13.

179 24 15
                                    

Je me dépêche de parcourir exactement les mêmes couloirs et portes qu'au début grâce à tout ce que ma mémoire a enregistré. Je veux absolument trouver Dagner avant que l'autre gorille me trouve pour me tuer sans pitié. J'arrive dans la grand pièce où nous étions au début et je remarque deux corps à terre dont le premier qui n'est rien d'autre que l'homme tombé à terre lors de ma fuite. Cependant, qui est le deuxième ? Je n'ose pas m'approcher de peur de reconnaître un visage qui m'est familier. Je crains qu'il ne sait pas à quel point je tiens à lui, même s'il a dû le comprendre avec tout ce qu'il s'est produit. Pourtant, rien n'est clair dans ma tête. J'ai toujours cette vague impression que son jeu diabolique n'est autre que notre propre perte. A nous deux.

C'est un adjectif qui le qualifie dans toutes les conditions, diabolique.

Un son se fait entendre. Pas n'importe quel son, une voix qui hurle des injures dont je me passe de bien comprendre. Je m'avance tout en essayant de me cacher quand je débarque dans une pièce où je me fraie un chemin pour pouvoir observer tout en ne me faisant pas remarquer. Ce qui est plutôt dur vu le peu de meubles qu'il y a ici, tout semble dévasté, détruit.

- T'as des couilles d'être venu ici Harper, balance une voix au ton dur.

Harper ? Qui est cette personne ? Je passe ma tête entre deux armoires par où je suis entrée et j'aperçois Dagner debout entouré de deux hommes qui le tiennent fermement. Son nom de famille est donc Harper... Je ne me suis jamais posée la question sur son nom, pourquoi cela m'intriguerait ? En vérité, cela me fait bizarre que ce n'est pas de la bouche de mon coéquipier que je l'ai appris.

Harper. Dagner Harper, joli ?

Dans quoi nous nous sommes encore fourrés ? Tout cela ne va pas bien se terminer, je n'ai aucun moyen de nous défendre à part ce flingue dans mon dos. Comment je vais faire pour le sortir de là ? D'ailleurs, qu'a-t-il bien fait à mon partenaire pour qu'il soit contre cet homme dont il souhaite tant la mort. Puis, pourquoi Dagner a mis ce défi comme faisant parti de notre jeu ? Pourquoi m'a-t-il embarqué dedans ? Je ne comprends pas, je n'en peux plus de ses mystères, ça commence réellement à me rendre dingue, voir ouf. Comment vivre dans l'ignorance ? Personne ne peut, pourquoi moi je vis dedans alors ?

- T'as rien à faire dans c'monde, connard.

Un gémissement se fait entendre et je sais que c'est celui de Dagner. Je n'ai plus le temps d'attendre, il ne tiendrait même pas dix minutes de plus s'il continue à l'insulter autant. Un deuxième, puis troisième, et encore un gémissement. Putain ! Je m'apprête à me jeter dans la gueule du loup quand soudain, mes pieds ne touchent plus le sol. Je ne sens plus rien sous mes pieds, ils se balancent dans le vide. J'ai beau me débattre, tout faire pour poser ses pieds au parquet, rien n'y fait. Les bras qui me tiennent sont beaucoup trop puissants pour que j'arrive à me dégager de là.

- Tiens, de la compagnie ! S'écrie le chef des hommes.

Tous les regards sont braqués sur moi, je suis toujours en train de me débattre telle une furie.

- Et merde... Murmure Dagner entre ses dents.

Il me fait un regard qui veut tout dire, son regard me montre que je n'aurais jamais dû me trouver dans cette pièce. Mais, après tout, j'ai commencé tout ce bordel avec lui, je le finirais à ses côtés. Peu importe ce qu'il se passe. Il voit ensuite ma joue qui vire, je suppose, au violet dû au coup que m'a donné l'autre. Il a la haine, il sert les poings à s'en enfoncer les ongles dans la peau.

L'homme qui m'a surpris quelques minutes auparavant, me dépose sur une chaise et appuie sur mes bras.

- Je pense qu'on va bien s'amuser... Murmure-t-il à mon oreille tout en me déposant un bisou dans le cou.

Écœurant. J'ai reconnu sa voix, je sais que c'est lui. Ce foutu gars qui m'a tiré dessus quand j'ai sauté par la fenêtre, cet homme qui ressemble tant à un gorille. Moche et effrayant. Quand Dagner a vu cela, il a essayé de se dégager mais il s'est pris un poing dans le ventre avant de s'écrouler à terre et de se relever. Il ne s'abaisse jamais devant son ennemi, je le connais assez bien dans ce domaine pour le savoir. Je sais qu'il ne ressent pratiquement rien mais je le remarque autant que lui, que maintenant il a peur parce que je suis là. Parce que je n'aurais jamais dû me trouver ici, alors pourquoi m'as-tu emmené ici ? Il n'aurait jamais voulu que je sois en face de lui, je vais servir de jouet à ses idiots. Je regarde Dagner, il a un regard si doux que je ne peux arrêter ce sourire qui s'agrandit sur mes lèvres. Je trouve encore le temps d'être heureuse dans cette situation, c'est réellement fou.

- Tu ne crois pas qu'il serait temps d'abandonner ? Dit le chef à l'intention de mon copain tout en se rapprochant de moi.

- Je m'arrêtais une fois que j'aurais arraché ton cœur de ta putain de poitrine, rétorque mon acolyte.

L'homme fait le tour de ma chaise tout en mettant ses mains dans mes cheveux. Je m'enfonce encore plus dans ma chaise comme si cela peut changer quelque chose avant de sentir mon arme dans mon dos. Mon dieu, ce bijou que j'ai oublié pendant un instant. Comment j'ai pu zapper ce qui peut nous sauver ? Je me remets à sourire en le regardant, lui. Et il comprend immédiatement, c'est comme s'il avait lu dans mes pensées comme dans un livre ouvert. 

Il sait.

- Tu sais ce que tu vas gagner Harper ? Tu vas regarder ta copine mourir dans d'atroces souffrances, comme tu as vu ton frère mourir. Ce sera bien le dernier souvenir que t'auras avant de crever, lance le boss.

Dagner attend qu'il vienne vers lui avant de lui foutre un énorme coup en pleine tête qu'il en tombe à terre. Je suis tellement surprise que sur le coup, je ne bouge pas, tout mon corps semble paralyser. Pourtant, quand je vois le gorille s'avancer vers lui alors qu'il s'occupe des deux autres hommes, mon pied bouge enfin et va s'abattre dans le tibia de celui-ci. Il tombe à terre et se retourne vers moi avec un sourire malicieux, si dégoûtant. Il m'en donne la nausée. Je déteste qu'on me fasse ce sourire là, il vous montre juste la supériorité alors que non. Je ne perds pas un instant et balance la chaise dans sa gueule, il ne m'impressionne plus et la rage prend le devant. Je ne me reconnais plus, mes pieds partent dans son ventre. Tout est comme si je me suis entraînée des heures à faire cela. Alors que c'est tout le contraire, je ne suis pas une meurtrière. Je ne veux pas l'être.

- Salope, arrête toi ! J'entends ce crie derrière moi et me retourne illico.

Un homme tient Dagner par le cou, ils sont tous les deux à terre et il s'appuie sur lui pour éviter qu'il ne fasse un mouvement. Je suis tétanisée par la peur de le perdre et de le voir s'éteindre devant moi sans que je puisse faire quelque chose. Soudain, je mets ma main derrière mon dos et sors l'arme tout en le chargeant pour le pointer vers l'être que je haïs le plus à ce moment. L'homme ne comprends pas ce qu'il est en train de déclencher, ce qu'il crée en moi.

- Tu crois sérieusement nous avoir avec ça ? Se mettent-ils tous les deux à rire.

- Tu vas te blesser ma jolie, baisse cette arme.

- Vous méritez juste de crever bande de bâtard ! Je m'écris, hors de moi voyant l'homme serrant davantage le cou de Dagner.

Ses yeux, ses si beaux yeux bleus, qui me supplient de ne pas faire une connerie que je peux regretter. Il ne sait pas à quel point je peux tout faire pour le sauver. S'il meurt, je meurs avec. Il n'y a pas de lui sans moi, de il sans elle, de D sans B, il ne me restera plus rien sans lui.

- Il mourra si tu ne la poses pas à terre, regarde comme tes mains tremblent. Tu es effrayée, sourit-il sataniquement.

La rage se disperse dans tout mon être, je les déteste tous autant qu'ils sont. Des hommes tels qu'eux ne méritent même pas d'exister, ils devraient tous crever un par un. De souffrir avant de déposer l'âme, de partir en enfer et de ne jamais revenir.

Tout est terminé, tout est fini quand un coup de feu se fait entendre.  

Le Jeu Des Douze Coups [PAUSE]Where stories live. Discover now