Addiction [TERMINÉE]

Deuxième partie

Chapitre 1

Ma mère patiente dans l'embouteillage du matin devant mon lycée. Je suis assise à côté d'elle avec mon sac de cours sur les genoux. Je contemple l'herbe verte, l'escalier en pierre, la porte d'entrée. Je n'en croit pas mes yeux. Je suis de retour au lycée Evergreen.

- Tu n'as rien oublié ? Me demande maman.

- Je ne pense pas.

Je sors de la voiture, mon sac reposant sur mon épaule droite. J'ai opté pour la tenue de janvier la plus neutre et ennuyante possible : un jean skinny, un pull blanc et des converses noires. J'ai fais un chignon avec mes cheveux. J'ai mis une fine couche de mascara et d'eye liner.

Je traverse la pelouse en traînant les pieds, tête basse. Mon sac est plein à craquer de manuels scolaires. Je le remonte sur mon épaule. J'ai une tonne de travail à rattraper. Ça m'énerve.

Tous les adultes ont officiellement accepté de donner une seconde chance à Kaylee Williams.

J'atteins le bâtiment principal. Je ne peux pas m'empêcher de guetter l'attitude des gens autour de moi. Est-ce qu'on me regarde ? Est-ce qu'on parle de moi ? Y a-t-il des élèves qui se figent sur mon passage ?
Non. Pas vraiment.

En revanche, dans la salle de classe, c'est différent. À l'instant où je franchis le seuil, je sens tous les yeux se braquer sur moi. Je me faufile au milieu de mes camarades qui me dévisagent pour m'installer à ma place habituelle, au dernier rang. À coté d'un garçon que je ne connais pas. Je ne l'ai jamais vu, auparavant. Il doit être nouveau, qui sait. Il a l'air du genre à ne pas beaucoup lever le nez. Comme ça, on sera deux.

Je plonge ma main au fond de mon sac pour prendre le nouvel agenda que maman m'a acheté. Elle a laissé une note dessus :

Ma chère Kaylee,
Nouvelle année, nouveau départ.
Je t'aime, Maman.

J'encadre la note au crayon. Je commence à tracer des carrés à côté. Je me fais toute petite.

Soudain, une grosse voix s'élève derrière moi :

- Kaylee Williams ?! C'est toi ?!

Tara Peterson, une des filles les plus graves du lycée, se plante à côté de ma chaise.

- Oui, c'est moi.

- Tu as été malade ? Tu étais passée où ?

Je lui lance un regard qui veut dire : "Pitié, mêle-toi de tes affaires et fiche-moi la paix." Mais les gens comme Tara ne comprennent pas les allusion subtiles.

- T'as eu la mono ? Insiste-t-elle.

- Non.

- Alors t'étais où ?

Je soupire.

- J'étais..

Les autres me scrutent maintenant. Ils attendent ma réponse. Même le garçon discret, à côté de moi, s'est tourné pour écouter la conversation.

- J'ai eu un problème personnel.

- Oh mon dieu ! S'égosille-t-elle. Quelqu'un est mort ?

- Non, personne n'est mort.

- Quand même, il a dû se passé un truc horrible. On ne t'a pas vue pendant des mois.

- Bien ! Regagnez vos places, lance Mme Wagner, notre prof.

Sauvée par le gong.