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  Ma main me lance des picotements à chaque fois que Dagner met délicatement du désinfectant dessus. La rage que j'ai évacué sur la télé a suffit pour m'achever complètement, mais je suis toujours en rogne contre lui. Comment mon frère, Timy, peut-il prétendre tenir à moi et vouloir que je rentre ? Son regard, lors de l'émission, a été trop... faux cul à mon goût. Il attend que je revienne, il n'attend que ça. Il ne veut pas m'a m'aider, il ne cherche qu'à m'anéantir comme il l'a fait avec ma mère. Il n'avait pas le droit d'ôter la vie à la seule personne de mon monde. Pourtant, il l'a fait.
Dagner m'a prévenu qu'un de ses potes est en train de se charger de son cas, du moins, il essaye. Je ne crois pas que cela est pour autant efficace, Timy est malin et sournois.

- N'empêche, ma copine est une lionne, ricane Dagner en se foutant royalement de moi.

- Très drôle ! Répondis-je, vexée.

Ma réaction est peut-être abusée, mais la télé n'a même pas eu un seul impact. À part quelques fissures, c'est mes phalanges qui ont pris le plus. Je ne peux pas contrôler l'ampleur de ma colère, elle est trop grande et vorace pour que je la garde pour moi.

Reine des idiotes ! Me hurle ma conscience.

- Prochaine fois que je le croise, je n'aurais aucune pitié, parle Dagner en récupérant mon attention.

J'ai stoppé tout mouvement, m'obligeant à regarder son air plus que sérieux et maîtrisé. Il est prêt à tuer pour moi, il est un meurtrier. Il finira comme mon père, mort à cause de sa propre folie.

* * *

- Tu ne vas pas ouvrir ? Demandé-je à mon copain.

- Vas-y, entendé-je de la salle de bain.

Je souffle intérieurement, je n'ai pas envie d'aller voir qui peut bien être derrière la porte. Et si c'est la police qui nous a retrouvés ?

Elle aurait défoncé la porte, idiote ! Reprend ma tête.

Elle commence à me plomber le moral, cette tête est une casse-boulette. Je remets mes cheveux en place ainsi que mon t-shirt avant d'ouvrir la porte. Je regarde partout, il n'y a personne. Soudain, mes yeux se dirigent vers le sol. Un bouquet, ornis de toutes sortes de fleurs, se trouve sur le tapis de l'entrée. Une rose magnifique est plantée en plein milieu, faisant ressortir le petit papier blanc. J'agrippe la beauté qui se tient devant moi en dérobant la petite carte.

- Ma chérie, tu n'as pas idée à quel point tu as bouleversé ma vie. Tu es entré tel un ange en illuminant tout sur ton passage. Tu es mon rayon, celui qu'on oublie jamais. Je ne regrette pas que ce soit toi, tu es celle que j'aime et dont je ne me lasserai jamais. Tu as réussi à tout foutre en l'air, et j'aime ça. T'es ma perle rare, celle qui fait briller mon coeur, lisé-je sur le carton.

Mon sourire ne cesse de grandir en lisant tous ses mots qui me font chaud au coeur. C'est un merveilleux cadeau qu'il me fait, c'est peut-être banal mais pour moi, c'est énorme. Il réchauffe mon âme, il me donne tant d'amour que je n'ai jamais eu.

Deux bras viennent encercler ma taille, me montrant que l'homme que j'aime tant est tout près de moi. Il est si proche, que je sens son souffle dans mon cou ; faisant envoler quelques mèches de cheveux au passage. Malgré qu'une simple lumière nous éclaire, son visage reste lumineux dans la noirceur de la pièce.

- Tu es une merveille, parle-t-il tout doucement en caressant délicatement ma joue droite.

Sa voix est agréable à entendre et comme... essoufflée. Soudain, sans que je m'y attente, ses lèvres se plaquent fermement sur les miennes. Dévoilant ainsi son envie atroce de poursuivre sur un lit, ou sur n'importe quoi. Pourtant, il se contente juste de m'embrasser et de faire rencontrer nos langues désireuses.

- Ce soir, juste nous et de nombreux films, sourit Dagner, ravie de sa petite organisation de la soirée.

Sa surprise me choque un peu, je m'attendais à une soirée coquine et pleine de rebondissements. Mais celui qui me sert d'homme, idiot comme il est, me fait plaisir en m'offrant une nuit romantique tel un couple normal. Mais, sommes-nous normals ? Non, puisque nos vies sont menacées chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde. Peut-être que ce soir, sera le dernier.

 Peut-être que ce soir, sera le dernier

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* * *

- Dagner... Reculé-je en me dirigeant de nouveau vers notre chambre.

Il se retourne dans ma direction, m'interrogeant du regard.

- Les flics sont en bas, lancé-je à mon coéquipier.

Il se rapproche des escaliers en colimaçon, entendant lui aussi des voix. Ils ne discutent pas de n'importe quoi, ils parlent de nous. Comment ont-ils trouvé où nous étions ? Excellente question.

- J'ai une autre idée pour nous, rétorque Dagner.

Cette fameuse idée, je ne pense pas qu'elle va me plaire mais je le suis quand même. Ma curiosité est encore plus forte que ma sagesse, me faisant marcher sur les traces de Dagner. Nous nous dirigeons dans la même chambre où nous avons passé une belle nuit. Cette fois, il se rapproche de la fenêtre et l'ouvre comme s'il avait l'habitude. Je ne vais pas encore sauter de là tout de même ? Mon partenaire me sourit tel un gamin, me prouvant que si, nous allons passer par là.

- Suis-moi, ne regarde pas en bas et ne tombe surtout pas, dit-il en sortant de la fenêtre.

Ce qui me bloque, c'est que le but est - normalement - de sauter. Pourquoi il ne faut pas tomber ?

- Je sais que t'as des jolies fesses mais si tu veux pas que je vienne les chopper, ramène toi Break ! Ordonne-t-il, ne le voyant plus dans mon champs de vision.

Ma tête sort de l'ouverture, regardant en l'air afin d'apercevoir Dagner qui grimpe le mur grâce aux arbres, aux racines et aux gouttières. Mon cerveau ne fait qu'un tour, et si je me casse la gueule ? Ma folie et l'adrénaline m'empêchent de mieux réfléchir et je m'accroche à la gouttière avec difficulté. Ma main fragile me lance souvent des douleurs, je vais prendre l'habitude d'affronter cette douleur. Après tout, il y a pire dans ce monde...

Je poursuis les pas de Dagner, mes mains sont tremblantes et moites. Je passe outre, à cause de la peur de finir en pâté, écrasée par terre. En bas, je peux finir en bouillie. Avant même que je finisse de grimper, je sens deux bras tenir mes épaules et mes pieds décoller du sol. Je touche à terre une fois que la personne m'a posé.

Dagner Harper.

Lui et toujours lui, pourquoi suis-je surprise ? Il ne fait rien, mais je le trouve tellement magnifique.

Amoureuse, balance ma conscience.

- Prête ? Sourit mon coéquipier, content de ce qu'il a préparé.

Il ne m'adresse qu'un léger sourire.... diabolique. Ce qui n'a rien de bon, au contraire. Il se dirige vers moi et me met quelque chose sur ma veste. Il fait de même sur lui et j'arrive à distinguer une sorte de caméra.

- Pourquoi ? Le questionné-je soudainement.

- Il faut de tout pour partager notre conquête au monde, ceci en fait parti, annonce-t-il quelques instants après.

Il se recule de moi, encore et encore. Qu'est-ce qu'il fabrique ? Il accroche son attention ailleurs et il se met à courir. Je le suis des yeux en le voyant décoller du sol, d'un geste précis et lent pour moi. J'émets un cri sourd, dévoilant ma stupéfaction de le voir arriver sur l'autre toit en peu de temps.

Le voilà, notre septième défi.

Le Jeu Des Douze Coups [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant