniqué-je.

Il se tient juste à côté de moi, dans ma voiture. Il y a quelques minutes, il était sur ce putain de lit blanc, je ne comprends pas. Il a fait naître en moi une peur incontrôlable, qui ne veut pas se calmer.

- Croyais- tu que j'allais tout abandonner comme cela et rester cloîtré dans cette chambre merdique ? Oh non, tu te trompes.

- T'es arrivé là par magie tu vas me dire ? répliqué-je au bord de l'énervement suite à son intrusion.

- Démarre tout de suite !

Il a utilisé un ton très dur et froid, je ne fais pas ce qu'il me demande. Je suis loin d'être une soumise et encore moins la sienne. Il n'a aucun ordre à me donner et je ne bouge pas d'un poil. Son regard transperce le mien, il est tellement noir que nous pouvons croire que c'est une envie de meurtre que laisse passer ses yeux. Il s'abaisse, sans que je ne comprenne pourquoi et mon regard se dirige vers la porte de l'hôpital. Des médecins et infirmières sont dehors en train de regarder partout sur le parking. Cette infirmière au fond, elle s'occupe normalement de Dagner. Je ne prends pas le temps de mieux comprendre et démarre la voiture pour partir.

- Il était temps que ton cerveau se mette en place ! La prochaine fois, fais moi confiance, répond-t-il.

Je fais un signe de mécontentement avant de poursuivre une route, j'ignore où on va.

Lui faire confiance ? C'est bien la meilleure celle-là ! Première chose, je ne l'accorde pas facilement. Et secondo, il est loin d'être un homme dont nous pouvond accorder sa confiance. Je ne connais rien de lui et je crois que je vais mener ma petite enquête là dessus.

- Dis moi ce fameux chiffre, reprend-t-il soudainement.

Un chiffre ? Ah oui, ce chiffre là entre deux et douze ? À vrai dire, je n'y ai pas pensé depuis la dernière altercation que nous avons eu à la boîte de nuit. Je prends une grande respiration avant de me lancer dans la gueule du loup.

- Six.

- Oh, tu n'as pas choisi le plus facile, sourit-il.

- Y'en a qui sont faciles ? lui demandé-je surprise, en le regardant pendant quelques secondes.

- Non, rit-il.

- Idiot !

Il me donne quelques autres indications sur le trajet avant que je ne décide de prendre la parole. Je ne connais rien de lui et j'ai cette envie de le connaître davantage, il est si... troublant à regarder. C'est un personnage qui, je pense, cache bien son jeu et ne laisse passer aucun trait de caractère.

- Tu ne m'as pas répondu la dernière fois, à ma question du pourquoi tu faisais tout ça, parlé-je sans le regarder de peur de devoir l'affronter, lui et ses yeux bleus.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? lance-t-il glacialement.

- Tu m'as plongé dans ton jeu, j'ai le droit et j'exige de savoir la raison du pourquoi.

- Un jour, tu le sauras réellement. Pour l'instant, contente toi juste de savoir que tout le monde sera au courant de celui-ci, peu importe ce qu'on fera parmi ces douze coups.

Il me glace le sang rien qu'en effleurant ses doigts sur ma main, qui est posée sur le levier de vitesse. Pourquoi fait-il cela ? Que veut-il dire par « tout le monde sera au courant » ? Je ne vois pas où il veut en venir, y a-t-il des caméras qui sont mises je ne sais où ? Non, impossible. Quoique, l'impossible est réalisable d'après lui, n'est-ce pas ?

- Pourquoi moi ? le questionné-je soudainement après tant de silence.

- Tu es une coéquipière si... parfaite, que je n'ai pu te sortir de ma tête.

De nouveaux frissons parcourent mon corps entier qui ne bouge plus, à part pour conduire. Comment fait-il pour avoir un effet comme celui-là sur moi ? Il n'y a rien qui me plaît chez lui, à part ce qui le rend indiscernable telle une énigme à résoudre.