Et puis j'ai souri

chapitre 5

Le lendemain, comme prévu, Aiden me retrouva à la bibliothèque.

- C'est quoi cette histoire ? s'empressa-t-il de me demander en prenant un livre au hasard.

- Apparemment, Liz a laissé quelque chose pour moi avant de mourir.

- Et tu y crois ?

Je le regarde, ne comprenant pas trop où il veut en venir.

- Je veux dire... comment aurait-elle pu te laisser quelque chose ?

J'hausse les épaules et me plonge dans mon bouquin.

Je n'ai jamais compris comment Liz pouvait lire pendant des heures sans jamais faire de pauses.

- Tu y vas quand ?

- Ce soir, après les cours. Tu viens également.

- Hein ?!

- Bah quoi ? T'as décidé de revenir dans ma vie... maintenant tu assumes.

- Mec... Je ne peu pas aller chez Liz. C'est au dessus de mes forces.

J'ai envie de lui dire que je le comprend.

Qui aurait envie de débarquer chez une fille qui est morte ?

Pas moi.

Pas Aiden.

Pas nous.

- Et puis tu crois qu'elle aurait pu te laisser quoi, poursuit Aiden, une lettre d'amour ?

Je lui tape l'épaule.

- Aïe ! Quoi ? Vous étiez bien un couple... je paris qu'il y a des cœurs sur ce qu'elle t'a laissé.

- Crétin, je grogne. On était séparés depuis une semaine quand elle est morte !

- Et alors ? Tu crois qu'après quatre mois de relation ses sentiments ont disparus en une semaine ?

Je lui lance un regard assassin, lui signifiant qu'il valait mieux qu'il s'arrête là.

J'accepte de parler de Liz depuis hier seulement, ce n'est pas pour entendre des choses pareils !

Je n'ai franchement pas besoin de m'imaginer Liz, me pleurant.

Liz regrettant notre relation...

- Okay, je vais t'accompagner. Mais je ne parlerais pas, comprit ?

Je réprime un sourire devant son air comique.

- Comprit, assurai-je.

Le midi, Becca vint vers moi.

Elle m'ordonna de la suivre dehors, derrière le lycée.

- Je m'appelle Becca, se présenta-t-elle quand on s'assit au sol, appuyés contre le mur.

Je la fixai un instant.

Pourquoi est-ce qu'elle me dis son nom ?

Tout le monde la connaît !

C'est la fille la plus populaire du lycée !

Ses cheveux blonds ont l'air moins soyeux vu de plus près.

Et ses yeux d'un bleu nuit ont l'air au bord des larmes.

- Elizabeth était mon amie...

C'est faux.

Becca se servait de Liz, comme elle se sert de tout le monde.

- Andrew... Je voulais juste te dire...

- C'est bon Becca. Sèches tes larmes et dis-moi ce que tu veux vraiment. Je me doute que tu ne pleures pas Liz.

Pendant un instant, elle semble horrifiée.

- J'en ai plus qu'assez de tous vous voir chialer, juste pour vous faire consoler et prendre dans les bras ! Vous faites tous de la mort de Liz une excuse à toutes vos absences, toutes vos conneries !

- C'est faux, tente-t-elle de se défendre.

- Tu veux quoi de moi Becca ?

- Je sais que tu ne m'apprécie pas trop, mais...

Je ris d'un rire sec.

- Je ne t'apprécies pas trop ? Sérieux Becca ? Je te déteste !

Elle se fige.

- Pour...pourquoi ?

- Parce que tu es une manipulatrice, hypocrite et que tu passes ton temps à te moquer du monde !

- C'est faux, pleurniche-t-elle.

J'ai envie de rire de nouveau.

Les filles populaires sont toujours manipulatrices.

C'est pour ça qu'elles sont populaires.

Les gens semblent aimer se faire prendre pour des cons.

- Écoutes Becca... Je t'avoue que je suis assez surpris en fait. Tu ne m'as jamais adressé la parole. Pourquoi soudainement tu viens me parler ?

- Pour Elizabeth.

Je tourne les talons et lui cri :

- Tu aurais mieux fais de réagir quand elle était encore en vie.

Et toi aussi, ai-je envie de me crier.

Toi aussi tu aurais du lui dire combien elle était belle.

Combien tu l'aimais.

Combien elle rendait ta vie plus belle...

Avant qu'il soit trop tard.