quelques mois plus tôt

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Je n'avais plus revu Aiden depuis un mois et Liz n'avait pas cherché à me recontacter.
Je les voyais souvent ensembles.
Ils avaient l'air de bien s'entendre, de rigoler, de se comprendre...

Lucas avait passé la semaine à coller une fille de première L qu'il avait rencontré à la soirée de Linda.
Il me semble qu'elle s'appelle Kelly. Elle a les cheveux plus noirs que noir et ne s'habille que de noir.
Même ses yeux sont noirs.

Un jour, alors que je désespérais, seul, dans les couloirs, à la recherche d'un mur à qui parler, Becca m'avait foncé dedans.
Elle avait ensuite crié, vérifié son vernis, remis en place ses cheveux et m'avait enfin regardé pour me dire :

-         Tu sais ce que tu es Dean Fly ? Un moins-que-rien. Et tu sais ce que je suis ? Une plus-que-plus. Et les gens plus bas que rien n'ont pas le droit de rentrer dans les plus hauts que plus. Alors soit gentil tu veux... éloignes-toi de mon chemin.

Elle avait rageusement repoussé une de ses mèches blondes, puis était partie aussi vite qu'elle était arrivée.
Je n'avais absolument rien compris.
Et je regrette encore de ne pas lui avoir rabaissé son clapé.


-         Hé Andrew ! me saluais Ewen quand j'entrais dans la bibliothèque l'après-midi même.

Il lisait tranquillement un livre sur l'une des grosses tables au centre de la pièce.

Mais ses mains trahissaient sa super-activité : elles tremblaient.

Il ne tenait jamais en place.

Sa jambe droite tressautait.

-         Hey, murmurais-je en m'installant en face de lui. Qu'est-ce que tu lis ?

Ce moment reste le plus bizarre de toute ma vie.

Je ne connaissais pas Ewen. Pas personnellement en tout cas.

Et on se tapait la discute en plein milieu d'un millier de livres.

C'est ça que j'appréciais le plus chez lui : il mettait les gens dans sa poche à coup de petites blagues, de sourires en coin, de petites attentions quand personne ne vous remarquez...

Il s'appropriait votre amitié et pouvez vous la rendre à n'importe quel moment.

-         Un livre philosophique. La vie, qu'est-ce qu'elle t'évoque ?

J'avais envie de tourner les talons et de l'abandonner avec son livre de philo débile.

Ou encore de lui dire que la vie, ne m'évoquait rien.

Mais pour le premier point, ça aurait-été lâche.

Pour le second point, ça aurait-été faux.

Ce n'est pas parce-que la vie ne m'évoquait rien, à cet instant, qu'elle ne m'avait jamais rien évoqué et ne m'évoquerait plus jamais rien.

-         La mort, ais-je répondu sans réfléchir. La vie nous donne un petit aperçu de la mort.

-         De la mort ? La mort est le contraire de la vie. Comment la vie peut-elle t'évoquer la mort ?!

-         Peut-être parce que je me sens mort de l'intérieur...

-         Cette discussion n'a aucun sens. Tu t'en rends compte ?

Je m'étais alors levé en grommelant.

-         Tu as beau être en vie, si tu n'existes pas aux yeux des gens...tu es déjà mort. Parce que les gens garderont toujours ton existence au fond d'eux, même après ta mort...

-         Waouh Dean Fly ! Tu devrais prendre des cours de philo ! Tu es... plutôt pas mal !

Et puis je m'étais barré en courant.

Avant de pouvoir trouver la force de lui crier qu'il me restait seulement une année et je me cassais loin, très loin d'ici. Encore deux trimestres et je quittais ce lycée.

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant