quelques mois plus tôt

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J'étais fatigué.

Fatigué de cette semaine.

Fatigué de cette journée.

Fatigué de cette heure.

Fatigué de cette vie.

Fatigué de flipper pour la vie de Liz.

Fatigué de me dire qu'à tout moment, Becca pouvait revenir et décider d'en finir avec elle.

Ce que je ne savais pas, c'est que ce n'était pas de Becca que je devais avoir peur, mais de Liz elle-même.


Le jour qui a suivit la scène que j'avais découverte entre Becca et Liz, j'étais allé voir Aiden, le midi, à la cafétéria.

-         Becca a fait quoi ? avait-il demandé après ma longue explication de la situation.

-         Becca a tapé Liz. Je l'ait vu de mes propres yeux.

C'était bizarre de le dire, ça rendait la chose plus réelle, plus grave.

Bien-sûr, je n'étais pas naïf au point de penser que ça passerait.

Ce genre de chose ne passe jamais : papa m'apprend souvent grâce à son journal du matin,  les nouveaux suicides de la semaine.

En moyenne, les gens se suicident trois à quatre fois par semaines.


-         On doit intervenir, ais-je ajouté.

Aiden s'était esclaffé.

-         Ah parce que tu crois que Liz va gentiment nous laisser régler l'histoire ?

-         Déjà qu'elle n'était pas bien depuis quelques semaines..., grognais-je. Elle n'avait pas besoin de ça.


En réalité, personne n'avait besoin de ça.

Mais j'avais besoin de dramatiser un peu, ça me rassurait en quelque sorte.

Et puis, maintenant que je me repasse la scène en boucle, je sais qu'Aiden se payait ma tête.

Il savait que c'était à cause de Becca.

Que Liz n'allait pas bien depuis quelques semaines à cause d'elle.

Et moi, j'étais bien trop con pour m'en rendre compte.

C'était sous mes yeux, une fois encore.


-         Le monde est bourré d'injustice, disait Aiden.

-         Et ?

-         Quoi ?

-         C'est quoi la chute ? Ne me dis pas que tu fais le philosophe maintenant...

Il m'avait lancé un regard d'incompréhension.

-         Ce que je veux dire, c'est qu'en temps normal, tu aurais finis par lâcher : le monde est bourré d'injustice, alors allons nous bourrer la gueuler avec la justice. Un truc du genre.

-         Tu es fou.

-         Je préfère réaliste. Ou observateur.


J'aimais bien ce mot : observateur.

J'observais mes amis, ma famille, ceux qui comptaient pour moi jusqu'à les connaître par cœur.

De sorte à toujours avoir un temps d'avance sur eux.

Oui, ça pouvait paraître fou...


Il s'était de nouveau concentré sur son repas et ne m'écoutais plus.

Ça m'étais bien égal : j'étais trop occupé de mon côté à me demander si Liz viendrait aujourd'hui, si a un moment donné, elle débarquerait à notre table en nous sortant un bon vieux sarcasme, en jetant un gros bouquin sur son plateau.

Elle n'était pas revenue de la semaine...

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant