.10 décembre - Gaëlle.

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             Je ne sais pas pourquoi j'ai dit oui. Quand il est venu s'asseoir à côté de moi, dans l'avion, je ne lui ai pas accordé un seul regard. Quand il m'a parlé, je n'ai pas répondu tout de suite. Je voulais juste qu'il s'en aille, qu'il me laisse seule. Puis il a trouvé les bons mots, quand personne avant lui ne les avait eus. Je ne sais pas d'où lui vient toute cette sagesse, cette poésie. Je ne sais pas ce qu'il a vécu, mais il me rappelle les vieux sages des histoires. Il m'a rappelé pourquoi j'étais partie. Pour connaître autre chose. Pour rencontrer de nouvelles personnes, visiter de nouveaux lieux, construire une nouvelle vie. Alors je me suis souvenue que ce n'est pas en me renfermant sur moi-même que j'y arriverai. Cependant, c'est comme être malade : on a beau tenter d'aller mieux, les symptômes nous rattrapent. J'ai toujours autant mal. Toujours autant envie de pleurer. Mais il me fait penser à autre chose. Autour de ce café que j'ai accepté de prendre, je l'écoute parler. Il voudrait que je parle davantage de moi, mais je ne peux pas. Pour l'instant, ma vie ne se résume encore qu'à Gaëlle et Anna. Il n'y a pas un seul pan de mon existence où elle ne figure pas, pas un seul souvenir où elle n'est pas là, pas une seule photo de moi sans elle. Alors parler de moi, ça reviendrait à parler d'elle. Et c'est toujours trop tôt. Est-ce qu'un jour, ça sera le bon moment ? L'écouter me fait du bien. Il me fait du bien. Et je culpabilise. D'oser prendre plaisir à autre chose, d'oser me changer les idées. J'ai honte, et je culpabilise d'avoir honte.


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Tranches de ViesWhere stories live. Discover now