Addiction [TERMINÉE]

Sixième partie.

Chapitre 1

Le 1er février, Nathan emménage enfin dans son nouvel appartement à Portland. Il m'appelle pour me l'annoncer.

Il me proposé de venir l'aider à défaire ses cartons. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, mais je n'arrive pas à dire non.

Je me pointe un mardi après-midi. Le bâtiment est en piteux état. Sans parler du quartier qui est franchement sinistre.

Je me gare, je grimpe les marches et je toque à la porte de l'appartement 305. Comme elle est entrouverte, je la pousse doucement.

J'entre dans un studio minuscule, sale et décrépit. La peinte s'écaille sur un mur. Un carreau est fissuré.

- Salut ! Me lance Nathan en surgissant derrière un placard. Qu'est-ce que tu en penses ?

- Ouah. Je... euh.. c'est très..

- Oui, je sais. Mais c'est bon marché, dit-il en posant un carton par terre.

Je fais quelques pas hésitants à l'intérieur.

- Le plancher n'est pas lisse. Tu vas attraper des échardes.

- Moi, je trouve que cette appartement a de la personnalité.

- Il y a des courants d'air. Je les sens.

- On est en février. La température va monter d'ici un ou deux mois.

Je regarde par la fenêtre.

- Tu crois que les rues sont sûres par ici ?

- Sans doute pas. D'un autre côté, je n'ai pas grand chose à me faire voler.

Il n'a pas de meubles. Rien pour s'asseoir. Je l'aide à déplacer des affaires.

- En effet, tu manques un peu de tout.

- Les biens matériels, moi, ça m'intéresse pas, plaisante-t-il.

- Ce n'est pas plus mal.

- Tu veux une tasse de thé ?

J'accepte son offre. Nathan déniche une théière dans on bazar et la remplit d'eau. Je l'observe. Il a changé : il paraît plus vieux et en meilleure santé.

Autre différence de taille : il a coupé ses cheveux et cessé de les teindre. Il les a laissé au naturel.

On sirote notre thé. Assise sur un carton, ma tasse à la main, je lui demande :

- Où est Kirsten ? J'ai cru comprendre qu'elle emménageait de suite.

- Elle est partie récupérer un lit chez sa mère.

Je hoche la tête.

- Comment ça va, vous deux ?

- Bien. Elle est super contente qu'on emménagé ensemble.

- C'était... son idée ?

- On n'a pas vraiment le choix. C'est elle qui a signé le bail.

- Oh.

- Je suis confiant, ça va bien se passer. (Il se penche au-dessus d'un carton et en sort de la vaisselle dégoûtante.) Je sais ça doit te faire bizarre. Mais, à mon avis, elle va te plaire. Elle a bon fond.

- Oui... (Ma voix s'éteint. Je contemple le petit studio miteux.) Je vous souhaite bonne chance. Habiter avec quelqu'un, ce n'est pas facile.

Nathan fronce les sourcils.

- Tu dis ça comme si on allait plus se revoir, toi et moi.

- Ça ne dérangera pas Kirsten si on continue de traîner ensemble ?

Il hausse les épaules.

- Non, pourquoi ?

- Ben.. parce qu'on a couché ensemble ? Parce que je suis ton ex ?

- Ouais, peut-être.

- Elle est au courant, non ?

- Bien sûr. Mais elle a aussi conscience que toi et moi...

- Toi et moi, quoi ?

- Qu'on comptera toujours l'un pour l'autre. Depuis qu'on s'est rencontré, qu'on a appris à se connaître, on a ce lien qui nous unis... on est passé par les mêmes choses, tous les deux.

Je bois une gorgée de thé.

- Et j'espère qu'on va le garder, continue-t-il. J'espère qu'on va rester amis.

- Je déteste cette expression "rester amis".

- D'accord. Reconnais quand même qu'on a une relation un peu à part, non ? On est des camarades. On a "fait la guerre" tous les deux.

Je ne réponds pas. Il a raison. Je ne veux pas l'admettre. Mais je sais qu'il a raison.